Volume 54, numéro 1, 2018 Écritures de la contestation. La littérature des années 68 Sous la direction de Jean-François Hamel et Julien Lefort-Favreau
Sommaire (9 articles)
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Présentation
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Politiques de l’écriture et régimes du collectif dans les avant-gardes littéraires en mai-juin 1968
Boris Gobille
p. 13–36
RésuméFR :
Cet article explore l’impact de Mai-Juin 68 sur les avant-gardes littéraires françaises. La contestation paraît conforter les écrivains d’avant-garde dans leurs aspirations révolutionnaires. Mais elle les défie tout autant. Ils se doivent de descendre dans l’arène et de former des collectifs. Les politiques de la littérature avant-gardistes, du moins celles qui font reposer la révolution sociale sur une révolution dans le langage armée par le savoir théorique le plus avancé, sont contestées par la prise de parole généralisée, égalitaire, anonyme et profane. Comment les avant-gardes affrontent-elles ce défi ? Trois positions sont examinées. Tel Quel, hostile au mouvement étudiant, intervient comme groupe déjà constitué et réaffirme la coupure entre théoriciens spécialisés et profanes spontanéistes. À l’inverse, le Comité d’action étudiants-écrivains, formé le 18 mai 1968 dans la Sorbonne occupée, s’aligne sur la matrice symbolique de Mai, prône la fusion dans le mouvement révolutionnaire et la rupture avec les privilèges de l’écrivain, et bâtit un « communisme d’écriture » fondé sur l’anonymat et l’impersonnalité. Enfin, l’Union des écrivains, née elle aussi durant les événements, conteste « l’ordre littéraire établi » et interroge les rapports entre l’écriture littéraire et « l’écriture généralisée » de Mai. Elle construit en outre une action collective de type syndical qui, parce qu’elle pose que l’écrivain est un « travailleur » dont il faut empêcher la « mort sociale », rompt avec les mythologies littéraires présentant l’auteur comme un créateur éthéré et solitaire. Le régime de communauté politique propre à Mai-Juin 68 télescope donc le régime de singularité littéraire et contraint les avant-gardes à repenser à la fois leurs politiques de l’écriture et leurs conceptions du collectif. Cet article, qui souhaite contribuer à l’étude des rapports entre champ littéraire et événement critique, interroge enfin ce qu’il advient de ces remaniements dans l’immédiat après-Mai.
EN :
This article explores the impact of May-June 68 on the French literary avant-garde. The protests appeared to bolster the revolutionary aspirations of the avant-garde writers, yet proved as much a defeat for them. They had to enter the arena and establish collectives. The politics of avant-garde literature, at least that basing social revolt on a theory-driven language revolution, was countered by the generalized, egalitarian, anonymous, everyday utterance. How did the avant-garde confront this challenge? Three positions are examined. Tel Quel, hostile to the student movement, entered as an already formed group exemplifying the breach between specialized theoreticians and common spontaneists. On the other side, the Comité d’action étudiants-écrivains, established on May 18, 1968 at occupied Sorbonne, aligned with the symbolic matrix of May, advocating merger with the revolutionary movement and breaking with writer privileges to conceive a “writing communism” based on anonymity and impersonality. Lastly, the Union des écrivains, also born during the events, contested the “established literary order” and questioned the relationships between literary writing and the “generalized writing” of May. It also generated a collective union-type action heralding the writer as a “worker” whose “social death” must be prevented and breaking with the literary mythologies that portray the author as an ethereal solitary creator. In challenging the literary singularity, the May-June 68 political community forced the avant-garde to rethink its politics of literature and conceptions of the collective. This article looks at the relationships between literary field and critical event, examining the reshapings that occurred in the immediate post-May period.
