Résumés
Résume
La question de la modernité trouve chez Banville son moment de réflexion dans la préface des Odes funambulesques, lesquelles sont significativement publiées chez le même éditeur et la même année (1857) que les Fleurs du mal. Par des voies qui lui sont propres, Banville rejoint Baudelaire et Gautier dans l’expression horrifiée du monde capitaliste et bourgeois : la poésie est pour lui un tremplin vers un univers de Beauté, et il revient au poète d’adopter l’attitude du funambule qui, en fragile équilibre, regarde de haut la pitoyable comédie humaine. De manière originale, s’inspirant du modèle de Daumier, il propose dans cette préface-manifeste d’importer les techniques de la caricature dans le langage poétique. Funambulesque et caricaturale, la poésie mettra en place un dispositif de pur langage conjurant toute compromission avec le réel. De là le surinvestissement dans la forme ; de là aussi, l’introduction de l’humour dans la poésie — point sur lequel Banville retrouve à nouveau Baudelaire.
Abstract
The question of modernity has its moment of consideration in Banville in the preface of Odes funambulesques, which is published, significantly, by the same publishing house and in the same year as Fleurs du mal. In his own style, Banville joins Baudelaire and Gautier in the expression of horror for the capitalist, bourgeois world : poetry is, for him, a springboard into a universe of Beauty, and it is up to the poet to adopt the attitude of the tightrope walker who, from his place of precarious balance, looks down on the pitiable human comedy. With originality, taking inspiration from Daumier’s model, he proposes in this preface-manifesto to bring the techniques of caricature into poetic language. Bizarre and caricatured, the poetry constructs a mechanism of pure language that casts out any compromise with reality. From this comes overinvestment in the form ; from this, too, comes the introduction of humor into the poetry—another way in which Banville is similar to Baudelaire.