Résumés
Résumé
L’École nationale d’administration fut créée en 1945 par le général de Gaulle et Maurice Thorez. À la suite de la défaite de 1940 et dans la fidélité à l’esprit de la Résistance, l’ENA doit incarner les valeurs républicaines et démocratiques françaises. Elle manifeste aussi le processus de modernisation qui est entamé à la Libération et qui est assuré par une nouvelle élite technocratique. Alors qu’immédiatement, l’ENA est devenue le symbole de « l’excellence à la française », il ressort des discours tenus à son sujet (discours médiatiques, rumeur sociale) que l’énarque est constamment tiré vers le stéréotype ou la caricature et est l’objet de polémiques et de critiques récurrentes. Omniprésente dans la vie publique française et l’imaginaire social national, la figure de l’énarque est cependant ectoplasmique dans le discours littéraire : dépourvue de consistance romanesque, elle est en effet peu présente dans la littérature légitime et généralement reléguée dans des productions marginales. Dans tous les cas, les représentations de l’énarque semblent cristalliser les ambivalences du rapport des Français au pouvoir à l’époque gaullienne.
Abstract
The École nationale d’administration was created in 1945 by General de Gaulle and Maurice Thorez. With the defeat of 1940 and faithful to the spirit of the Resistance, the ENA had to embody French republican and democratic values. It also fostered the modernization instituted by the new technocratic elite at the time of the Liberation. While the ENA immediately became the symbol of excellence “à la française,” it is clear from the discourse about it (media discourse, social rumor) that the “énarque” is invariably stereotyped or caricatured and is a recurrent theme of controversy and criticism. Omnipresent in French public life and the national social imagination, the figure of the “énarque” is nonetheless ectoplasmic in literary discourse, having no romantic consistency and essentially absent in legitimate literature and generally relegated to marginal production. Representations of the “énarque” seem to crystallize the ambivalent relation of the French to power in the Gaullist era.