Résumés
Résumé
L’économie évacue souvent de son domaine la portée des sentiments, des émotions, et de la dépendance au sein des relations humaines. Toutefois, dans La curée de Zola, les spéculations d’Aristide Saccard font bon usage des sentiments de sa femme Renée pour son beau-fils, Maxime Saccard. Au coeur de ce roman, flux monétaire et circulation matrimoniale soulignent à quel point le capitalisme en marche fait peu de cas des prohibitions symboliques. En laissant sa femme jouir du présent et de son amour incestueux, Aristide s’octroie le pouvoir de jouir de l’avenir en augmentant son capital. La curée nous offre à lire une spéculation toute privée, à l’intérieur de laquelle la représentation des femmes est associée à la monnaie, en tant qu’elles sont objet d’échange doté d’une valeur économique. Cet article saisit, dans ce roman, les modalités d’une économie de la jouissance qui s’articule autour d’un système de parenté et de légalité dévoyé qui ne craint pas d’absorber tout type d’échange (corps, biens inaliénables, désir interdit), ainsi que les modalités d’une mobilité des femmes qui ne se réduit pas à la circulation mondaine.
Abstract
Economics often overlooks the impact of feelings, emotions, and dependence within human relationships. However, in Zola’s La curée, Aristide Saccard’s speculations make good use of his wife Renée’s feelings for her stepson, Maxime Saccard. At the heart of this novel, monetary flow and matrimonial circulation underline the extent to which capitalism in motion pays little heed to symbolic prohibitions. By letting his wife enjoy the present and her incestuous love, Aristide grants himself the power to enjoy the future by increasing his capital. La curée gives us to read a very private speculation, one in which the representation of women is associated with money, insofar as they are an object of exchange with economic value. This article grasps, in this novel, the modalities of an economy of enjoyment articulated around a corrupt system of kinship and legality which is not afraid of absorbing any type of exchange (bodies, inalienable goods, forbidden desire), as well as the modalities of a women’s mobility not reduced to the circulation in fashionable society.