Résumés
Résumé
Qu’y a-t-il de commun entre l’étonnante spéculation qui accompagne, chez Genet, la rencontre des tableaux de Rembrandt, et la vision, non moins surprenante, de la Convention démocrate à Chicago qu’il décrit, en 1968, dans « Les membres de l’Assemblée » ? Qu’y a-t-il de commun entre un regard et un autre ? Tout d’abord la différence qui les sépare, mais qui, en même temps, les rapproche et les réunit sur une même ligne directrice, qui va de la vision d’un autre homme, lors d’un voyage en train, où rien n’est aussi visible que le fait que tout homme est identique à tous les autres, à la vision de l’ennemi politique que Genet se voit devenir à travers le regard d’un policier. Au moment d’arriver en Amérique, ce n’est donc pas sans raison que l’écrivain semble se désintéresser, ou plutôt se laisser distraire, de la Convention démocrate, pour mieux détailler le corps de la police de Chicago. Sur cette ligne qui va de la rencontre dans le train, rapportée dans le texte sur Rembrandt, au regard du policier, c’est tout le passage au politique qui est bel et bien lisible. Passage de la vision du même à l’autre regard, de la rencontre mélancolique, avec une identité unique, annulant toute identité, à la reconnaissance, plutôt joyeuse, des rivalités politiques.
Abstract
Where is the common ground between Genet’s astonishing speculation on Rembrandt’s paintings and his equally astonishing view of the 1968 Democratic National Convention in Chicago, as described in “The Members of the Assembly.” How do these perspectives converge? First off, there’s the difference that separates them, while at the same time pulling them together and uniting them on a common course: from the train trip where nothing is seen but the other man and all men are seen as the same, to Genet’s self-seeing as the political enemy he becomes in the eye of the police. Upon his arrival in America, the writer’s would-be interest declined, or at least diverted, from the Democratic Convention to zero in on the Chicago police. Beginning from the train encounter, as reported in his text on Rembrandt, to the police force’s “regard,” we perceive the full passage to the political, so eminently readable. It’s a passage from self-identity to the other’s “regard,” from the melancholy to one identity that cancels all identities, to the joyous recognition of political rivalries.