Volume 50, numéro 3, 2014 Volume jubilaire Sous la direction de Francis Gingras
Sommaire (6 articles)
Présentation
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Faire la littérature. La réception des textes et des auteurs québécois à la revue Études françaises (1965-2014)
Martine-Emmanuelle Lapointe
p. 17–36
RésuméFR :
À partir des principes énoncés par Georges-André Vachon en 1970 et 1965, cet article retrace la place centrale de la littérature québécoise à la revue Études françaises tout au long de ses cinquante ans d’existence. Véritable « baromètre » de l’institutionnalisation de cette littérature, le traitement qu’en propose la revue évolue, par déplacements successifs, d’une position d’intervention et de défense de la littérature québécoise en train de se faire dans les années 1970, à une intégration de ses textes aux diverses questions critiques et théoriques étudiées à la revue, dans une approche éventuellement comparative, dès les années 1980. En témoigne tout particulièrement la réception de certaines oeuvres canoniques, parmi lesquelles celles de Saint-Denys Garneau dont la réévaluation s’amorce à Études françaises, et de Réjean Ducharme dont la relecture, dès 1975, participe à la classicisation rapide qui la caractérise.
EN :
Drawing on the principles advanced by Georges-André Vachon in 1970 and 1965, this article retraces the central place accorded Québec literature by the journal Études françaises throughout its fifty years of existence. A veritable “barometer” of the institutionalization of this literature, the journal’s focus evolved successively from a position of promoting and defending the Quebec literature that was blossoming in the 1960s, to the integration of its texts within a wide range of critical and theoretical questions being examined in the journal, to an ultimately comparative approach starting in the 1980s. Witness especially the reception of certain canonical works, including those of Saint-Denys Garneau whose revaluation began in Études françaises, and of Réjean Ducharme whose re-reading since 1975 joins in the rapid classicizing that characterizes it.
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« L’épreuve de la lecture publique » : Études françaises, la disciplinarisation du savoir et l’idéal du critique-écrivain
Michel Lacroix
p. 39–80
RésuméFR :
Cet article se penche sur le projet fondateur de la revue Études françaises et l’esprit qui en a marqué les premières décennies en montrant, en premier lieu, comment la création de celle-ci s’inscrit dans une transformation marquée de l’Université de Montréal, qui impose le primat de la recherche et des divisions disciplinaires. Études françaises se distingue cependant en tentant une conciliation entre le discours savant et la création littéraire, qui s’inscrit dans la foulée de la « nouvelle critique », développe une herméneutique de la confiance et résiste à l’emballement théorique, comme le montre une comparaison avec Études littéraires.
EN :
This article examines the founding premise of the Études françaises journal and the spirit that characterized its early decades, first of all by situating its creation within the exceptional period of transformation at Université de Montréal that secured the primacy of research and the disciplinary divisions. Études françaises stands out, however, in seeking to reconcile scholarly discourse and literary creation, which forms part of the “new criticism,” to develop a hermeneutic of trust and resist theoretical excess, as shown in comparison with Études littéraires.
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Les revues littéraires en ligne : entre éditorialisation et réseaux d’intelligences
Marcello Vitali-Rosati
p. 83–104
RésuméFR :
Cet article propose un état des lieux sur les revues littéraires numériques. Cette tâche pourrait sembler facile si l’on considère que ces expériences existent depuis très peu de temps. Les premières revues en ligne apparaissent, en effet, au début des années 1990. Pourtant, la question est beaucoup plus complexe que ce que l’on pourrait penser, et cela, pour une série de raisons qui seront analysées dans cet article. Il n’est tout d’abord pas évident de s’entendre sur ce que l’on définit par l’expression « revue littéraire numérique ». D’une part car on fait référence, avec le mot « numérique », à une série d’expériences et de pratiques hétérogènes et différentes qui peuvent difficilement être regroupées ensemble. D’autre part parce que ce qu’on appelle désormais la « révolution numérique » a déterminé des changements importants quant au sens des contenus, de leur production, de leur validation et de leur distribution et a par conséquent fortement affecté la signification du mot « revue » lui-même. Il faudra ainsi prendre séparément en considération une série de phénomènes différents et essayer de rendre compte de pratiques hétérogènes qui se chevauchent et empiètent l’une sur l’autre. L’article proposera d’abord une analyse des enjeux de la numérisation des revues, à savoir le processus de transposition des revues papier au format électronique. Il s’attaquera ensuite aux expériences des revues numériques dès leur création pour comprendre s’il y a une différence, et laquelle, entre les premières et les secondes. Pour finir, on tentera de comprendre en quoi le numérique en tant que phénomène culturel — et en particulier les changements de diffusion et de circulation des contenus ainsi que les différentes formes de ce que l’on appelle désormais « éditorialisation » — a transformé l’idée même de revue et donné lieu à des pratiques et à des expériences complexes et hybrides dont la place dans le panorama culturel est difficile à saisir.
EN :
This article presents an overview of digital literary journals. A seemingly easy task given their brief lifetime—the first online journals appeared in the early 1990s—it is, in fact, considerably more complex than one might think for a number of reasons examined here. To begin with, even the definition of « digital literary journal » is not easily agreed upon. On the one hand, we use the word « digital » to refer to various heterogeneous practices that don’t readily group together. On the other hand, what we now call the « digital revolution » has produced major changes in terms of content, production, validation and distribution which greatly impact the meaning of the word « journal » itself. Different phenomena must therefore be considered separately in any attempt to illuminate the disparate practices that overlap and impinge on one another. This article first investigates the challenges facing the digitization of journals, namely the process of transposing paper journals to electronic format. It then surveys the digital journals since their inception to try to understand the different experiences that occurred from one to the other. In conclusion, an attempt is made to understand how the digital as cultural phenomenon—especially amid changes in dissemination and circulation of content and the various forms of so-called « editorializing »—has transformed the very notion of the journal itself and given rise to complex and hybrid practices that may be difficult to situate in the overall cultural vista.
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Éditer des revues savantes : le point de vue des presses universitaires
Benoît Melançon
p. 105–111
RésuméFR :
Si la finalité d’une revue savante est de produire des objets selon des normes relativement stables, il est évident que la version papier des revues est d’ores et déjà obsolète. En revanche, si une revue se conçoit comme un lieu d’animation scientifique, elle a encore de beaux jours devant elle. Les presses universitaires n’ont pas à imposer une façon de faire plus qu’une autre : à chaque revue de définir sa mission et de s’approprier, à son rythme, les outils nécessaires à sa réalisation. Elles peuvent cependant aider les directions de revues à franchir le pas, si ces revues souhaitent le franchir, dans les meilleures conditions possibles, afin de leur permettre de jouer le rôle stimulant d’animateur de communautés savantes qui devrait être, d’abord et avant tout, le leur.
EN :
If the ultimate aim of a scholarly journal is to produce objects that adhere to relatively stable norms, then by all appearances the print journal is already obsolete. But wait ! If a journal is conceived as a forum for scientific activity, it still has some promising days ahead. The university presses need not favour one way over another. Each journal can, in its own good time, define and adopt the tools it needs to achieve its ends. The presses, however, can help provide the right conditions to spur those running the journals on a forward path, to thereby assume the stimulating role that should indeed mark the scholarly communities themselves.
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Relais