Résumés
Résumé
Cet article questionne dans un premier temps la définition de l’archéologie industrielle, lui préférant la locution plus nuancée « archéologie des mondes industriels ». Il constate le basculement, dans les appétences des chercheurs, en direction du champ sans doute plus attractif du patrimoine industriel. Celui-ci fait l’objet d’une analyse conduite à partir de cas d’études, qui aboutit à une cartographie revêtant la forme d’un triangle équilatéral mettant en balance les éléments naturels, les réalisations matérielles d’origine anthropique et le patrimoine immatériel. Au vu de ces approches, il apparaît très clairement que les aires de l’archéologie et du patrimoine ne se recouvrent que partiellement. On aborde enfin, dans l’immense foule des traces laissées par l’industrie, celles pour lesquelles la certification patrimoniale se révèle réfutable, ouvrant ainsi le champ d’un héritage passif de l’Anthropocène.
Abstract
This article first questions the definition of industrial archeology, and insists on preferring the more nuanced phrase of « archeology of industrial worlds ». It highlights a shift of interest from researchers towards the undoubtedly more attractive field of industrial heritage. This is the object of an analysis carried out on case studies, which results in a cartography that takes the shape of an equilateral triangle with each vertex representing the natural elements, the material achievements of human origin, and the intangible heritage. In view of these approaches, it appears clearly that the fields of archaeology and cultural heritage overlap only partially. Finally, among the immense number of traces left by the industry, the article examines those for which heritage certification has proved to be refutable, thus opening up the field of a passive heritage of the Anthropocene.
Corps de l’article
Prenez-vous à l’exercice de questionner vos concitoyens sur ce qu’évoque pour eux l’expression « archéologie industrielle ». Missionnés à réaliser cette petite enquête au titre de leurs travaux pratiques, mes étudiants recueillirent 85 à 90% des réponses erronées. Prise littéralement, la locution ne veut rien dire. En effet, elle signifierait une archéologie conduite dans une logique industrielle, c’est-à-dire avec de grands moyens, en équipe nombreuse, en s’appuyant sur un partage des tâches parfaitement orchestré, une normalisation des résultats et leur diffusion très large; c’est d’ailleurs ainsi que les organismes de l’archéologie préventive pratiquent la discipline. N’avons-nous pas accueilli, parmi les nombreuses réponses fantaisistes, la réponse suivante « ce sont des usines dans lesquelles on fabrique en grandes séries des miniatures de dinosaures en matière plastique ».
Il est cependant de coutume, dans la communauté des archéologues, d’accompagner le substantif « archéologie » par l’adjectif exprimant le sujet de la recherche, par exemple l’archéologie castrale se rapporte aux châteaux, et l’archéologie médiévale n’est évidemment pas celle qu’on pratiquait au Moyen Âge! L’archéologie industrielle embrasse donc l’univers de la pratique de l’industrie par les sociétés humaines.
Quelles en sont les limites?
La réponse nous invite à questionner la définition des deux membres de l’expression, « archéologie » et « industrie ». Commençons par le second. Si l’on devait le configurer à une géométrie très simple, c’est-à-dire le positionner sur un axe figurant la transformation des matières premières pour la production de biens de consommation, allant d’une échelle extrêmement réduite (au point origine) à la très grande dimension, le vocable « industrie » ne possède qu’une frontière, celle qui le sépare de l’artisanat. Ce dernier inclut en lui-même une gradation, conduisant de la sphère domestique, proche de l’origine de notre axe, à celle de l’artisanat intégré dans une logique économique. L’industrie elle-même prend le relais sans bruit sous la forme de la petite industrie, que viennent prolonger – le gradualisme est toujours la règle – les industries communément reconnues comme celles « de la révolution industrielle »; la taille des entreprises, le gigantisme de leur production – prenez pour exemple l’industrie du cinéma – et l’étendue de leur aire de consommation n’ont pas de limite sur notre représentation symbolique (la demi-droite). Notez que cette dernière n’a aucune signification chronologique, si ce n’est que l’artisanat domestique prévaut tout au long de la protohistoire, l’artisanat de la sphère économique trouvant son meilleur équilibre dans l’Antiquité et le Moyen Âge, la petite industrie s’exprimant plus volontiers à partir de l’aube des temps modernes, et la grande industrie explosant avec la « révolution industrielle ».
