Résumés
Résumé
Dans Adieu, Danièle Sallenave fait le portrait d’un vieil homme vu par son petit neveu, qui lui rend visite, l’interroge, le photographie un mois durant. Le récit se présente comme la chronique fragmentaire des conversations entre les deux hommes par le plus jeune, conversations émaillées d’anecdotes familiales, de biographèmes, de réparties parfois humoristiques, souvent sans intérêt. Comme le titre du récit l’indique, la disparition proche du vieil homme donne à la chronique une force d’émotion jamais exprimée, qui procure une valeur à ce qui, a priori, n’en a pas. Pourtant, la mélancolie sourde d’Adieu ne cède pas à la tentation d’ériger le minuscule en « monument ». Sallenave se garde bien de métamorphoser le vieil homme qui n’est « rien, ni personne » en légende. Le choix de fragmenter le récit, l’usage très poussé de la citation, la façon même de rapporter le contexte immédiat d’énonciation, tous ces procédés manifestent le souci de saisir l’insignifiant au ras de la conversation ordinaire, sans le mythifier. Entre la mélancolie de la trace et le présent d’une rencontre, entre la résistance au récit et l’insistance du récit, l’insignifiant relève, chez Sallenave, d’enjeux éthiques et poétiques qu’il s’agira d’examiner.
Abstract
In Adieu, Danièle Sallenave portrays an old man through the eyes of his nephew. During the course of one month, the young man visits his uncle, asks questions and takes snapshots. He sets out the chronicle of their conversations, full of anecdotes, biographical details, witty and mundane remarks. In keeping with the title of the book, the impending death of the old man gives the journal a poignant emotion and adds value to whatever is said or done. The tacit melancholy does not, however, magnify the minute details of everyday life. Sallenave is careful not to legendize the old man who is but an ordinary human being. The sketchy narrative, the extensive use of direct quotation and the constant awareness of the immediate circumstances of speech are an obvious attempt to capture the insignificant aspects of everyday conversation as they are, without giving them mythical status. Between the melancholy of what will inevitably disappear and the matter-of-fact encounters, between the resistant and the insistent narration, the insignificant elicits an examination of the ethical and poetical.