Résumés
Résume
Dans l’oeuvre de Jean Genet, la question de l’écriture qui est celle de la littérarité est indissociable d’une réflexion sur le politique et l’éthique. Un des aspects les plus remarquables de l’écriture de Genet est justement la façon dont il montre leur imbrication. C’est cette double dimension de son oeuvre qui sera prise en compte ici, dans une perspective philosophico-littéraire. Il s’agira de s’interroger sur les rapports du littéraire au politique et à l’éthique à partir de l’inscription de l’Histoire dans Pompes funèbres de Jean Genet. L’interrogation de départ concerne évidemment les relations de l’écriture de Genet à la mémoire et à l’Histoire, les articulations ou désarticulations qu’elle met en oeuvre. Ces questions ne sont pas séparables d’une critique de la notion de performativité qui traverse son écriture. Si, selon lui, l’écriture doit faire « oeuvre de vie », comment le pourrait-elle sans se restreindre aux conventions qui régissent l’acte performatif ? Mais la question centrale est celle de l’événement. Pour Genet en effet, il ne suffit pas de commémorer le passé. Il s’agirait de penser une écriture qui tout en conservant la trace de la souffrance puisse produire un effet, se constituer en événement. La réflexion sur ce que l’on pourrait appeler les « politiques de la mémoire » dans ce roman nous portera à étudier également les notions de corps, de figure et d’écriture.
Abstract
In this work by Jean Genet, the matter of writing is one of literariness, which is inextricably linked to political and ethical considerations. Indeed, one of the most remarkable aspects of Genet’s writing is the way he shows their oneness. It is this twin-dimension of his work which will be explored here, from a philosophical and literary viewpoint. The aim is to examine the relationship between the literary, the political and the ethical on the basis of the way History is relayed in Funeral Rites by Jean Genet. The initial question is obviously the relationship between Genet’s writing and memory and History, and the dynamics that this relationship creates and destroys. Such questions must be accompanied by an examination of the notion of performativity which runs through his writing. If, as he says, writing must be a “work of life,” how could this be possible without restricting oneself to the conventions that govern the performative act itself ? But the main issue is that of “event.” For Genet, commemorating the past is not enough. Instead we must develop a form of writing that, while maintaining traces of suffering, is also able to produce an effect and be an event itself. Thoughts on what we could call “politics of memory” in this novel will also bring us around to examining notions of body, figure and writing.