Distinguer l’industrie (englobât-elle la petite industrie) de l’artisanat en se basant sur tel ou tel critère conduit immanquablement à des égarements (nombre d’ouvriers? importance de la mécanisation?). La meilleure technique nous incline à transposer la question sur un plan ludique en faisant appel à notre bon sens. Dans un premier temps – avec des élèves par exemple – nous échafaudons un tableau à deux colonnes, qui ont pour titre « artisanat » et « industrie ». En tête des lignes du tableau, nous positionnons des critères, par exemple « nombre d’ouvriers » ou « nature du financement » (interne ou externe), ou encore « normalisation des produits » (faible ou poussée). Certains de ces critères ressortissent aux considérations sociétales, d’autres aux ressources financières, d’autres encore aux produits ou à l’économie. Le jeu consiste ensuite à extraire de l’Histoire des cas de figure autour desquels notre questionnement pourrait se révéler pertinent (par exemple la production des futaines autour d’Augsbourg à la fin du Moyen Âge). Chacun des cas sera soumis à l’épreuve du tableau. Selon que les critères validés se projettent majoritairement dans la première ou dans la deuxième colonne, l’activité se rangera au titre de l’artisanat ou à celui de l’industrie. C’est donc le croisement de critères à travers une grille qui permet de faire pencher le plateau de la balance et détermine ainsi le diagnostic. Dès lors, il devient extrêmement ludique de se piquer au jeu de soumettre et de passer tel ou tel exemple d’une activité humaine au crible du tableau! Une sorte d’« analyse chimique »!
Aussi le premier obstacle épistémologique que rencontre le chercheur en « archéologie industrielle », celui des frontières de sa discipline, trouve-t-il ainsi sa résolution dans l’application rigoureuse des définitions.
Le premier paradoxe de l’archéologie industrielle
Un jour, je cheminais en montagne en compagnie du dernier directeur des houillères de Lorraine. Il me questionne : « quel métier exercez-vous? ». « Je suis chercheur en archéologie industrielle ». De là, il se met à développer l’idée que les deux termes de l’expression ne sont pas compatibles, l’archéologie embrassant l’étude de l’ancien (l’Égypte, la Grèce, Rome), l’industrie étant un phénomène contemporain : « Vous ne pouvez pas appliquer l’étude de l’ancien au contemporain! » Je lui expliquai, d’une part que l’archéologie s’était, durant les derniers trois-quarts de siècle, agrégée des champs nouveaux, incluant « le contemporain », d’autre part que l’industrie, si tant est qu’on applique à notre objet le maniement du tableau à deux colonnes expliqué plus haut, offre des manifestations évidentes tout au long des sinuosités de l’histoire.
C’est que beaucoup de chercheurs se situent encore sous la coupe de certaines écoles britanniques qui réduisent l’industrial archaeology à une archéologie de la révolution industrielle (pas tous, Buchanan déclarait en 1972 que le champ de la discipline s’étalait de la mine de silex à l’avant-dernier modèle d’ordinateur). Mais alors, où situer sur l’axe des temps le déclenchement de cette révolution, qui avec le recul n’est que la manifestation d’un très petit secteur sociétal quelque part dans le monde? Que dire alors de ces extraordinaires décollages de l’industrie minière à Potosi ou, plus tôt encore, autour des ressources de la Mitteleuropa dès l’aube de la Renaissance? Que dire de l’apparition du haut-fourneau, véritable révolution technique et sociale apparue à la fin du Moyen Âge? Comment se situer par rapport à cet étrange concept de « révolution industrielle du Moyen Âge », porté par des chercheurs qui s’adossent à une foule d’arguments. Et si les historiens rechignent à y adhérer, c’est que l’événement a laissé des traces écrites infiniment plus discrètes que son illustre réplique : il est une affaire d’archéologues!
La résolution de ce qui apparaît aux yeux du contemplateur comme un paradoxe ne peut faire l’impasse de la définition de l’archéologie. Cette définition (je l’ai maintes fois retravaillée avec mes étudiants) doit relier en une phrase des mots qui expriment autant de conditions nécessaires et suffisantes. On obtient en gros : l’archéologie est la science qui a pour objet le passé en rapport avec l’homme, en questionnant les traces matérielles de ce passé, dans une démarche de terrain.
Dans l’imaginaire collectif cependant, l’archéologie évoque immanquablement l’action de fouiller le sol. Dans mes propres fouilles, je mets au jour à chaque campagne des habitations de mineurs de la Renaissance, et c’est ainsi que les visiteurs que nous accueillons se figurent la pratique de l’archéologie. En revanche si je me prends à étudier en détail la façade, et le clocheton, de la filature de coton Quarry Bank Mill à Styal (Cheshire), mon observateur aura bien du mal à adhérer à l’idée que je pratique l’archéologie! Pourtant, il n’existe aucune différence essentielle entre la façade de la filature Quarry Bank Mill à Styal et, par exemple, la pyramide de Chéops. Du moins, pour ce qui concerne l’esprit de curiosité du chercheur et la méthode de l’investigation – la figuration pierre à pierre, les représentations en plan, en projection sur un plan vertical, la photogrammétrie ou l’interrogation des orthophotographies… Or, il ne viendrait à personne l’idée de nier que l’étude de la pyramide relève de la démarche archéologique. Plus précisément celle de l’archéologie du bâti. Sur le terrain, le chercheur-praticien ne fait qu’ausculter le passé par l’analyse des vestiges matériels ainsi hérités : nous redécouvrons notre définition!
