Résumés
Résumé
Albertine Sarrazin apparaît bel et bien comme une « exception française », un « hapax sociologique ». Engagée jusqu’au cou « dans une révolte individuelle que grâce à son talent, son intelligence, sa sensibilité, elle saura […] transmuer en littérature », cette reprise de justice a vendu des best-sellers : trois textes publiés chez Pauvert en 1965 et 1966 — deux écrits de prison, L’astragale et La cavale, puis La traversière. Dans les années 1960, cet écrivain ne s’est pas placé en dilettante entre le nouveau roman en pleine ascension et le roman réaliste ou psychologique dont la double tradition continue à s’imposer. Les moyens de son écriture sont d’abord ceux d’une motivation essentiellement venue de l’intérieur, contre un univers extérieur dont elle est bannie. La réclusion est d’abord constitutive de son écriture et c’est cet aspect, trop peu retenu par la critique de ses oeuvres ces dernières années, que cet article vise à examiner. Car cette écriture concerne avant tout un corps dont « l’âme » résiste en tentant d’échapper à l’autorité qui s’exerce sur lui par une punition qui en toute violence le prive de liberté.
Abstract
Albertine Sarrazin indeed appears as a “French exception,” a “sociological hapax.” Fully committed “in an individual revolt that because of her talent, her intelligence, her sensitivity, will be […] transmuted into literature,” this recidivist has produced bestsellers : three texts published by Pauvert in 1965 and 1966—two prison writings, L’astragale and La cavale, then La traversière. In the 1960s, this writer did not position herself as a dilettante between the nouveau roman in full ascendancy, and the psychological realist novel whose dual tradition still prevails. Her writing draws primarily on a motivation that is principally from within, against an outside world that banned her. This confinement is primarily constitutive of her writing and it is this aspect, overlooked by recent critics of her work, that this article seeks to examine. Above all, this writing is that of a body whose “soul” resists by trying to escape the authority of a punishment whose tacit violence deprives it of freedom.