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Le Mai 68 littéraire de François Maspero : l’éditeur comme relais intellectuel
Julien Lefort-Favreau
p. 37–58
RésuméFR :
Si l’importance des éditions François Maspero dans les champs politique et intellectuel a été bien démontrée par de nombreux travaux récents, son apport aux mutations survenues dans les politiques de la littérature autour de Mai 68 mérite d’être mis en lumière. Nous soumettons l’hypothèse que l’action de François Maspero en amont et en aval de 68 participe à une politisation du champ littéraire par l’articulation complexe entre théorie politique et création littéraire que l’on peut observer dans l’ensemble de son catalogue. Nous nous intéressons ici à quatre acceptions de la littérature qui circulent chez Maspero et qui incarnent les différentes facettes d’une inscription conflictuelle de la littérature dans l’espace social représentative de 68. Nous portons d’abord notre attention sur les préfaces que signe Jean-Paul Sartre de deux livres publiés par Maspero : Aden Arabie de Paul Nizan et Les damnés de la terre de Frantz Fanon. Nous analysons ensuite une série d’articles de Georges Perec qui paraît au début des années 1960 dans la revue Partisans. La troisième acception que nous observons est perceptible dans les collections consacrées à la création littéraire chez Maspero, notamment à la poésie en traduction. Finalement, notre analyse porte sur la collection « Théorie » dirigée par Louis Althusser et la réflexion qu’elle déploie sur les tensions entre art et idéologie. L’examen de ces quatre déclinaisons du littéraire montre que Maspero constitue le lieu privilégié d’une prise en charge de paroles subalternes provenant du Tiers-Monde, d’une critique virulente des prescriptions esthétiques du PCF et d’un éloignement des principes de la littérature engagée. Il annonce donc des transformations importantes de 1968 et les pérennise au fil des années 1970.
EN :
While the importance of the publisher Éditions François Maspero in the political and intellectual fields is attested by numerous recent works, its contribution to the changes in the politics of literature surrounding May 68 merits particular attention. We hypothesize that François Maspero’s activity leading up to and after 68 forms part of the literary field’s politicization through the complex articulation between political theory and literary creation evident throughout his catalogue. Our focus here is four acceptations evident at Maspero, which represent different aspects of the conflictual place of literature in the social space of May 68. We first look at the prefaces written by Jean-Paul Sartre in two books published by Maspero: Aden Arabie by Paul Nizan and Les damnés de la terre (The Wretched of the Earth) by Frantz Fanon. We then analyze a series of articles by Georges Perec that appeared in the early 1960s in the journal Partisans. The third acceptation we observe turns up in publications devoted to Maspero’s literary creations, notably poetry in translation. Finally, our analysis examines the “Théorie” series directed by Louis Althusser and its reflections on the tensions between art and ideology. An examination of these four literary variations shows that Maspero took a lead in giving voice to Third World issues, in fiercely criticizing the PCF aesthetic and in distancing from the principles of committed literature, thus presaging the major transformations of 68 continuing into the 1970s.
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Le style de la négation : Guy Debord, les situationnistes et la littérature
Patrick Marcolini
p. 59–76
RésuméFR :
Le nom de Guy Debord reste aujourd’hui associé au souvenir de Mai 68, à la fois comme événement et comme aventure collective. Mai vit en effet l’Internationale situationniste (IS), dont Debord avait été l’un des principaux animateurs, atteindre au sommet de son influence et de son action historiques. Depuis plusieurs années déjà, l’IS, ayant proclamé la mort de l’art et de la littérature, avait en effet déplacé son action du terrain de la culture à celui de la politique, promouvant la lutte contre la société du spectacle et la révolution de la vie quotidienne. Or le nom de Debord évoque aussi une trajectoire inverse, celle d’un homme qui, après avoir été l’une des principales figures de la sédition politique, se retire dans la littérature à partir de la fin des années 1970, et se transforme peu à peu en un mémorialiste au style si fascinant qu’il finira par être considéré comme l’un des écrivains majeurs de la seconde moitié du xxe siècle. Afin d’éclairer les raisons de cet étonnant contraste, dans lequel on a voulu voir un revirement, cet article portera la réflexion en amont et en aval de l’événement 68. En amont, pour observer comment la conviction d’une péremption historique des formes littéraires a pu amener l’IS à refuser de faire oeuvre et de s’inscrire dans le monde des lettres, formulant au contraire le projet d’une énonciation anonyme et collective mêlée à la praxis sociale ; en aval, pour voir comment Debord, ayant précisément abandonné la philosophie de l’histoire sous-jacente à ces conceptions, en est venu à voir dans le retour au littéraire non pas une régression, mais un dernier recours face à ce qu’il appelait « le malheur des temps ».
