Résumés
Résumé
Cet article porte sur l’un des traits majeurs des récits de filiation, mis en évidence par chacun d’eux ou presque. Il s’agit du défaut de transmission dont les écrivains présents, ou leurs narrateurs, s’éprouvent comme les victimes. Dans L’orphelin de Pierre Bergounioux, La marque du père de Michel Séonnet, Je ne parle pas la langue de mon père de Leïla Sebbar, Atelier 62 de Martine Sonnet et Le jour où mon père s’est tu de Virginie Linhart, les narrateurs font l’expérience majeure d’une déliaison, s’éprouvent comme orphelins et manifestent par là même une lucidité particulière envers leur situation historique, lucidité qui affecte le processus d’écriture, la matière et la manière des textes. Ces récits de filiation seraient ainsi, dans une époque en déshérence, la réponse littéraire à l’égarement de notre temps. Si nombre de romans contemporains s’élaborent sur une nostalgie du romanesque, ils semblent s’être engagés, dans leur modestie même, à renouer les fils distendus de la communauté.
Abstract
This article examines a prime feature of “Filiation Narratives,” expounded by almost all the authors here, namely, the flawed transmission suffered by the writers or their narrators. In L’orphelin by Pierre Bergounioux, La marque du père by Michel Séonnet, Je ne parle pas la langue de mon père by Leïla Sebbar, Atelier 62by Martine Sonnet and Le jour où mon père s’est tu by Virginie Linhart, in which the narrators experience a strong feeling of disconnect and of being orphaned, a particular lucidity emerges towards their historical situation. This lucidity infuses the writing process, the content and the style of the texts. In an era of escheat, these Filiation Narratives are a literary response to our disparate times. While many contemporary novels express a romantic nostalgia, these stories are engaged, albeit modestly, in restoring the frayed communal bonds.