Résumés
Résumé
René Ghil s’est très tôt positionné comme disciple de Mallarmé à partir d’une audition unique de L’après-midi d’un faune dans le cadre d’une lecture publique de 1884. À partir de cette « mésécoute » inaugurale de Mallarmé et des connaissances partielles qui étaient les siennes, il entreprendrait le développement d’une conception matérialiste et « réaliste » de la sonorité vocale, médiatisée par une référence à l’impressionnisme. Suivant en ce sens plutôt les gloses au poème de Huysmans et de Mendès, l’errance théorique de Ghil ferait craquer l’armature à quatre mains du Traité du verbe (1886), et ce, puisque l’« Avant-dire » donné par Mallarmé à l’opuscule inverse plutôt point par point l’art vocal trans-esthétique du disciple, en le déplaçant sur le terrain linguistique et poétique. On lira donc dans le Traité du verbe un double « double état » de la parole : celui de Ghil qui oppose l’écriture silencieuse à la voix musicalement sonore, et celui de Mallarmé qui institue un distinguo entre modes énonciatifs et genres de discours pour valoriser la « notion pure » portée par la voix musicale et suggestive « idéelle » du poème.
Abstract
René Ghil declared himself early on as a Mallarmé’s disciple after hearing L’après-midi d’un faune read in public at a 1884 conference. A fatal “mishearing” of Mallarmé ensued. From the partial knowledge he had of his Master’s poetics, Ghil would develop a materialist conception of voice and sound which he would mediate through emerging theories of literary impressionism. Thus, his initial understanding of Mallarmé owes more to Huysmans’ and Mendès’ interpretations. Ghil’s theoric wandering would eventually shatter his Traité du verbe (1886): the famous “Avant-dire” given to the opus by Mallarmé in fact contradicts each point of the disciple’s trans-aesthetic vocal art and displaces the argument towards a more linguistic and poetic field. One must read in the Traité du verbe a double “double state” of speech: Ghil’s, which opposes silent writing to the musical voice, and Mallarmé’s, which distinguishes fields of discourses in favour of the “pure notion” − the Ideal musical and suggestive voice of the poem.