EN :
Guy Debord’s name remains today associated with memories of May 68, both the event and as collective adventure. May 68 witnessed the Internationale Situationiste (IS) – the Situational International (SI) – with Debord a leader at the peak of his activity and influence. For many years the SI had been proclaiming the death of art and literature, shifting its activity from the realm of culture to that of politics, opposing “The Society of the Spectacle” and promoting grassroots revolt. But the name Debord also evokes an opposite path, that of a man who having once been a foremost figure of political sedition then withdrew into literature in the late 1970s, little by little transitioning into a memorialist so fascinating in style that he is ultimately seen as one of the major writers of the second half of the 20th century. To elucidate the reasons for this astonishing reversal, this article reflects on the before and after of the May 68 events. Upstream, to see how the conviction of an historic preemption of literary forms induced IS to refuse or subscribe to the world of letters, instead formulating an anonymous and collective utterance mixed with social praxis; downstream, to see how Debord, having specifically abandoned the philosophy of history that underpinned these conceptions, came to perceive in the return to the literary not a regression but a final recourse to confront what he termed “the misfortune of the times.”
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« Plus de livre, plus jamais de livre » : espace public et écriture politique d’après Maurice Blanchot et le Comité d’action étudiants-écrivains
Jean-François Hamel
p. 77–96
RésuméFR :
Dans la perspective d’une histoire culturelle des formes et des théories de l’engagement, cet article reconstitue la politique de la littérature défendue par le Comité d’action étudiants-écrivains, de sa fondation en mai 1968 à sa dissolution moins d’un an plus tard, en regard du répertoire des discours et des pratiques de l’agitation culturelle à la disposition des contestataires. Le thème de « l’absence de livre », présent dans l’oeuvre critique de Maurice Blanchot, trouve là une extension politique, voire insurrectionnelle. D’une part, le Comité se porte à la défense d’un espace public oppositionnel, alimenté par la production militante des tracts, des affiches et des bulletins, au sein duquel le livre, emblématique de la culture bourgeoise, apparaît comme un instrument de répression au service du pouvoir. D’autre part, au nom d’une exigence radicale de pluralité, et conformément à l’esprit antiautoritaire des événements, le Comité conteste la littérature comme discours d’exception et refuse le prestige symbolique rattaché au statut d’écrivain, rejetant ainsi l’idée même d’une oeuvre d’art révolutionnaire. D’où le paradoxe d’un Comité d’action constitué d’écrivains qui, pendant plusieurs mois, par fidélité au soulèvement, prend la décision de littéralement faire grève de la littérature.
EN :
In the context of a cultural history of forms and theories of commitment, this article reconstitutes the politics of the literature defended by the Comité d’action étudiants-écrivains, from its founding in May 1968 to its dissolution less than a year later, focusing on the participants’ discourses and cultural agitation practices. The theme “Absence of the Book” present in Maurice Blanchot’s critical work exemplified a political, even insurrectional, extension. On the one hand, the Comité came to the defence of an oppositional public space fomented by the militant production of tracts, posters and newsletters, and wherein the book, emblematic of bourgeois culture, appeared as a repressive instrument in the service of power. On the other hand, touting a radical demand for plurality and attuned to the anti-authoritarian spirit of events, the Comité disputed literature as a discourse of exclusion and refused the symbolic prestige attached to the status of writer, thereby rejecting the very notion of a revolutionary work of art. Whence the paradox of a Comité d’action made up of writers who, over the course of several months through their loyalty to the uprisings, made the decision to literally be on strike against literature.
