Volume 37, numéro 1, 2015 Exposer les paysages sonores Exhibiting Soundscapes Sous la direction de Marcia Ostashewski et Michael Frishkopf
Sommaire (14 articles)
Articles
-
Introduction
-
Exhibiting Music in a Sound Community
Jeff Todd Titon
p. 23–41
RésuméEN :
Exhibiting music in a sound community announces the presence and potential of an ecological rationality. Two or more beings co-present to each other in sound resonate at the same frequency with one another and comprise a sound community. Co-presence in sound is intersubjective and relational, a subject-to-subject resonant and reciprocal way of knowing, rather than a subject-to-object, asymmetrical and manipulative knowledge. In a sound community music is communicative, as natural as breathing, participatory and exchanged freely, strengthening and sustaining individuals and communities. A sound community exhibits a sound economy, just, participatory and egalitarian. Wealth and power are widely distributed and shared, and maintained through the visible hand of democratic management. A sound economy is based in a sound ecology where exchanges are based in honest signals that invite reciprocity and trust. In a sound ecology, sound being and sound knowing lead to sound action, which is cooperative, mutually beneficial, and just.
FR :
Exposer la musique dans une communauté introduit la présence et le potentiel d’une rationalité écologique. Deux êtres ou plus, présents l’un à l’autre dans le son, résonnent à la même fréquence l’un et l’autre et constituent une saine communauté de son. La coprésence sonore est intersubjective et relationnelle, sur le mode du savoir réciproque et évocateur de sujet à sujet, plutôt que sur le mode du savoir manipulateur, asymétrique, de sujet à objet. Dans une saine communauté de son, la musique est communicative, aussi naturelle que le fait de respirer ; elle s’échange librement, elle invite à la participation, elle renforce et nourrit les individus et les communautés. Une saine communauté de son fait preuve d’une économie saine, juste, participative et égalitaire. Richesse et pouvoir sont largement répartis et partagés, et entretenus par la main visible de la gestion démocratique. Une économie saine s’enracine dans une écologie saine où les échanges sont basés sur des signaux honnêtes qui invitent à la réciprocité et à la confiance. Dans une saine écologie de son, l’être sensé et le savoir sûr conduisent à la production intelligente du son, qui est coopérative, mutuellement bénéfique et juste.
-
Singing For Frog Plain: Representing Canadian/Metis Relations through Falcon’s Songs
Monique Giroux
p. 43–64
RésuméEN :
Pierre Falcon is the earliest known Metis composer. Born in 1793 in Fort La Coude (Elbow Fort) in what is now west-central Manitoba, his adult life spanned the “Golden Years” (Shore 2001) of the western Metis nation. Known as the Bard of the Prairies, Falcon’s songs drew on events of local importance during this period, providing a means to remember and share Metis history, and to solidify a sense of Metis nationalism. Beginning in the late-1800s historians, novelists, folklorists, journalists, and musicians began turning their attention to Falcon, resulting in a strikingly large number of popular and academic references to his life and songs. While these references are varied, together they tell a story about the relationship between Canada and the Metis Nation. On the one hand, references to Falcon often draw from, and in fact help create, images of the Imaginary Indian (Francis 1992). Yet on the other hand, many references to Falcon erase his Indigeneity, or blend his Metis identity seamlessly into a Franco-Manitoban, or western Canadian identity. These seemingly contradictory representations, as I will argue in this paper, ultimately point to the ambiguous positioning of Metis people as Indigenous peoples, and speak to an obsession with mixed-ness that denies the Metis their full and authentic Indigeneity.
FR :
Pierre Falcon est le premier compositeur métis connu. Né en 1793 à Fort La Coude (Elbow Fort) dans ce qui est aujourd’hui le Manitoba du centre-ouest, sa vie d’adulte a coïncidé avec « l’âge d’or » de la nation Métis de l’Ouest. Surnommé le « barde de la Prairie », Falcon s’inspirait pour ses chansons des évènements de l’époque importants au niveau local, procurant un moyen de se souvenir et de partager l’histoire des Métis et de consolider le sentiment du nationalisme métis. À partir de la fin du XIXe siècle, historiens, romanciers, ethnologues, journalistes et musiciens ont commencé à s’intéresser à Falcon, ce qui a produit une quantité remarquable de références, tant populaires que savantes, à sa vie et ses chansons. Bien que ces références soient diverses, considérées dans leur ensemble elles racontent l’histoire des relations entre le Canada et la nation Métis. D’un côté, les références à Falcon s’inspirent souvent de l’image de « l’Indien imaginaire » qu’en fait elles contribuent aussi à créer. Et pourtant, d’un autre côté, nombre de références à Falcon font disparaître son indigénéité, ou mêlent sans heurts son identité métisse à une identité franco-manitobaine ou canadienne de l’Ouest. Ces représentations apparemment contradictoires, comme je l’avancerai dans cet article, mettent finalement en exergue le positionnement ambigu du peuple métis en tant que peuple autochtone, et évoquent une obsession du mélange qui dénie aux Métis leur indigénéité authentique pleine et entière.
