Résumés
Résumé
Depuis quelques années, les sites Web personnels, les blogues, journaux intimes, les sites de poésie, les chroniques personnelles prolifèrent en ligne : le succès des Skyblogs, supports de publication destinés aux adolescents, n’est que l’indicateur le plus médiatisé d’un phénomène qui touche toutes les couches de la population. Le statut d’auteur semble désormais accessible à tout le monde. La possibilité de toucher plusieurs millions d’internautes, l’espoir de se faire « repérer » un jour par un éditeur papier, motivent un grand nombre d’auteurs à mettre leurs productions textuelles sur le Web. L’on peut cependant constater que beaucoup de blogues, journaux intimes et romans-feuilletons « en réseau » se présentent sous des formats assez traditionnels : le lien hypertexte, outil syntaxique révolutionnaire, n’est utilisé qu’à l’intérieur d’un sommaire facilitant le « feuilletage » du matériel textuel ; l’animation textuelle, outil sémantique renouvelant profondément l’aspect graphique de l’écrit, est quasiment absente de ces créations, ou bien elle se trouve réduite à une fonction de gadget. Les codes de programmation informatiques, présents sous la surface lisse de l’écran, ne jouent qu’un rôle de langage secondaire. À côté de cette première forme de littérature en réseau s’est développée une deuxième, encore peu connue du grand public, et qui donne lieu à des trouvailles beaucoup plus surprenantes. Depuis une dizaine d’années, loin des circuits de publication et de diffusion des littératures papier, des cercles, des communautés d’écrivains se sont formées autour de l’idée d’une littérature numérique exploitant pleinement les potentialités du médium « ordinateur ». L’animation, l’interactivité et une programmation créative caractérisent ces nouvelles créations littéraires sur support numérique. C’est ainsi dans les calligrammes et métaphores animés et dans l’animation syntaxique, dans les relations intersémiotiques entre le texte animé et l’image fixe, entre le texte fixe et l’image animée que se dessine une première particularité de la littérature numérique. Deuxièmement, c’est la dynamisation de l’écrit par le lien hypertexte (que le lecteur active par clic) qui incite un nombre grandissant d’auteurs à expérimenter avec le support numérique. Un troisième « genre » de la nouvelle littérature numérique se fonde sur la réflexion concernant le rôle du programme. Le premier but de cet article est de présenter les convergences et les différences entre les trois principaux genres de la littérature numérique. À partir d’un certain nombre d’exemples représentatifs, je propose ensuite des outils d’analyse adaptés à ces nouvelles formes de création littéraire.
Abstract
The past few years have witnessed the online proliferation of personal websites, blogs, intimate diaries, poetry sites, and personal columns. The success of Skyblogs, publishing support geared to teenagers, is but the most mediatized indicator of a phenomenon that is affecting all levels of the population. Now anyone can be an author. The possibility of reaching a few million Web surfers, and the hope of discovery by a real (hard copy) publisher, motivates many authors to put their textual productions on the Web. The network is rife with blogs, intimate diaries and serial novels, presented in fairly traditional format: the hypertext link, a revolutionary syntactic tool, is used only inside a summary facilitating the serial reading/writing of textual material. Textual animation, the semantic tool that profoundly renews the graphic aspect of the written text, is virtually absent from these creations, being largely reduced to a gadget function. The programming computer codes present beneath the screen surface play only a secondary role. A second kind of network literature has also developed, as yet little known by the general public, but promising even more astonishing discoveries. For a dozen years, circles of writers distant from publication circuits and the dissemination of paper literature have gathered around the concept of a digital literature fully utilizing the potentialities of the computer medium. Animation, interactivity and creative programming characterize these new literary creations on digital support. Thus developed an initial particularity of Digital Literature, in calligrams and animated metaphors and in syntactic animation, in the inter-semiotic relations between the animated text and the fixed image, between the fixed text and the animated image, that draw on a prime feature of digital literature. As well, the dynamization of the written via the hypertext link, activated by a reader’s click, entices a growing number of authors to experiment with digital support. A third “genre” of the new digital literature involves a reflection on the role of the program. The main thrust of this article is to outline the convergences and the differences between the three principal genres of digital literature. Using a number of representative examples, I then present analytical tools adapted to these new forms of literary creation.