Résumés
Résumé
Comment « l’aventure punk » française a-t-elle été écrite ? Quel en fut le récit « littéraire » ? Par quels mots s’est-elle dite ? Jean-François Bizot, Patrice Eudeline, Kriss Vilà et Yves Adrien ont relaté avec éclat les avatars de ces « années blanches », 1976-1980. Entre témoignage, manifeste, roman-photos et fiction fantastique, leurs récits rendent compte de la brisure punk : débâcle de l’utopisme des années 1960, présent effondré, horizon sans lendemain. Les protagonistes de leurs récits traversent le vaste champ des désillusions des années 1970 et 1980. Inaptes ou indifférents au recyclage néolibéral qui s’amorce, ils « survivent » comme ils peuvent, confrontés à deux écueils : leur marginalisation inutile, la récupération marchande du néant. Sursaut brutal, déchéance morbide. « Sur la route de la déperdition et de la rédemption » (Bizot), une écriture s’invente. Entre dérision et tragique, elle exhibe les impasses de ces années-là. Écriture d’une blank generation relatant les « ultimes convulsions » de révoltes moribondes ; écriture extrême butant sur les impasses du moment. Nous relirons ces récits qui se construisent sur les vides ou les failles de ce qu’on appelle la modernité libérale-libertaire. Récits certes isolés, mais qui, témoignant d’un impossible retour « à la normale », se tiennent de manière exemplaire sur la limite désolée de cette époque – le long après-68, époque qui ne cesse de hanter notre présent.
Abstract
How was the French “punk adventure” written? What was its “literary” writing? What words expressed it? Jean-François Bizot, Patrice Eudeline, Kriss Vilà and Yves Adrien vividly portray the avatars of these “blank years” 1976-1980. Through witness accounts, manifestos, photo-novels and fantastic fiction, their writings show the breakdown of punk: the fiasco of the 60s’ Utopianism, a shattered present, horizon of no tomorrow. The protagonists of their works stalk the vast terrain of ‘60s and ‘80s disillusions. Powerless or indifferent to the recurring Neoliberalism, they “survive” as they can, facing two hurdles: their futile marginalization, and the reversion to hollow commercialism. Brutal awakening, morbid forfeiture. “Sur la route de la déperdition et de la rédemption” (“On the road of loss and redemption”) (Bizot), a form of writing emerged. Amid derision and tragedy, it describes the impasses of those years. The writing of a blank generation depicting the “ultimate convulsions” of moribund revolts; extreme writing smacking into blockades. We reread these writings built on the faults and failures of so-called Liberal-Libertarian modernity. Starkly isolated writings that nonetheless show an impossible return “to normal” and in exemplary manner the sorry limitations of this era: the long post-68, a time that haunts our present still.