Résumés
Résume
Le vaste corpus des traductions publiées en 1857 comprend des versions distinctes des mêmes contes d’Edgar Allan Poe, traduits par William Hughes et par Baudelaire. Ces versions s’opposent, le poète des Fleurs du mal choisissant une combinaison de littéralisme et d’accentuation du caractère morbide de l’oeuvre de son confrère américain, tandis que Hughes, pétri de culture française et spécialiste de la littérature pour la jeunesse, choisit la rationalisation du texte, l’étoffement et la paraphrase, pour transformer les Tales en lieux communs du conte. Baudelaire, en étroite communion avec l’oeuvre de Poe, procède, quant à lui, par identité d’esprit et cherche à produire une traduction-texte. À la traduction « positive » de Hughes, s’oppose ainsi chez le poète français une pratique de la « traduction négative » (entendue au sens photographique du terme) qui cherche à révéler la nature profonde du texte.
Abstract
The vast corpus of translations published in 1857 includes distinct versions of the same stories by Edgar Allan Poe, translated by William Hughes and by Baudelaire. These versions are in opposition : the poet of Les fleurs du mal chooses a combination of literalism and accentuation of the morbid character of the work of his American colleague, while Hughes, steeped in French culture and specialist in youth literature, chooses rationalization of the text, exaggeration and paraphrase, transforming the Tales into commonplaces. Baudelaire, in close communion with the work of Poe, proceeds on his part in a spirit of affinity and seeks to produce a translation-text. Hughes’ “positive” translation is thus opposed by the French poet’s practice of “negative translation” (in the photographic sense of the term) as he seeks to reveal the deep nature of the text.