Admettons à présent l’adéquation de l’archéologie industrielle à l’étude des traces laissées par le fait industriel, tel qu’il émerge de notre grille d’analyse discriminante entre artisanat et industrie. La contemplation des aboutissements de 70 ans de pratique de la discipline (depuis les fouilles du complexe sidérurgique des Saugus Iron Works, près de Boston, par R.-W. Robbins de 1948 à 1953) nous met en présence d’une incroyable nébuleuse de sites occupant une grande partie de l’espace mondial et presque toute la profondeur de l’Histoire. On y scrute des paysages contrastés, des logiques spécifiques à certaines régions, les cultures, les économies, les conditions climatiques, les climats politiques, des objets inféodés à l’avancement des sciences du progrès technique. Si bien qu’il apparaît plus approprié de considérer l’industrie comme l’enveloppe d’une multitude de logiques ou de situations industrielles qui sillonnent l’espace-temps. Pour cette raison depuis quelques années, j’ai abandonné l’expression « archéologie industrielle » (trop connotée, au regard de nos scrutateurs, à notre révolution industrielle d’Europe occidentale) pour la remplacer par la locution « archéologie des mondes industriels », la seule qui embrasse et reflète la diversité des pratiques de l’industrie par les sociétés humaines, dans l’espace et dans le temps.
Le champ de l’archéologie industrielle
Se questionner sur l’étendue du champ de cette forme d’archéologie peut s’assimiler à un jeu de piste. Les ingrédients qui le remplissent relèvent de la plus absolue diversité. Mon essai (Manuel d’archéologie industrielle) les énumère, les détaille et les positionne dans un tableau[2]. On y trouvera des résidus de matières premières (comme des cellules de tissus de plantes tinctoriales dans telle teinturerie du Portugal), tout comme des machines à vapeur ou des aqueducs, ou encore les infrastructures, englouties par les colluvions d’un versant, d’une cité ouvrière datant du décollage de la Renaissance (Fluck, Bauer et Bouvier 2020)[3], mais aussi une ville toute entière comme Łódz, en Pologne, garnie d’une myriade de grandes usines de briques rouges, voire des accumulations apocalyptiques de résidus…
Le patrimoine industriel
L’aviez-vous remarqué? La revue du CILAC, L’Archéologie industrielle en France, à partir de son numéro 65 de décembre 2014, a changé de nom : elle s’intitule désormais « Patrimoine industriel ». De son côté, l’agence européenne de TICCIH a publié, de 1999 à 2014, une revue titrée Patrimoine de l’Industrie/ Industrial Patrimony. Les Italiens ont nommé la leur Patrimonio Industriale, alors que les Allemands friands d’Industriekultur restent fidèles à ce concept. Le patrimoine aurait-il détrôné l’archéologie? Cette dernière véhiculerait-elle une image trop vieillotte? L’archéologie n’est-elle autre que l’étude du patrimoine industriel? Le patrimoine industriel coïncide-t-il avec l’industrial heritage des Anglo-Saxons? Autant de questionnements qui vont constituer le corps de cet article.
Une fois de plus en présence d’un nouveau concept, nous allons édifier notre raisonnement sur la définition du vocable patrimoine (au sens où nous l’entendons). Pour construire une définition, quelle qu’elle soit, nous disposons de trois approches : 1) emprunter la définition du dictionnaire (très insatisfaisante!) ou de l’UNESCO (qui manque de rigueur), 2) s’imprégner de la pensée des philosophes (qui risque de nous égarer), enfin 3) construire nous-mêmes notre définition. Le milieu universitaire offre les conditions optimales pour la mise en oeuvre de cette démarche du troisième type : des classes d’étudiants ouverts à la diversité des idées et observateurs du Monde. C’est donc à un travail de groupe autour du concept perçu à travers le prisme de l’expérience quotidienne et du bon sens que nous invitons notre lecteur. Nous sommes rompus à l’exercice : à nouveau, nous disposons d’une collection de concepts dans laquelle il nous faudra choisir les substantifs, adjectifs ou verbes non seulement utiles à la définition, mais indispensables, prenant le soin d’éliminer ceux qui ne servent qu’à enjoliver le propos : les premiers suffiront (à nouveau, notre condition nécessaire et suffisante!).
Renouvelant l’expérience, ou le jeu, d’année en année, on retrouve in fine : « le patrimoine est quelque-chose dont nous sommes les héritiers, qui a de la valeur à l’aune du regard que nous lui portons, et dont nous faisons l’appropriation mentale ». Une conséquence implicite, corollaire et prolongation de la définition mais qui n’en fait pas intrinsèquement partie, réside dans une obligation : nous nous devons de conserver le « quelque-chose » pour le transmettre à nos descendants.