-
Modern singing sons of the Pharaohs: Transcriptions and Orientalism in a Digital Coptic Music Collection
Carolyn M. Ramzy
p. 65–88
RésuméEN :
In 2009, the U.S. Library of Congress officially launched the Ragheb Moftah Collection, an online exhibit that presented the largest music archive of Coptic liturgical recordings and music transcriptions outside of Egypt. Moftah, an amateur Egyptian collector, had commissioned an English composer, Ernest Newlandsmith, to notate and record the entire Orthodox hymnody. They both believed that, as the last connection to a Pharaonic and pre-Islamic past, the ancient melodies lay unchanged, “buried under a debris of Arabic and other ornamentation.” Drawing on Wendy Cheng’s notion of strategic orientalism (2013) and Timothy Mitchell’s staging modernity (2000), I explore contemporary discursive politics of sound archives in the Coptic community. Specifically, I investigate the role of Coptic music archives in articulations of community legitimacy, indigeneity, and agency as a religious and political minority in a Muslim majority nation. How have today’s cantors and activists rendered western transcriptions as sound objects which to negotiate authenticity as Egypt’s last remaining “modern sons of the pharaohs,” even without being able to read them? As the principal curator of the site, I explore how Western scholarly encounters have not only entangled Coptic music discourses in a western-centered teleology of modernity and progress, but in emulating the West, also infused them with orientalist critiques that equated heterophony and embellishments to “Arab debris” that marked signs of backwardness.
FR :
En 2009, la Librairie du Congrès, aux États-Unis, a procédé au lancement officiel de la Collection Ragheb Moftah, une exposition en ligne qui a présenté les plus grandes archives musicales d’enregistrements de musique liturgique copte et de transcriptions musicales hors d’Égypte. Moftah, un collectionneur égyptien amateur, avait missionné un compositeur anglais, Ernest Newlandsmith, pour qu’il note et enregistre l’intégralité de l’hymnodie orthodoxe. Ils croyaient tous deux que les anciennes mélodies étaient demeurées inchangées depuis leurs derniers liens avec un passé pharaonique et préislamique, quoique « enterrées sous des débris arabes et autres ornementations ». À partir de l’idée d’orientalisme stratégique de Wendy Cheng et de la mise en scène de la modernité de Timothy Mitchell, j’explore les politiques discursives contemporaines des archives sonores de la communauté copte. J’examine en particulier le rôle des archives musicales coptes dans leurs articulations avec la légitimité communautaire, l’indigénéité et l’agentivité de cette minorité politique et religieuse dans une nation majoritairement musulmane. Comment les chantres et les activistes d’aujourd’hui ont-ils rendu les transcriptions occidentales sous forme d’objets sonores avec lesquels ils négocient leur authenticité de derniers « fils modernes des pharaons » en Égypte, même sans être capables de les lire ? En tant que conservatrice principale sur ce site, j’explore la façon dont les rencontres savantes avec l’Occident ont non seulement emmêlé les discours musicaux coptes dans une téléologie de la modernité et du progrès occidentalo-centriste, mais aussi, en rivalisant avec l’Occident, les ont imprégnés d’une critique orientaliste qui assimilait l’hétérophonie et l’ornementation à des « débris arabes » représentant le signe d’une arriération.
-
Virtual (music) exhibits as critical spaces of community engagement: The diversitycapebreton.ca web portal
Marcia Ostashewski, Eric Favaro, Ely Rosenblum, Patricia Nalepa, Jana Zoric et Jelka Vukobratovic
p. 89–118
RésuméEN :
A great many Central and Eastern Europeans were among the laborers who immigrated to work in Cape Breton mines and steel mills in the 19th and early 20th centuries. Despite their continuing contribution to the region, Cape Bretoners of Eastern and Central European descent have been overshadowed in public memory and scholarship by the island’s more familiar Scottish and Acadian communities. This article addresses a project through which an international and interdisciplinary group of scholars living locally in Cape Breton and abroad, as well as numerous local community partners, aimed address this lacuna. The participants’ concrete objective was the production of a web portal – diversitycapebreton.ca – that opens up onto reams of curated digital material. These digital media complement the project’s program of public outreach. This article focuses on ways in which this digital curation project served (and continues to serve) as a space for the continual collaborative re-creation of communities and histories.
