Résumés
Résumé
La fiction sentimentale de grande consommation fait du mariage l’objectif ultime des personnages ainsi qu’un idéal à atteindre, mais en esquive la représentation. À l’opposé, la prose narrative des femmes des années 1950 accorde une place importante à la conjugalité malheureuse. Tout en reprenant certains codes de l’imaginaire sentimental, leur fiction regorge de couples mal mariés, voire haineux, et montre sans relâche les effets dévastateurs de cette relation entre époux. Nous remontons aux racines de cette crise conjugale en étudiant le motif de la nuit de noces. Moment traumatique pour les personnages féminins, la nuit de noces se révèle dans plusieurs textes de cette décennie charnière comme la cause de violences conjugales. En analysant « La portion congrue » (1958) de Claire Martin, Isabelle de Frêneuse (1950) de Charlotte Savary, et Cet ailleurs qui respire (1954) de Reine Malouin, nous montrons comment la nuit de noces mène souvent à l’anéantissement des femmes et donne à voir les inégalités générées par la quête amoureuse. Représenté pour être critiqué, ce motif constitue une porte d’entrée vers la dénonciation littéraire des violences sexuelles.
Abstract
Popular sentimental fiction makes marriage the ultimate goal of the characters and an ideal to be achieved, but sidesteps its representation. In contrast, women’s narrative prose of the 1950s gives an important place to conjugal misery. While integrating traditional sentimental codes, their fiction is replete with mismatched, even hateful, couples and shows relentlessly the devastating effects of this relation between spouses. We get to the roots of this marital crisis by studying the motif of the wedding night. A traumatic moment for the female characters, the wedding night is revealed in several texts to be the cause of conjugal violences. Analyzing Claire Martin’s “La Portion congrue” (1958), Charlotte Savary’s Isabelle de Frêneuse (1950) and Reine Malouin’s Cet ailleurs qui respire (1954), we show how the wedding night often leads to the annihilation of women and brings to light the inequalities generated by the quest for love. Represented to be criticized, this motif constitutes a gateway to the literary denunciation of sexual violences.