Embarquons ainsi à la découverte de la richesse et de la diversité de la planète « patrimoine ». Les exercices se poursuivent en compagnie des étudiants, ou d’élèves, ou de groupes lors d’une séance de type « université populaire ». Ils consistent à présent à énumérer le plus possible d’« objets » patrimoniaux (ces « quelque-chose » que nous n’avons pas voulu nommer), ceux qui dans l’instant traversent notre imagination. On en arrive, les consignant au tableau blanc, à une galaxie d’objets, qui nous invitent au défi d’en tenter des regroupements (par exemple tout ce qui est immatériel…). Dans ce qui suit, nous allons évoquer sommairement huit cas d’école que nous avons sélectionnés parce qu’ils jalonnent une sorte de progression : chacun est un peu différent de celui qui précède, par certaines caractéristiques. Nous prions nos lecteurs à se plier à ce jeu, qui débouchera plus loin sur ce qui pourra paraître comme une révélation.
De nature géologique, notre premier objet sera un filon à l’affleurement (les naturalistes allemands du siècle dernier excellèrent dans ce type de figuration).
Le rapport d’un objet purement « naturel » avec le patrimoine industriel n’est pas usurpé, ce type d’accident de la croûte terrestre ayant de tous temps aiguisé la curiosité des prospecteurs affairés à débusquer les ressources du sous-sol, pour le plus grand profit des sociétés minières.
Notre deuxième objet montre un front de taille dans une galerie d’une mine d’argent de l’Altenberg, à Sainte-Marie-aux-Mines. Ébahi de ce spectacle du travail de main d’homme – chaque strie dans la roche est la fossilisation d’un geste –, le spéléologue-archéologue des mondes souterrains se questionne : qui donc avant lui embrassait du regard ce décor minéral? Le mineur qui l’a creusé, 475 ans auparavant. Une vision directe du passé, en quelque sorte! Un passé inaltéré, un instantané de l’Histoire.
Aux antipodes des deux précédents, notre troisième objet est une machine à vapeur en Guyane, dite « habitation Constance », tapie au creux de la forêt amazonienne.
Une forêt qui exprime la rétroaction de la nature (elle s’y employa un siècle et demi) sur les anciennes terres agricoles des exploitants de canne à sucre. N’est-il pas paradoxal d’affirmer au grand jour que le véritable conservatoire de ce qui fut l’emblème de la révolution industrielle, c’est au plus profond de la forêt équatoriale qu’il nous faut le rechercher[4]?
Notre quatrième objet est une enfilade d’usines en bordure d’un torrent alpin : les filatures de laine de Biella (Piémont).
La configuration n’est pas unique, bien des clusters industriels se déploient en ribambelles d’usines le long d’un canal, d’une rivière ou d’un fleuve. Ce sont bien souvent des usines-barres à étages, édifiées de briques ou d’un appareil mixte mêlant la brique et la pierre, où quelquefois transparaissent des caractéristiques vernaculaires.
Notre cinquième objet est un chevalement minier; on les connaît à travers ces « meccano » d’acier, certains cependant affectent la forme d’étranges donjons carrés appelés « tours Malakoff »; nous avons choisi, parmi les centaines de clichés de chevalements de notre fonds photographique[5], le charbonnage du Hasard, près de Liège (1907).
Le sixième objet va peut-être surprendre : nous nous trouvons projetés dans l’intimité d’une chambre secrète, le « trésor » de la cristallerie de Vallérysthal, en Moselle. Dans ce cabinet se trouvent rangés sur des étagères les 22 000 prototypes des produits de la manufacture.
Le septième et avant-dernier objet de notre choix ouvre l’horizon. C’est une ville dans un environnement de collines et de moyenne montagne : Almadén (Espagne). L’illustration 8 montre, coiffant la première crête d’un bout à l’autre de l’image, des barres rocheuses : les quartzites du Silurien (une époque de l’ère Primaire).
Ces quartzites hébergent une minéralisation en mercure qui a fait de ce lieu le premier producteur mondial de ce métal pour tous les temps. Presqu’au centre de l’image, l’église Saint-Sébastien, qui marque l’extrémité occidentale de la ville. Légèrement en contrebas et sur sa gauche, le chevalement d’acier (1922) du puits St-Aquilin, plus à droite le chevalement-tour (1964) du puits St-Théodore, juste derrière lui le campanile du château de Retamar. Sous vos yeux se déploie un paysage industriel dans toute son étendue, offrant à la fois le cadre géologique de la matière première, la ville minière – un cas particulier de « company town » – et les superstructures industrielles.
Notre dernier cas d’école est un document d’archives. Il nous ramène à notre premier exemple : nous avons choisi ce petit bout de parchemin (13 x 8 cm) qui expose un accord passé en 1315 entre le duc de Lorraine Ferris et un obscur chevalier de Ristes-sur-Faîte, réglant le partage des mines d’argent de La Croix-aux-Mines et de Sainte-Marie-aux-Mines, dans le massif vosgien[6]. Un entrepreneur du nom de Wolleben détient une partie des 60 parts, au côté d’un certain Jean le Prévôt, d’un chevalier Wernier dit Walch, de Colmar, de Pierre le maître de l’hôpital du Bonhomme, « et leurs compagnons », tous « intéressés » aux mines. Une confirmation éclatante que la bourgeoisie urbaine investit dans l’exploitation des ressources du sous-sol. Celle-ci mobilise les capitaux!
