Résumés
Résumé
Cet article mobilise « l’imaginaire de la dette » comme concept d’analyse économique des oeuvres littéraires. Il s’appuie sur les travaux de l’anthropologue David Graeber, du sociologue Maurizio Lazzarato et, de façon métaphorique, sur un mot d’esprit rapporté par Sigmund Freud. Il défend l’idée selon laquelle l’imaginaire de la dette se configure dans les oeuvres sous le signe de l’ambivalence entre divers régimes de dette (communiste, hiérarchique et d’échange, selon Graeber). Les sujets en dette peinent à s’orienter entre ces régimes qui comportent leur propre morale, leur propre narratif et leur propre grammaire d’interactions. Pour illustrer l’embrayage de ces régimes, Le Survenant (1945) de Germaine Guèvremont fait ici l’objet d’une lecture attentive qui permet de voir à l’oeuvre le conflit entre le régime communiste des obligations et le régime d’échange des dettes.
Abstract
This article mobilizes the “imaginary of debt” as a concept for the economic analysis of literary works. This concept rests on the works of the anthropologist David Graeber, the sociologist Maurizio Lazzarato and, in a metaphorical way, on a joke introduced by Sigmund Freud. The article defends the idea that the imaginary of debt is configured in texts under the sign of ambivalence between various regimes of debt (communist, hierarchical and exchange, as per Graeber). The subjects in debt struggle to orient themselves between these regimes which have their own morals, their own narratives and their own grammar of interactions. To illustrate the shift between these regimes, Germaine Guèvremont’s Le Survenant (1945) is subjected to a close reading that allows to see the conflict between the communist regime of obligations and the exchange regime of debts at work.