Résumés
Résumé
Le rite des fiançailles est généralement considéré comme un prélude au mariage. Pourtant, l’examen de fiançailles contemporaines tend à montrer que le rite se détache du rituel de passage classique. Les fiançailles actuelles peuvent se présenter comme des rituels plus souples, volontaires, intimes et privés, où le sens de la fête est au rendez-vous. Les différentes formes que nous observons laissent entrevoir un rituel en redéfinition et supposent une relecture du rite en regard de la notion de passage, comme une étape en soi de la vie conjugale. Cet article propose donc une réflexion sur les fiançailles comme ritualité contemporaine. En s’appuyant sur trois témoignages, les auteures se questionnent principalement sur la singularité actuelle des fiançailles en tant que rite autonome par rapport au mariage. Quel est le sens de ces nouvelles fiançailles ? Quels sont leurs points de référence ? Quelle est l’importance accordée aux différents symboles matrimoniaux ? Assistons-nous à une certaine actualisation du mariage ? L’article examine les fiançailles dans leur morphologie, leur structure, les symboles qu’elles mettent en place, leurs fins et leurs valeurs pour tenter d’esquisser le rôle que prend l’acte rituel dans notre société d’aujourd’hui.
Abstract
The bethrothal rite is ordinarily considered as a prelude to the wedding. However, examining contemporary engagements tends to show that this rite diverges from the classical rite of passage. Contemporary engagements can be seen as more flexible, voluntary, intimate and private rituals, and evoke a festive mood. Observing different forms allows us to have a glimpse of a ritual in progress and implies a new understanding of the rite, using the notion of passage, as a step in itself towards marital life. Thus this article reflects on the engagement as contemporary rituality. Based on three interviews, the authors mainly question the current uniqueness of the engagement as an autonomous rite with regard to the wedding. What is the meaning of these new engagements? To what do they refer? What importance is granted to the different wedding symbols? Could it be a way of updating the wedding? The article examines engagements in their forms, structures and in the symbols they use, their goals and values, aiming to portray the recasting of the ritual act in today’s society.
Corps de l’article
Considéré comme un cas exemplaire de rituel systémique, le mariage est, parmi les rites de passage classiques, celui qui suscite probablement le plus de transformations sujettes à la création, voire à l’invention de nouvelles formes rituelles. Traditionnellement amorcé par l’annonce des fiançailles, le cycle du mariage atteint son point culminant avec la noce. Entre la décision du mariage et sa réalisation, il faut veiller à plusieurs préparatifs. Comme le souligne Martine Segalen, « le mariage commence bien avant le mariage » (Segalen 1998 : 104) et le rituel a beaucoup changé. De nos jours, les futurs époux cohabitent souvent ensemble avant de convoler en justes noces. La période de préparation est donc plus étalée dans le temps, ce qui donne une allure plus éclatée au rituel. Les lieux et les moments du mariage se sont multipliés ; il n’y a plus une seule façon de se marier selon le milieu social auquel on appartient. Le mariage n’est plus le seul moment privilégié de la vie d’adulte, d’autant plus qu’on peut se marier plusieurs fois avec la même personne ou avec des personnes différentes : mariage civil, mariage dans sa religion et/ou mariage dans la religion du conjoint. Plusieurs rituels comme celui de l’enterrement de vie de jeunesse ou le « shower »[1] ont évolué parce que le mariage est en redéfinition. D’autre part, si certaines coutumes sont en perte de vitesse ou disparaissent, d’autres parmi celles liées au mariage persistent ou sont en recrudescence. La robe de mariée, les cadeaux de noces, l’échange des alliances, l’envoi de faire-part, la séance de photographies de mariage ou le voyage de noces sont parmi les éléments constants qui définissent toujours la coutume du mariage.
Pour certains couples, l’entrée dans la conjugalité se fait souvent même en dehors du rituel du mariage. Examinant la formation actuelle des jeunes couples, la sociologue Denise Lemieux observe la perte des repères universels et leur remplacement par de nouvelles formes.
L’entrée dans la conjugalité autrefois bien identifiée par des rituels de fréquentations a perdu ses indicateurs fixes et universels de certains seuils ; l’entrée en couple se célèbre, mais de façons diverses, non obligatoires et à des moments très variés du parcours conjugal. On découvre en effet la persistance de rites sous des formes discrètes ou ostentatoires ou leur remplacement par d’autres mécanismes pour constituer les frontières qui font du couple une cellule sociale.