Huit cas d’étude, tous labellisés « patrimoine », et tous ressortissant au fait industriel. Des exemples dont on perçoit les disparités d’échelle (un flacon en cristal, un paysage urbain dans son écrin), de nature ou de composition (un rocher se compose de minéraux, une machine de métaux, un bâtiment de matériaux céramiques, un document de parchemin). Face à une telle hydre, le salut réside dans une cartographie du patrimoine, qui nous aidera à en visualiser les innombrables facettes (Fluck 2017c). Celle-ci s’assimile à des aires aux contours généralement flous positionnées à l’intérieur d’un triangle équilatéral ABC. Notre objectif est à la fois de dissocier les différentes essences (y compris immatérielle) du patrimoine, et d’en montrer les interactions.
Le triangle du Patrimoine
Ce schéma est conçu pour y héberger toutes les formes de patrimoines, même si nous l’appliquons ici à notre domaine en particulier. Très précisément, le pôle supérieur A de notre triangle figurera le patrimoine naturel, non affecté par l’action des hommes : un affleurement géologique remarquable, une station de plantes rares… Le pôle inférieur droit B est celui du « patrimoine-matière » d’origine anthropique, par exemple un objet manufacturé, ou une construction. Le pôle inférieur gauche C sera réservé quant à lui au patrimoine immatériel, pourquoi pas les chants de mineurs des Monts Métallifères saxons.
Souscrivons à présent à l’exercice de positionner nos huit cas d’école dans ce triangle. Le premier qui vient se présenter, un filon à l’affleurement, occupe bien évidemment le sommet supérieur de notre triangle : l’homme n’en a rien retouché! La galerie de mine de la Renaissance (dont on a visualisé un front de taille) est creusée de main d’homme dans la croûte terrestre, donc dans l’élément naturel. Elle va se projeter très proche du sommet A, mais décalée sur le segment AB car l’homme en est à l’origine, même s’il n’a pas déposé – seulement enlevé – de matière. La machine à vapeur de l’habitation Constance est une création 100% « matière », en revanche ce qui en édifie tout le pouvoir de fascination, et par là même sa haute valeur patrimoniale, c’est le paysage néoformé (la forêt secondaire) venu l’enrober, se refermer sur la machine : de par l’impact d’une nature résiliente, elle se positionne quelque part vers le milieu du côté AB de notre triangle[7].
Nous en arrivons aux files de grandes usines de Biella, sur les deux berges de la rivière Cervo. Le triomphe de l’industrie certes s’y étale, mais pour l’observateur à travers ses réalisations architecturales. Celles-ci n’existeraient pas sans le Cervo : nous nous positionnons dans un « patrimoine-matière » anthropique, qui doit cependant tout à la nature. Il se projette dans notre triangle sur le côté AB, cependant plus proche du pôle B en raison de la prépondérance du bâti dans le spectacle. Pour la « tour Malakoff » du Hasard, en Belgique, le paysage occupe la scène mais comme un arrière-plan, car ce qui fait la force patrimoniale de l’objet, c’est ici la construction en elle-même, la puissance de ces forteresses, qui écrasent les maisons ce ville pourtant élancées, dans le bas de la photo à droite, dont l’une héberge ce qu’on peut se prendre à imaginer avoir été le café des « gueules noires ». Dans ce cas d’école, on se situe très proche du pôle B de notre triangle, mais dans une aire qui dérive légèrement vers les pôles C (la mémoire collective du charbonnage) et A (car forcément, ces puits sont implantés quelque part dans une « fenêtre » de nature).
Le cabinet des prototypes de la cristallerie de Vallérysthal illustre à merveille l’emboîtement des éléments de patrimoine : un modèle de cruche en cristal en représente un incrément élémentaire (positionné en B dans notre triangle), la collection complète un patrimoine d’une dimension démultipliée, la cristallerie toute entière incluse dans son environnement et hébergeant en elle le saint-des-saints venant coiffer tout le reste. En même temps, ce cabinet nous introduit dans le domaine de l’immatériel : ces prototypes ne sont-ils pas la matérialisation la plus éclatante des savoir-faire et de la culture des verriers du XIXe siècle et du XXe siècle? Même déconnectée de sa manifestation physique (les prototypes), cette culture reçue en héritage reste encore gravée dans les mémoires, elle est objet de fierté des habitants de ce pays, les historiens la consignent dans leurs publications, elle est inaliénable en tant que patrimoine reconnu et protégé. De nature immatérielle, occupant le pôle C de notre représentation équilatérale.
