Résumés
Résumé
L’étude s’intéresse aux ruines dans le roman 14 de Jean Echenoz (Minuit, 2012). Quels vestiges la Grande Guerre laisse-t-elle dans l’oeuvre singulière de l’écrivain ? Si la ruine des Lumières ou du romantisme se présentait sur un mode élégiaque, noble et sublime, elle ne possède plus aujourd’hui le lustre triomphant des siècles passés. On verra comment, dans 14, elle se place résolument sous le signe du prosaïque, du minuscule, voire du rebut. On analysera ainsi le sens et les modalités de cet effritement mémoriel qui se double malgré tout d’un retour de « survivances », au sens où l’entendait Abby Warburg. Au-delà de 14, nous montrerons que ce motif innerve toute l’oeuvre de l’écrivain, symptôme d’une condition socio-économique et reflet d’une réflexion ontologique. La ruine constitue en ce sens un paradigme heuristique extrêmement fécond.
Abstract
The present study will focus on the ruins in Jean Echenoz’s novel 14 (Minuit, 2012). What vestiges does the Great War leave in the writer’s singular work ? If ruins of the Enlightenment or Romanticism offered themselves as elegiac, noble and sublime, they no longer possess the triumphant luster of past centuries. We will see how, in 14, they are placed under the sign of the prosaic, the tiny, even the refuse. We will thus analyze the meaning and the modalities of this decay of memory, which is nonetheless shadowed by a return of modes of “survival” (Nachleben), such as they have been theorized by Abby Warburg. Beyond 14, we will observe how this motif innervates the writer’s entire work, as the symptom of a socio-economic condition and as the reflection of an ontological thought. Thus understood, ruins constitute an extremely fruitful heuristic paradigm.