Résumés
Résumé
Témoignant de l’intérêt marqué chez les auteurs français contemporains pour l’ordinaire et le minuscule, Graveurs d’enfance — publié par Régine Detambel en 1993 — éprouve à plus d’un égard les limites du récit conventionnel. Ce recueil de cinquante brefs textes lyriques consacrés à autant de fournitures scolaires constitue une collection de gravures, de portraits littéraires qui font de la description et de l’énumération les procédés structurants de l’oeuvre. Conçu à la manière d’un catalogue de musée ou de papeterie, Graveurs d’enfance s’apparente indéniablement à un inventaire ou à un mode d’emploi en ce que Detambel se prête au jeu de l’écriture sous contraintes, des contraintes formelles copiant des procédés anciens. L’auteure, qui ressasse amoureusement son discours sur l’infime, se fait de la sorte un devoir d’extraire les choses inventoriées de leur condition insignifiante en louant leur impardonnable simplicité, en recourant au lyrisme pour parler de ce qui est trivial, en confondant les outils de l’écolier avec ceux de l’écrivain. Pour que l’insignifiant prenne sens dans Graveurs d’enfance, il faut donc un lecteur disposé à se prêter au jeu du beau langage comme si, pour se réinventer, le récit se devait à la fois de contester et de calquer les procédés surannés de la tradition littéraire.
Abstract
Régine Detambel, who published Graveurs d’enfance in 1993, is one of the many contemporary French writers to be enthralled by the ordinary and the minuscule, hence testing the rules which preside over the elaboration of a conventional narrative. Dedicated to the life and death of the writing tools used by every schoolchild, this collection of fifty brief lyrical texts, or literary portraits, is organized by two discursive “devices”: description and enumeration. Graveurs d’enfance clearly resembles an inventory or user guide in which the writer asserts her affiliation to “l’écriture des contraintes” by copying—and playing with—many outmoded literary techniques. By relentlessly writing on insignificant objects aided by “le beau langage,” Detambel imbues these objects with meaning in a manner worthy of a student and writer. It is the task of the reader to play the game of the writer in order to give meaning to the insignificant, allowing the narrative to reinvent itself by breaking and adhering to the rules established by tradition.