Résumés
Résumé
La parution d’une suite de poèmes inédits de Paul-Marie Lapointe est l’occasion de revisiter les grands traits de sa poésie et de la poétique qui en découle. Je suggère ainsi que les « petits poèmes » participent d’une poétique de l’habitation qui traverse l’oeuvre de Lapointe. Il s’agit d’une poétique qui refond le monde par le langage, qui fait figurer une autre logique que celle de la linéarité du discours, et qui se déploie constamment en rapport avec le désir, avec le terrestre, avec l’espace, pour présenter des possibilités plurielles d’habitation du réel. Cette poétique du « vivre », de l’habitation plénière et contradictoire du monde, s’articule dans les « petits poèmes » de trois manières. D’abord, par une poésie qui se fait sous l’emprise d’un érotisme multiforme et généralisé, diffus et foisonnant. Ensuite, par une poésie du terrestre et du présent qui construit l’espace comme domaine de cohabitation et d’interpénétration du désir, des éléments et des espèces, mais aussi comme lieu d’habitation fragile et vulnérable. Finalement, par une poésie qui électrise le rapport entre le langage et le monde, une poésie qui procède à la fois de la mimésis et de la poïesis. La poésie de Lapointe, dans les inédits comme dans l’oeuvre globale, est ainsi ontologie et habitation plutôt que transcendance et représentation : elle est l’espace de vivre même, sous le signe de l’ouverture sémantique et ontologique.
Abstract
The appearance of a series of unpublished poems by Paul-Marie Lapointe is an opportunity for fresh insight into the main themes and resulting influence of his poetry. I suggest here that the “petits poèmes” subscribe to a poetic of habitation that recurs throughout Lapointe’s work, a poetic that renews the world through language, that elicits a logic other than the linearity of discourse, and which aligns consistently with desire, the earth, space, to generate many possibilities of real habitation. This poetic of “living”, a full and contradictory habitation, emerges threefold in the “petits poèmes”. First, through a poetry imbued with a rich and multifoliate eroticism. Then through an elemental poetry close to nature, that creates a shared dwelling, a place of sensuality albeit fragile and vulnerable. Finally, through a poetry that sparks the link between language and the world, that brings mimesis and poïesis together. Lapointe’s poetry, in both his unpublished and general body of work, is thus ontology and habitation rather than transcendence and representation: it is the living space itself, distinctly semantic and ontological.