Résumés
Résumé
Cette étude vise à dégager certaines des traces des discours antérieurs (cotextuels) qui sont la matière même du roman Allah n’est pas obligé, à la fois sur le plan de l’écriture et sur celui d’une mémoire douloureuse. Il s’agit de montrer que la « poétique de l’explication » qui caractérise le roman constitue une stratégie de dévoilement des rhétoriques fallacieuses destinées à occulter l’inadmissible. En effet, le recours constant aux dictionnaires n’est que l’effet le plus visible d’une poétique englobante qui consiste à confronter les uns aux autres les discours sur le monde, discours en deçà des mots inscrits dans le texte comme une mémoire en palimpseste, afin de faire ressortir leur incapacité à expliquer des réalités aussi inhumaines que le sort que subissent les enfants-soldats. Le roman de Kourouma met ainsi en évidence deux attitudes possibles face aux atrocités indicibles des guerres oubliées des temps présents : soit on en nie le caractère insensé en multipliant les discours d’explication, soit l’on dénonce toute tentative de manipulation des discours visant à rendre sensé l’insensé. La première posture est illustrée par le « blablabla » du narrateur Birahima ; la deuxième est celle du roman lui-même.
Abstract
This article examines the traces of anterior (co-textuel) discourses which prove to be the very material of the novel Allah n’est pas obligé, in terms of its composition as well as the putting into words of painfull memory. The objective is to show that the “poetics of explanation” which charactarizes the novel constitutes a strategy unmasking fallacious rhetoric used to disguise the inadmissible. The constant reference to the dictionnaries is, in fact, only the most visible effect of a more comprehensive poetics which consists in confronting against each other social discourses, “preceding” discourses inscribed in the text in the manner of memory in palimpsest, in ordre to reveal their incapacity to explain realities as inhuman as the fate of child soldiers. Kourouma thus exposes two possible attitudes in the face of the unspeakable atrocities of the forgotten wars of our times: either one attempts to deny their senselessness by multiplying explanatory discourses, or one condemns any endeavor to manipulate discourse in ordre to make that which is devoid of sense appear meaningful. The first position is illustrated by the narrator Birahima’s blabalbla; the second is that of the novel itself.