FR :
Bon nombre d’immigrants venus travailler dans les mines et les aciéries de l’île du Cap-Breton au XIXe et au début du XXe siècles venaient de l’Europe Centrale et de l’Est. Cependant, malgré leur contribution continue à la région, les habitants du Cap-Breton d’ascendance européenne centrale et orientale ont été éclipsés, dans la mémoire et le savoir officiels de l’île, par les communautés écossaises et acadiennes plus familières. Cet article porte sur un projet ayant rassemblé un groupe international et interdisciplinaire de chercheurs vivant au Cap-Breton et à l’étranger, ainsi que de nombreux partenaires des communautés locales, dans le but de combler cette lacune. Les participants avaient pour objectif concret la création d’un portail Internet – diversitycapebreton.ca – ouvrant sur des sphères de matériel muséal numérique, celles-ci venant s’ajouter à un programme de diffusion auprès du grand public. Cet article aborde la façon dont ce projet de conservation numérique a servi (et continue de servir) d’espace collaboratif de re-création continue de communautés et d’histoires.
-
Curating Ethnomusicology in Cyberworlds for Ethnomusicological Research: World Music in Wonderland
Michael Frishkopf, Michael Cohen et Rasika Ranaweera
p. 119–132
RésuméEN :
We describe a musical cyberworld as a virtual space for curating ethnomusicology, as well as for conducting research: the ethnomusicology of controlled musical cyberspaces. Our cyberworld differs from most online music curation in enabling immersive, social experience. Considering such cyber-exhibition of ethnomusicological research as itself a form of social and musical practice also calls for an ethnomusicology of such exhibits. Research in ethnomusicology has typically been conducted through qualitative fieldwork in uncontrolled settings. By contrast, we design a custom musical cyberworld as a virtual ethnomusicological laboratory, a platform for research geared towards better ways of designing online musical exhibitions for discovery, learning, and aesthetic contemplation, as well as contributing towards our general understanding of the role of music in human interaction and community formation.
FR :
Nous décrivons ici un cybermonde musical qui est à la fois un espace virtuel de conservation ethnomusicologique et un espace de recherche : l’ethnomusicologie des cyberespaces musicaux contrôlés. Notre cybermonde diffère de la plupart des collections musicales en ligne en ce qu’il permet une expérience sociale d’immersion. Si l’on considère qu’une telle exposition numérique de recherche ethnomusicologique est en elle-même une forme de pratique sociale et musicale, cela exige également de nous que nous fassions l’ethnomusicologie de telles expositions. En général, la recherche en ethnomusicologie s’est effectuée sous la forme de travaux qualitatifs en situations non contrôlées. En contraste, nous concevons ce cybermonde musical d’usage comme un laboratoire ethnomusicologique virtuel, une plateforme de recherche ayant pour finalité de meilleures façons de concevoir les expositions de musique en ligne pour la découverte, l’apprentissage et la contemplation esthétique, ainsi que pour la contribution à notre compréhension d’ensemble du rôle de la musique dans l’interaction humaine et la formation des communautés.
-
Popular Music as an Interpretive Device for Creating Meaningful Visitor Experience in Music Museums
Kathleen Wiens
p. 133–151
RésuméEN :
This article looks at modes of visitor engagement in a music museum setting. As curator for a gallery and collection of European music, I am tasked with representing musical cultures in Europe according to geo-political entity, community group, and genre. I present a case study in which popular music served to connect visitors with display content by instigating interest and creating a sense of personal context for the visitor. By presenting visitors with audio-visual content that was meaningful to them I was able to increase visit length to specific displays. In these cases, I used popular music as a didactic tool to guide visitors towards critical understandings of culture. It allowed me to simply and effectively represent nuances of musical behaviour and concepts of locality, innovation, and fluidity. Findings of the project stimulated thoughts and questions regarding the purposes and methods of representation within musical instruments museum display spaces.