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À l’envers et l’endroit de mai 1968 : les théâtres de Gatti et de Vinaver
Catherine Brun
p. 97–115
RésuméFR :
À partir de l’examen de deux entreprises théâtrales en prise directe avec les bouleversements de Mai, celles des dramaturges français Armand Gatti et Michel Vinaver en 1968-1969, est examinée la manière dont les événements de 1968 et le théâtre tel qu’il peut (ou ne peut pas) se faire à ce moment, non seulement infléchissent la trajectoire des oeuvres, mais obligent à situer les pièces créées et l’acte de création même face au système tel qu’il ne cesse de renaître de ses cendres. Tandis que l’un (Gatti), interdit de représentation au Théâtre National Populaire, s’éloigne toujours davantage des lieux où le théâtre institué se fait et promeut de nouvelles modalités d’écriture (une « écriture avec » des hommes et des femmes réels, un théâtre portatif, en quête de formulations inédites), l’autre (Vinaver) y fait retour. Opérant la jonction entre ses activités professionnelles à la direction d’une entreprise multinationale et ses activités créatrices, il renonce à dissocier la libération (physiologique, psychique, politique, économique) du recyclage et prétend opposer aux spectres de l’absorption généralisée un objet dramatique insoluble. Ce sont ainsi les contradictions de Mai 68 qui sont révélées, en même temps que celles des créateurs : quelle(s) place(s) pour le pouvoir ? pour la création ? quelle efficace ? quels recyclages annoncés ? quelles réponses esthétiques (possibles, durables) aux menaces de récupération ?
EN :
Taking two theatre companies closely linked to the May 68 uprisings, those of French playwrights Armand Gatti and Michel Vinaver in 1968-1969, we examine how the events of May 68 and the theatre (whether or not it could perform at this time) not only affected the trajectory of these works, but also the plays created and the act of creation itself, beset with a system relentlessly rising from its ashes. One of these playwrights (Gatti) forbade performances at the Théâtre National Populaire, moving away from the established venues, fostering new modes of writing (“writing with” real men and women, a mobile innovative theatre), while the other (Vinaver) ultimately returned to the system. Juggling his professional activities at the head of a multinational organization with his creative activities, Vinaver stopped dissociating liberation (physiological, psychic, political, economic) from recycling, letting generalized absorption vie with the insoluble dramatic object. Thus emerge the contradictions of May 1968 and those of the creators: what place(s) for power? for creativity? what means? what potential recyclings? what aesthetic responses (possible, sustainable) to the threats of recuperation?
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« Ce qui est à écrire violence » : montage et dialectique dans Les guérillères de Monique Wittig
Iraïs Landry et Louis-Thomas Leguerrier
p. 117–134
RésuméFR :
Dans cet article nous explorons l’idée que le roman Les guérillères de Monique Wittig, publié un an après mai 68, représente cet événement de manière indirecte, sinon implicite. C’est à travers la structure narrative de l’oeuvre, le montage romanesque, que s’opère la dialectisation de deux problématiques qui se cristallisent lorsque les ouvriers en grève se joignent aux étudiants au mois de mai 1968 : d’une part, celle de la fragmentation sociale, et, d’autre part, celle de l’autorité. La violence que l’écrivaine fait subir aux catégories langagières dans son oeuvre théorique comme fictionnelle se voit contrebalancée dans Les guérillères par la mise en scène (au sens brechtien du terme) des différents cycles d’une vie commune réellement libre. Plus largement, nous montrons que c’est la question du sujet qui est mise à l’honneur chez la féministe radicale : entre un structuralisme triomphant et un humanisme qui fait retour, entre le caractère actuel de la littérature engagée et le formalisme revendicateur du Nouveau roman, l’oeuvre de Wittig se positionne comme le troisième terme dialectique grâce auquel la réification d’une série d’oppositions est désignée comme « l’ennemi principal » du sujet humain collectif.
