Résumés
Résumé
Quel discours le xixe siècle a-t-il tenu sur le journal, quel imaginaire a-t-il déployé pour tenter de décrire l’objet périodique et son impact sur la société française ? Telle est la question que pose cet article qui se propose de mettre en concordance les petites formes médiatiques, telles qu’elles se déploient dans le journal, et la façon dont le xixe siècle a représenté et mis en scène le journal. Autrement dit, le modèle micropoétique qui organise la mosaïque médiatique contamine le discours tenu sur le journal. On peut le vérifier dans plusieurs genres et registres : la « littérature panoramique » (études de moeurs, codes, physiologies, keepsakes) sous la monarchie de Juillet, les inventaires anecdotiques et les petites biographies de journalistes sous le Second Empire ou encore les Mémoires de journalistes sous la IIIe République. Tous ces genres sont directement inspirés de la sphère médiatique et connaissent souvent des prépublications en journal ; ils se situent au croisement de la nouvelle à la main (la blague) et de l’anecdote, tout en dérivant constamment vers la fiction. Mais une nuance doit être apportée, notamment du côté de certaines entreprises romanesques (les Illusions perdues de Balzac, Charles Demailly des Goncourt, Bel-Ami de Maupassant, entre autres) ainsi que des débuts de l’historiographie du journal, qui naît à la fin des années 1850 avec la vaste Histoire politique et littéraire de la presse en France d’Eugène Hatin. On trouve là une ampleur et une hauteur de vue qui déplacent indéniablement le modèle micropoétique.
Abstract
What was the 19th century’s discourse on the newspaper, what vision underpinned the periodical and its impact on French society? This article explores the forms of the small press within the established 19th century newspaper, noting that the micro-poetic model within the media mosaic contaminates the discourse on the newspaper itself. This can be verified in various genres and aspects: panoramic literature (study of customs, codes, physiologies, keepsakes) during the July Monarchy, inventories of anecdotes and short biographies of journalists during the Second Empire as well as journalists’ output under the Third Republic. These media-based genres were often pre-published in newspapers and interfaced with artisanal news (jokes) and anecdotes, always tending to fiction. But there’s an important nuance here, notably in respect to certain Romanesque works (Balzac’s Illusions perdues, Goncourt’s Charles Demailly, Maupassant’s Bel-Ami, among others) as well as early newspaper historiography begun in the late 1850s with Eugène Hatin’s enormous Histoire politique et littéraire de la presse en France, which is of such expansive high quality as to definitively displace the micro-poetic model.