Il nous reste à positionner notre document d’archives, qui « signe » en quelque sorte la « révolution industrielle du Moyen Âge ». Pour l’archiviste, il se compose de la substance du parchemin – la composition chimique des peaux, avec quelques modifications – additionnée de celle des encres, dont quelques métaux : des molécules, donc de la matière, voilà par excellence un « patrimoine-matière » tout prêt à rejoindre le pôle B de notre triangle, celui de droite. Mais pour l’historien, ou l’archéologue presque aussi friand de documents, ce qui importe, et prévaut, ne réside pas dans les propriétés du support ni le chimisme de l’encre, mais bel et bien dans le message véhiculé par ces formes dessinant des lettres qui composent un texte. Totalement immatériel, ce message rejoint naturellement le pôle C. Aux fins de contenter l’ensemble des parties, nous positionnerons notre document d’archives dans une aire allongée le long du côté BC de notre triangle!
Archéologie industrielle ou patrimoine industriel?
Nous en arrivons au point sensible de cet essai épistémologique, l’identité – ou son contraire le non recouvrement – de l’archéologie et du patrimoine industriels. Sans perdre de vue notre triangle du patrimoine, opposons-le à la définition de l’archéologie. Cette dernière s’adresse à de la matière dans une démarche de terrain : elle embrasse donc la bande qui borde le côté droit de notre triangle (AB). Cela n’interdit pas que l’archéologue vienne à manifester quelque curiosité à l’adresse de la culture des sociétés qui ont laissé ces vestiges, de leur histoire à travers les sources qui la documentent. Mais le fonds de commerce de l’archéologie embrasse la matière, dont nous avons bien perçu l’imbrication subtile des formes anthropiques et naturelles. Cette dernière remarque pour exprimer le fait que l’opposition si contrastée entre le patrimoine « culturel » et le patrimoine naturel, que cultive avec persévérance l’UNESCO, est un cas d’école de faux problème. D’ailleurs le patrimoine naturel – prenez un volcan par exemple, ou la forêt amazonienne – de tout temps scruté par les hommes, qui leur inspire leurs croyances ou exerce sa force de fascination, ne possède-t-il pas son côté culturel?
Nous venons de voir qu’une partie du champ du patrimoine échappe à l’investigation archéologique. Nous nous interrogerons plus loin de savoir si, dans l’aire de la matière, des objets non-patrimoniaux n’intéresseraient pas l’archéologue. Mais allons plus loin dans l’analyse de cette dissemblance. L’archéologie est une science, depuis qu’elle en respecte le cahier des charges (rigueur dans la démarche, objectivité, universalité, progrès et cumul du savoir, acceptation de se soumettre à des protocoles de contrôle…), en gros depuis un siècle ou un peu moins, selon les régions. Même si on l’assigne au statut de discipline (la science affectionne de s’auto-cloisonner), elle n’en reste pas moins une science exacte, bien qu’humaine, se distinguant par là de l’Histoire. En effet, elle use de protocoles étonnamment proches de ceux mis en oeuvre par les chercheurs en sciences de la Terre, voire superposables en tous points, et s’efforce de laisser la plus petite place possible à l’interprétation car elle s’assoit sur l’observation directe de la matière. Le patrimoine n’est certes pas une science, mais une collection d’objets, telle que l’UNESCO s’en est énamourée à en pratiquer le catalogage. Nous pouvons certes remplacer « patrimoine industriel » par « étude du patrimoine industriel », cette dernière cependant trouvera plus difficilement sa place au rang des disciplines. Sa porte d’entrée en effet n’est pas une interrogation scientifique, son sujet lui est imposé par la conjoncture, ce qui n’exclut pas, dans un deuxième temps cependant, que le chercheur ne développe des problématiques intelligentes ou des itinéraires transversaux à partir des objets qu’il appréhende. Épistémologiquement, l’archéologie industrielle et l’étude du patrimoine industriel se révèlent ainsi fort dissemblables.
L’héritage industriel, du patrimoine?
Dans notre exposé lors des journées patrimoniales de Saint-Étienne conçues par le Département des Patrimoines et paysages culturels de l’Université Jean Monnet, nous avons présenté des clichés réalisés lors de nos voyages d’étude. Ainsi une usine abandonnée dans la banlieue de Brasov (Roumanie), effrayante accumulation de pans de murs, de hangars en fer ou en béton dans un état de semi-ruine, entourés de montagnes de décombres. Qui se préoccupe d’un tel site? Un héritage certes, mais que personne sans doute ne songe à ériger au rang de quelque chose de précieux, encore moins s’en faire l’appropriation. L’opération patrimoniale est justement ce processus d’appropriation et de prise en considération. Un vestige n’est pas un patrimoine. Des centaines de milliers de lieux semblables parsèment la planète, à commencer par ces friches industrielles dans nos villes ou nos villages qui n’intéressent personne – la patrimonialisation ne s’est pas produite – et dont les élus n’ont de cesse que d’exiger leur éradication. Ces friches échappent à notre triangle du patrimoine comme animé d’une force centrifuge irrésistible en direction d’un ovale qui viendrait l’englober, celui de la déshérence.