FR :
Cet article examine les modes sur lesquels les visiteurs s’investissent en contexte muséal consacré à la musique. En tant que conservatrice d’un département muséal consacré à la musique européenne, j’ai pour tâche de représenter les cultures musicales de l’Europe en fonction d’entités géopolitiques, de groupes communautaires et de genre. Je présente une étude de cas dans laquelle la musique populaire a servi à connecter les visiteurs au contenu exposé en suscitant leur intérêt et en créant pour chaque visiteur le sentiment d’un contexte personnel. En présentant aux visiteurs des contenus audiovisuels qui avaient un sens pour eux, j’ai pu prolonger les temps de visite de certaines expositions en particulier. Dans ces cas, j’ai employé la musique populaire comme un outil didactique pour orienter les visiteurs vers une compréhension critique de la culture. Cela m’a permis de simplifier et de représenter efficacement les nuances du comportement musical et les concepts de localisation, d’innovation et de fluidité. Les découvertes permises par ce projet ont stimulé la réflexion et les questions relatives aux finalités et aux méthodes de représentation au sein des espaces muséaux exposant des instruments de musique.
-
Exhibiting Music: Case Studies in Imagining, Performing, and Collecting Sound
Ameera Nimjee
p. 153–173
RésuméEN :
Museums have long been thought of as “quiet” spaces, in which visitors walk slowly through galleries to look at material cultures in glass cases. Music and sound have begun to pervade the quiet spaces of museums in the forms of aural installations and performance-based programs. They are no longer galleries for solely visual engagement, but loud spaces in which visitors and audiences listen to recordings, experience live performances, and participate by themselves singing and playing in workshops, classes, installations, and impromptu demonstrations. This article explores three case studies in exhibiting music. The first is the exhibition Ragamala: Garland of Melodies, which was on display at the Royal Ontario Museum and sought to demonstrate the fluidity between the South Asian arts. The second is an investigation of some of the formal and informal performance-based programming at the Aga Khan Museum. The last case study focuses on a future project, in which collectors of Indian audio cultures will submit contributions to help construct a history of sound in India. Each case study is motivated by a series of central questions: what constitutes “exhibiting music”? What are the broader implications of and consequences for exhibiting music in each case? How does exhibiting music in a museum impact a visitor’s experience? What kinds of new stories are told in exhibiting music and sound? The three case studies respond to these questions and provoke issues and possibilities for further critical inquiry. They show that museums are dynamic spaces with incredible potential to inspire multi-experiential engagement.
FR :
On a longtemps pensé aux musées comme à des espaces paisibles, silencieux, dans lesquels les visiteurs se déplaçaient lentement en observant des objets de culture matérielle dans des vitrines. La musique et le son ont commencé à se propager dans les espaces tranquilles des musées sous la forme d’installations auditives et de programmes à base d’interprétations. Les galeries n’y sont plus des lieux d’investissement exclusivement visuel, mais des espaces bruyants dans lesquels les visiteurs et les différents publics écoutent des enregistrements, vivent des interprétations en direct et participent eux-mêmes en chantant et en jouant dans des ateliers, des classes, des installations et des animations impromptues. Cet article évoque trois études de cas d’exposition de la musique. La première porte sur l’exposition Ragamala. Guirlande de mélodies, du Musée royal de l’Ontario, qui visait à démontrer la fluidité des mélanges entre les arts de l’Asie du Sud. La deuxième interroge certaines des programmations formelles et informelles basées sur l’interprétation au Musée Aga Khan. La dernière étude de cas porte sur un projet à venir, dans lequel des collectionneurs de matériel culturel sonore de l’Inde proposeront des contributions pour aider à construire l’histoire du son en Inde. Chaque étude de cas est motivée par une série de questions essentielles : de quoi se constitue « l’exposition de la musique » ? Quelles sont les implications et les conséquences au sens large de l’exposition de la musique dans chacun des cas ? Comment l’exposition de musique dans un musée influe-t-elle sur ce que vit le visiteur ? Quels nouveaux types d’histoires se racontent dans l’exposition de la musique et du son ? Ces trois études de cas répondent à ces questions et suscitent des problèmes et des possibilités pour d’autres investigations cruciales à l’avenir. Elles montrent que les musées sont des espaces dynamiques ayant l’incroyable potentiel d’inspirer un investissement personnel multi-expérientiel.
Articles hors-thème / Open Topic Articles
-
Divination, pratiques de guérison et traditions islamiques parmi des femmes d’origine ouest-africaine à Montréal
Diahara Traoré
p. 175–192
RésuméFR :
À partir d’une enquête ethnographique, cet article examine des pratiques de divination et de guérison parmi des immigrantes musulmanes d’origine ouest-africaine à Montréal, montrant ainsi la dynamique dialogique entre ces pratiques et la construction du religieux en contexte migratoire. En utilisant un cadre conceptuel inspiré de la théorie de Talal Asad sur l’anthropologie de l’islam, l’article présente une description de pratiques divinatoires observées entre 2008 et 2010, ainsi que le rapport que les femmes qui y participent entretiennent avec celles-ci. En particulier, l’auteure décrit des séances de divination par les cauris, ainsi que les rituels et pratiques de protection qui en découlent parmi les femmes participantes. L’auteure présente également des pratiques de guérison telles que décrites lors d’entretiens avec 24 femmes ouest-africaines provenant du Niger, du Mali, de la Guinée et du Sénégal. Dans le contexte d’une pluralité religieuse croissante dans la région de Montréal, cette étude démontre que, même à l’intérieur d’une tradition religieuse établie (l’islam), diverses traditions sont négociées et (re)construites en contexte migratoire.
