Résumés
Résumé
Cet article appréhende la constitution de l’éthos intime dans les journaux personnels en prenant la pleine mesure de ce que Michel Foucault a appelé les « techniques / technologies du rapport à soi », ou « la pragmatique de soi ». Son attention se porte sur les pratiques réelles de l’écriture du journal, engageant le corps du diariste, comme le montrent les Journaux intimes que Benjamin Constant a tenus entre 1804 et 1816. En revenant aux manuscrits et en s’appuyant sur les énoncés métadiaristiques, on observe ces pratiques à travers l’engagement de trois parties du corps : la jambe, liée à la mobilité du cahier, en tension avec une quête de stabilité et de continuité ; la main qui trace les signes, soumise à l’alphabet et s’en libérant ; l’oeil qui lit, ouvrant un regard panoramique et réflexif sur les faits consignés dans le journal. Trois parties qui mettent en relief le rôle de la technique du rapport à soi chez Constant dans la constitution d’un éthos spécifique.
Abstract
This article looks at the constitution of the intimate ethos in diaries, taking full account of what Michel Foucault called the “techniques/technologies of the relation to the self,” or “the pragmatics of the self.” Its focus is on the actual practices of diary writing, involving the diarist’s body, as shown in the Journaux intimes kept by Benjamin Constant between 1804 and 1816. Returning to the manuscripts and relying on metadiaristic statements, we observe these practices through the engagement of three parts of the body: the leg, linked to the mobility of the notebook, in tension with a quest for stability and continuity; the hand that traces the signs, subject to the alphabet and freeing itself from it; the eye that reads, opening a panoramic and reflexive gaze on the facts recorded in the diary. Three parts that highlight the role of Constant’s technique of self-relation in the constitution of a specific ethos.