Mais il y a pire. Rendez-vous sur le net et explorez les images des parages de Rio Tinto, en Andalousie. Les paysages de désolation que vous y découvrez sont l’héritage de l’extraction du cuivre et des métaux, et de leur traitement par lixiviation, par cémentation ou par divers processus métallurgiques. Ces étendues stériles et empoisonnées sont-elles à considérer comme patrimoine? Certes elles sont l’éclatante démonstration des conséquences désastreuses pour les environnements, pour la biosphère et pour la qualité de vie de certaines pratiques de l’industrie. Certes elles exposent des colorations inattendues autant que contrastées, oscillant entre la gamme des oranges passant aux rouilles, ou les teintes noires, lie de vin ou violacées. Une certaine poésie même s’en dégage selon le regard qu’on lui voudra porter, et revisitant notre définition du patrimoine, une invitation s’impose ici à se questionner sur les valeurs qui font qu’un héritage peut être considéré comme « précieux » : l’esthétique bien sûr (ici à travers les couleurs), la rareté, la potentialité de l’objet à apporter de la connaissance (son côté éducatif), le renforcement de l’identité culturelle (par exemple une langue). Dans le cas de Rio Tinto, hors l’esthétique d’un paysage, c’est la troisième de ces propositions qui peut être mise en avant. C’est pourquoi l’écomusée de Rio Tinto use d’artifices – comme la remise en état d’un chemin de fer – pour attirer les touristes et aiguiser leur appétence à déchiffrer ces montagnes de friches. À Rio Tinto, comme en des centaines d’autres lieux[8], nous nous positionnons dans une culmination du déploiement de l’héritage industriel, mais sur un plan dont l’assimilation au patrimoine fait débat. Dans une conférence tenue au Collège de France en 2016, nous avions appelé cela « la planète fatiguée »[9].
Ce n’est pas le cas d’une immense foule d’autres lieux, tout autant hérités de la pratique de l’industrie. Ainsi, les boues rouges résiduelles du procédé Bayer du traitement des bauxites, pratiquée à Gardanne (région PACA) forment au fond de la Méditerranée un nuage de 95 kilomètres de plus grande dimension : héritage industriel mais pas « patrimoine ». Les déblais miniers engloutis de Colombie Britannique (molybdène), d’Alaska (or), du Groenland (plomb-zinc), de Turquie, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou encore de Norvège se rangent dans la même veine. Les champs d’épandage des industries de la chimie, des cokeries, des raffineries créent des bassins de sédimentation juxtaposant leurs couches stratigraphiques dans les creux de la surface de la Terre. Nous avons appelé cela « la face grise du legs industriel ».
Une dimension supplémentaire dans l’horreur est constituée par la horde des déchets industriels non contrôlés, eux aussi édificateurs de stratigraphies. Ainsi les sédiments mercurifères en Slovénie ou en Guyane, ou encore la pollution des sols, et en particuliers des tourbières, excellents enregistreurs des modifications environnementales. Le fond de l’abjection est atteint par les dépôts d’effluents industriels issus de ruptures ou de déchirures catastrophiques. Ainsi les 140 000 tonnes de matériaux de halde et de résidus de lavage issus d’un glissement de terrain à Aberfan (Pays de Galles, 1966), causant la mort de 144 personnes dont 116 enfants. Ainsi ces coulées boueuses répétitives des dernières années, en Roumanie, en Colombie Britannique, au Colorado, au Mexique ou au Brésil.
Enfin, le réchauffement climatique n’est-il pas une conséquence d’un développement industriel inflationnaire? L’héritage industriel n’est-il aussi l’accélération de l’Anthropocène? De ces réflexions, un constat s’impose : bien des éléments de cet héritage se trouvent rejetés hors de notre triangle du patrimoine. C’est pour cette raison que nous avons introduit le losange de l’héritage. Notre triangle se voit en effet complété d’un triangle BCA’ qui s’accole au précédent sur le segment BC, mais orienté la pointe en bas. Le pôle A’, pendant symétrique du pôle A, exprime l’héritage de la nature dans ce qu’elle offre d’hostile à la vie, telle une coulée boueuse. Les friches laides, les contaminations en métaux lourds des sols, des sous-sols et des fonds marins, l’exploitation irréfléchie des ressources minérales et le réchauffement climatique se succèdent sur le côté BA’. L’exploitation industrielle irraisonnée des ressources de la biosphère (forêts d’Amazonie ou d’Indonésie…) occupe le côté CA’. Nous avions nommé antipatrimoine le contenu de ce triangle du bas. Comme par un effet de symétrie étendu à notre losange, l’archéologie s’intéresse au segment BA’, un intérêt d’autant plus justifié que les problématiques soulevées ouvrent au dialogue avec les sciences de l’environnement, et par là même au débat sur le devenir d’une planète blessée.