EN :
On the basis of an ethnographic study, this article examines divinatory and healing practices among Muslim women immigrants of West African origin in Montreal, therefore showing a dynamic of dialogue between these practices and the construction of religion in a migration context. Through the use of a conceptual framework inspired by Talal Asad’s theory of an anthropology of Islam, this article presents a description of divinatory practices observed between 2008 and 2010, as well as the relationship between the women and these practices. Specifically, the author describes sessions of divination by cowrie shells, and the rituals of protection that they entail. The author also present healing practices as described in interviews conducted with 24 women originating from Niger, Mali, Guinea, and Senegal. In a context of increasing religious pluralism in the Montreal area, this study shows that even within an established religious tradition (namely Islam), a diversity of traditions are negotiated and (re)constructed in a migration context.
-
Entrer dans la confidence : ethnographie, « cancans » et rapports de force au Brésil
Marina Rougeon
p. 193–215
RésuméFR :
À partir d’un point de vue réflexif, il s’agit d’analyser les jeux de rapports de force mus par une modalité d’interlocution en vigueur entre femmes proches dans le Centre-ouest brésilien, les fofocas – « cancans ». Ils se donnent à voir principalement dans les interactions intergénérationnelles par le biais d’une oscillation entre relations de complicité et de rivalité, et à partir de confidences, y compris dans la relation ethnographique. L’ethnologue est alors indirectement incitée à prendre parti pour l’une ou l’autre et plus largement pour des réseaux de proches. Les fofocas révèlent ainsi certaines caractéristiques des relations de proximité, les ambiguïtés affectives mais aussi les stratégies de domination qu’elles permettent d’établir. Ces éléments obligent à interroger les effets produits par la présence de l’ethnographe et son inscription dans ces réseaux de proximité. Quelles implications sur la recherche peut avoir le fait d’entrer dans la confidence ? D’autant que la circulation des fofocas a parfois des effets néfastes sur les corps et sur les esprits, qui sont l’objet d’anticipations et de traitements particuliers. L’analyse de ces situations d’interlocution met en évidence les logiques à l’oeuvre entre éloignement et rapprochement, ces paroles jouant un rôle central dans les relations de proximité et a fortiori dans la pratique de l’ethnographie.
EN :
From a reflexive perspective, this paper aims to analyse the game of power relationships driven by an interlocution modality between close women in central-western Brazil: fofocas – gossip. They mainly appear into intergenerational interactions, through an oscillation between complicity and rivalry relationships and through confidences, involving also the ethnographer. The ethnologist is indirectly invited to support one or another woman and more broadly, to support close people networks. Fofocas therefore reveal some characteristics of close relationships, emotional ambiguities and domination strategies which they enable to establish. Those elements lead to question the effects of the ethnographer’s presence and of his involvement into closeness networks. What are the consequences of sharing confidences on research? Especially as fofocas’ circulation may have harmful effects on bodies and minds, which are anticipated and treated in a singular way. This analysis of interlocution’s situations enhances the logics involved in distancing and rapprochement. It finally demonstrates fofocas’ central role into close relationships and consequently, into this ethnography.
Comptes rendus / Reviews
-
Vincent W MacLean. These Were My People: Washabuck, An Anecdotal History. The Cape Bretonia Research Series No. 2. (Sydney, NS: 2014, Cape Breton University Press. Pp. 416, ISBN 978-1-927492-90-1.)
-
Heather Sparling. Reeling Roosters and Dancing Ducks: Celtic Mouth Music. (Sydney, NS: 2014, Cape Breton University Press. Pp. xv + 356, index, ISBN 978-1-927492-98-7.)
-
Ian Brodie. A Vulgar Art: A New Approach to Stand-Up Comedy. (Jackson: 2014, University Press of Mississippi. Pp. 255. ISBN: 978-1-62846-182-4)
-
Philippe Descola et Tim Ingold. Être au monde. Quelle expérience commune ? (Lyon: 2014, Presses Universitaires de Lyon. Pp. 75. ISBN: 978-2-7297-0887-0)