EN :
In this article we explore the idea that the novel Les guérillères by Monique Wittig, published one year after May 68, depicts this event indirectly, if not implicitly. Through the work’s narrative structure, the novel’s structure enables the dialectization of two problems that crystalize when the striking workers join with students in the month of May 1968: on the one hand, social fragmentation, and on the other, authority. The violence that the author subjects to the language categories in her quasi-theoretical fiction is counterbalanced in Les guérillères by the staging (in the Brechtian sense of the term) of different cycles of a truly free commune life. More broadly, we show that the question of subject is highlighted with the radical feminist: straddled between a triumphant structuralism and a humanism that returns, between the nature of committed literature and the demanding formalism of the New Novel, Wittig’s work positions as the dialectic third term whereby the reification of a series of oppositions is designated as the “principal enemy” of the collective human subject.
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Novölittérature… à la brisure des années 1970
Olivier Penot-Lacassagne
p. 135–152
RésuméFR :
Comment « l’aventure punk » française a-t-elle été écrite ? Quel en fut le récit « littéraire » ? Par quels mots s’est-elle dite ? Jean-François Bizot, Patrice Eudeline, Kriss Vilà et Yves Adrien ont relaté avec éclat les avatars de ces « années blanches », 1976-1980. Entre témoignage, manifeste, roman-photos et fiction fantastique, leurs récits rendent compte de la brisure punk : débâcle de l’utopisme des années 1960, présent effondré, horizon sans lendemain. Les protagonistes de leurs récits traversent le vaste champ des désillusions des années 1970 et 1980. Inaptes ou indifférents au recyclage néolibéral qui s’amorce, ils « survivent » comme ils peuvent, confrontés à deux écueils : leur marginalisation inutile, la récupération marchande du néant. Sursaut brutal, déchéance morbide. « Sur la route de la déperdition et de la rédemption » (Bizot), une écriture s’invente. Entre dérision et tragique, elle exhibe les impasses de ces années-là. Écriture d’une blank generation relatant les « ultimes convulsions » de révoltes moribondes ; écriture extrême butant sur les impasses du moment. Nous relirons ces récits qui se construisent sur les vides ou les failles de ce qu’on appelle la modernité libérale-libertaire. Récits certes isolés, mais qui, témoignant d’un impossible retour « à la normale », se tiennent de manière exemplaire sur la limite désolée de cette époque – le long après-68, époque qui ne cesse de hanter notre présent.
EN :
How was the French “punk adventure” written? What was its “literary” writing? What words expressed it? Jean-François Bizot, Patrice Eudeline, Kriss Vilà and Yves Adrien vividly portray the avatars of these “blank years” 1976-1980. Through witness accounts, manifestos, photo-novels and fantastic fiction, their writings show the breakdown of punk: the fiasco of the 60s’ Utopianism, a shattered present, horizon of no tomorrow. The protagonists of their works stalk the vast terrain of ‘60s and ‘80s disillusions. Powerless or indifferent to the recurring Neoliberalism, they “survive” as they can, facing two hurdles: their futile marginalization, and the reversion to hollow commercialism. Brutal awakening, morbid forfeiture. “Sur la route de la déperdition et de la rédemption” (“On the road of loss and redemption”) (Bizot), a form of writing emerged. Amid derision and tragedy, it describes the impasses of those years. The writing of a blank generation depicting the “ultimate convulsions” of moribund revolts; extreme writing smacking into blockades. We reread these writings built on the faults and failures of so-called Liberal-Libertarian modernity. Starkly isolated writings that nonetheless show an impossible return “to normal” and in exemplary manner the sorry limitations of this era: the long post-68, a time that haunts our present still.