Résumés
Résumé
Les discours dont le roman fait l’objet sont souvent marqués par une certaine ambivalence et semblent souligner tantôt le caractère critique d’un art qui vise essentiellement à découvrir une vérité, tantôt la frivolité d’un genre qui, réduit à l’essentiel, relèverait essentiellement du potin. On peut évidemment distinguer, à l’intérieur de l’ensemble vaste et touffu que désigne le mot « roman », les oeuvres « sérieuses » de celles qui ne visent qu’à divertir le lecteur en le berçant d’illusions ou en flattant sa vanité ; mais cette distinction est peut-être plus fragile qu’il n’y paraît de prime abord. L’ambivalence du roman ne se laisse pas résoudre aussi facilement que le laisse entendre René Girard, par exemple, quand il sépare la « vérité romanesque » du « mensonge romantique », et on peut même considérer cette ambivalence comme la condition nécessaire de l’humour romanesque, en rappelant la célèbre définition bergsonienne du rire suivant laquelle on rirait du « mécanique plaqué sur du vivant ». Si le personnage romanesque est comique, c’est parce qu’il se présente à la fois comme un pantin sans vie, conformément à la « vérité romanesque », et comme un être vivant, ce qui suppose un reste d’illusion romantique.
Abstract
The discourses on the novel are often characterised by ambivalence; sometimes underlining the critical character of an art which aims essentially to discover a truth, and others the frivolity of a genre which, reduced to the essential, would essentially derive from a useless racket. We can obviously distinguish, in the vast and dense ensemble which is designated by the word ‘novel,’ less ‘serious’ works from those that aim uniquely to divert the reader by deluding him with illusions or by flattering his vanity, but this distinction is perhaps more fragile than it would at first appear. The ambivalence of the novel is not as easily resolved as suggests René Girard, for example, when he separates ‘novelistic truth’ from ‘Romantic lies.’ We can even consider this ambivalence as a necessary condition of humour in the novel, recapping the famous Bergsonian definition of laughter in which we would laugh from the “mécanique plaqué sur du vivant.” If the character in the novel is comical, it is because he presents himself at once as a lifeless puppet in accordance with ‘novelistic truth,’ and as a living being, which supposes a rest of Romantic illusion.