Résumés
Résumé
Cette étude rappelle la dimension artificielle bien établie des récits littéraires de « voyages maritimes » et de « tempêtes subies en mer », qui suscitent distance ironique ou défiance sarcastique chez les auteurs de romans. Dès lors, Jean-Jacques Rousseau, auteur du vaste roman continental La nouvelle Héloïse, prend position dans une dispute connue lorsqu’il inscrit une relation de navigation de quatre ans à l’axe de symétrie de son texte. La dénonciation anticolonialiste se veut aussi un réquisitoire antiromanesque qui dénonce l’effet d’accréditation produit par le témoignage subjectif du voyageur (« j’ai vu… »). Un dialogue est suggéré entre la lettre de Saint-Preux et La promenade Vernet de Diderot qui rend compte d’un point de vue sceptique à propos de l’observation objective et prolonge la mise en cause de l’« autorité oculaire » dans une voie à la fois plus ludique et plus onirique.
Abstract
This study recalls the well-established artificial dimension of the literary account of “sea voyages” and “sea storms” that most often provoke ironic distance or sarcastic defiance in the novelist. That being the case, Jean-Jacques Rousseau, author of the continental novel La nouvelle Héloïse, is in effect taking a stand in an ongoing controversy when he makes a four-year long navigational account the symmetrical axis of his text. His anti-colonialist denunciation is meant, in addition, to be an indictment of the novel in that it criticizes the legitimizing effect on the reader of the traveller’s subjective witness (“I saw…”). The article presents a dialogue between Saint-Preux’s letter and Diderot’s La promenade Vernet. The latter adopts a sceptical point of view concerning objective observation and thus continues the calling into question of “ocular authority” in a style that is at once more playful and dreamlike.