Nous voilà armés dès à présent pour une représentation graphique des champs respectifs de l’archéologie des mondes industriels et de l’étude du patrimoine industriel, en toute indépendance des nuances d’ordre épistémologique énoncées plus haut. Traçons deux cercles sécants A et B, mais assez franchement décalés. Celui de gauche figure l’archéologie, celui de droite l’étude du patrimoine. Dans le cercle A, la zone qui n’est pas partagée avec B contient les objets de l’héritage non patrimonial, ceux du triangle d’en bas. La zone commune aux deux cercles héberge les actions les plus apparentes des chercheurs, celles qui constituent le miel des publications de nos revues. La partie isolée du cercle de droite renferme tout ce qui est de nature immatérielle, comme les traditions des ouvriers verriers de la cristallerie de Vallérysthal.
Conclusion
Dans cette contribution, nous n’avons pas du tout abordé les sujets qui préoccupent les populations héritières de l’industrie, les aménageurs, les pouvoirs publics, les sociétés savantes ou les citoyens : que faire de cet héritage? Car là est un autre débat (qui a été exposé à l’occasion de la master-class tenue à Saint-Étienne le 14 février 2020), qui ne peut être engagé efficacement qu’en se nourrissant des prolégomènes développés ici. On retiendra en premier lieu que le concept d’archéologie industrielle tirera bénéfice à se voir remplacé par l’expression « archéologie des mondes industriels », beaucoup plus en nuances et qui sous-tend l’extraordinaire diversité des situations industrielles dans l’espace et dans le temps, mettant un terme à la toute-puissance de cette prétendue « archéologie de la révolution industrielle ». Nous avons ensuite apporté la démonstration de l’avantage qu’il y avait à se doter d’une cartographie simple du patrimoine, qui tient dans un triangle équilatéral. Cette démarche, nous l’avons abordée tout en douceur par la revue de quelques cas d’école « géoréférencés » dans un deuxième temps sur notre carte. Mais cette approche nous offre en même temps des outils pour une confrontation utile des deux concepts d’archéologie et d’étude du patrimoine. Les postures des artisans de la recherche dans ces deux domaines ne sont pas les mêmes, mais surtout les champs qu’ils abordent ne se recouvrent que partiellement. La dernière diapositive de l’exposé tenu à Saint-Étienne voulait montrer dans une vision holistique les liens qui unissent l’archéologie des mondes industriels, en position à peu près centrale sur notre tableau, à une galaxie de domaines de recherches apparentés : histoire des sociétés, des économies, des techniques, des énergies, transition énergétique, identification patrimoniale, reconversions et territoires durables, face grise de l’héritage industriel, gestion des paysages hérités, mécanismes des contaminations, éclairage sur l’épuisement des ressources, en rapport avec l’interrogation des sciences de la Terre et l’éclairage de celles de l’environnement. Décloisonnés, traités dans une perspective de transdisciplinarité, ces secteurs de la recherche fondamentale et de ses applications se révèlent féconds pour la compréhension des enjeux de nos sociétés.
Parties annexes
Notes
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[1]
Cet article n’est qu’un condensé de la question. Pour son approfondissement, nous invitons le lecteur de se reporter au Manuel d’archéologie industrielle (Fluck 2017a).
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[2]
On pourra trouver ce tableau, hors le manuel déjà cité, dans le site FORCOPAR : https://www.slideshare.net/Forcopar/archeologie-des-mondes-industriels-pierre-fluck/1
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[3]
J’ai fouillé pendant 7 ans (2013-2019) cette authentique cité ouvrière, pur produit du décollage des années 1520.
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[4]
Une collection de machines de Watt sont ainsi dispersées dans la basse vallée de l’Approuague.
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[5]
Réalisé pour la quasi-totalité à l’occasion des missions de l’auteur de cet article, le fonds photographique du CRESAT, partagé avec FORCOPAR, se compose d’environ 40000 clichés de sites et paysages industriels embrassant l’ensemble du monde occidental.
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[6]
Sources : Archives départementales de Meurthe et Moselle. B 952.
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[7]
La machine Boulton & Watt de 1788 du Science Museum de Londres « rentrerait » évidemment dans le pôle B.
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[8]
L’île d’Hashima, au Japon, en est une autre éclatante démonstration.
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[9]
Voir l’enregistrement de la conférence : https://www.college-de-france.fr/site/georges-calas/seminar-2015-03-24-16h30.htm
Bibliographie
- Fluck, Pierre, 2017a, Manuel d’archéologie industrielle. Paris, Hermann.
- Fluck, Pierre, 2017b, « Le débordement patrimonial, ou la juste place du patrimoine ». Dialogues mulhousiens, Patrimoine(s) 1 : 9-25, en ligne : http://www.ccpm-asso.fr/files/downloads/fluck-pierre-debordement-patrimonial.pdf
- Fluck, Pierre, 2017c, « Vers une cartographie de l’héritage ». Akadémos 35 : 25-36.
- Fluck, Pierre et al., 2019, Regio Mineralia, Les mines au Moyen Âge en Forêt-Noire et dans les Vosges. Mulhouse, Université de Haute-Alsace et Éditions du Patrimoine Minier.
- Fluck, Pierre, Delphine Bauer et J.-François Bouvier, 2020, Le prolétariat de la Renaissance. Soultz, Éditions du Patrimoine Minier.