Lemieux 2003 : 61
On remarque ainsi que depuis deux décennies, le rituel des fiançailles, étroitement relié à celui du mariage, connaît une variabilité dans sa dynamique et sa symbolique. Selon l’Office de la langue française, le terme fiançailles signifie une « déclaration réciproque d’un homme et d’une femme qui prennent l’engagement moral d’entrer prochainement dans les liens du mariage ». Cette définition sous-entend que la finalité des fiançailles est la signature d’un contrat légal ou religieux entre deux personnes. Les fiançailles s’effectuent donc en vue d’un mariage. Cette façon de voir le rituel des fiançailles semble s’estomper et se nuancer. Actuellement, le rituel des fiançailles se modifie dans sa morphologie, qui emprunte des rites élémentaires au mariage, pour devenir une performance rituelle marquant un temps fort de la vie d’un couple, soit l’officialisation de l’engagement ou l’entrée dans la conjugalité[2]. Cela n’implique pas nécessairement un rejet radical des formes traditionnelles du rituel des fiançailles, ni de celles du mariage, mais plus précisément une sorte d’hybridation de ces deux rites. La question qui nous préoccupe est de savoir si le rite des fiançailles est en train de s’instituer comme un rite singulier, autonome, dans les trajectoires contemporaines de la vie individuelle de certains jeunes couples au Québec. La motivation des jeunes couples tend-elle à remplacer l’« irréversibilité » et la solennité d’un mariage par un autre acte social plus intime et personnalisé ? Ce phénomène pourrait-il résulter d’une volonté affichée de créer un rite d’engagement hors des sentiers religieux, sans pour autant mener à une union civile ? Quel est le sens de ces nouvelles fiançailles ? Quels sont leurs points de référence ? Assistons-nous à une reformulation des rituels matrimoniaux ou à une certaine actualisation du mariage ? C’est ce que nous avons tenté de vérifier en menant une enquête orale sur les fiançailles auprès de trois jeunes couples. Avant de nous attarder à l’exemple des fiançailles comme nouvelle ritualité, il n’est pas inutile de rappeler les principaux éléments du déroulement du rite au Québec, surtout au cours de la deuxième moitié du XXe siècle.
Des fiançailles classiques…
Généralement, au Québec, l’engagement mutuel des futurs époux se concrétise par l’offrande d’une bague de fiançailles de la part du jeune homme à sa promise. Ce cadeau, appelé aussi bague d’engagement, se fait le plus souvent en présence de la famille de la jeune fille à l’occasion d’une fête comme Noël ou Pâques. L’annonce des fiançailles est souvent suivie d’un souper de famille auquel d’ailleurs tout le monde est déjà convié. Au cours de ce repas, la bague de fiançailles est généralement exposée au centre de la table et les membres de la famille questionnent les fiancés pour connaître les projets de mariage et, surtout, la date. À moins de circonstances exceptionnelles, la durée des fiançailles varie peu et la moyenne est d’environ six mois, le temps requis pour que, une fois les familles mutuellement informées par l’annonce des fiançailles, le couple puisse s’affairer aux nombreux préparatifs du mariage.
Parmi ceux-ci, on note l’envoi de faire-part aux invités, la liste des cadeaux, la confection ou l’achat de la robe de mariée et des habits du marié, les préparatifs du repas (choix de menu et lieu de la réception), ainsi que la destination du voyage de noces et les réservations qui se rattachent à toutes ces démarches. C’est aussi pendant cette période que certaines filles, à l’instar de leurs mères et de leurs grand-mères, en profitent pour « monter leur trousseau »[3]. Toutefois, c’est généralement le couple qui s’occupe de ramasser tout le ménage, mobilier, literie, lingerie, etc. nécessaire à la nouvelle vie qu’il va entreprendre. Les cours de préparation au mariage, dont le but est de préparer spirituellement le couple à recevoir le sacrement, sont souvent requis pour un mariage religieux.
C’est donc dire que les fiançailles d’autrefois, plus homogènes dans leur déroulement, correspondaient à une période, plus ou moins longue, de préparation au rite du mariage, donc de marge selon la terminologie du modèle de van Gennep. On ne les assimilait pas uniquement à une cérémonie d’un jour, à une annonce à la famille soulignée par l’échange de bagues. De nos jours, il arrive que cette période des fiançailles soit prolongée au-delà d’un an, voire de plusieurs années, ce qui témoigne d’un changement profond des traditions du mariage alors que certains, pour qui l’étape des fiançailles est superflue, passent directement au rituel nuptial, sans vivre les fiançailles comme une phase de marge. D’autres couples célèbrent même leurs fiançailles sans avoir l’intention de se marier plus tard. Ces différentes formes de fiançailles laissent entrevoir que ce rituel est en redéfinition et supposent une relecture du rite en regard de la notion de passage, d’étape de la vie conjugale.
… aux fiançailles contemporaines
Pour mieux rendre compte et étudier le sens des fiançailles contemporaines, nous avons mené une enquête orale auprès de trois jeunes couples de la ville de Québec[4] et nous dressons ici un bref portrait du déroulement du rite raconté par trois jeunes filles qui nous ont livré leur témoignage[5]. Les trois jeunes femmes interrogées sont natives de la région de Québec et y résident toujours. Dans la jeune vingtaine, elles sont toutes issues de familles de tradition religieuse catholique, mais elles ne pratiquent plus aujourd’hui. Les trois se sont fiancées entre 2003 et 2005 et en moyenne un an après avoir rencontré leur compagnon.
Les fiançailles de Caroline
Caroline rencontre son compagnon durant l’été 2002, période intervalle qui correspond à la fin de ses études collégiales et au début de ses études universitaire en droit. Ils ont respectivement 19 ans et 25 ans. L’idée de s’unir se présente très tôt chez ce jeune couple qui décide de se fiancer un an après les débuts de leur relation. La proposition se fait à l’initiative du garçon : « Si dans un an, on est encore ensemble, on se fiance ! » Au mois de mars 2003, ils choisissent leurs bagues, de deux différents modèles, dans une bijouterie. Ils fixent ensuite la journée des festivités au 2 du mois d’août, à la même date que l’anniversaire de naissance du fiancé : « On voulait montrer à tout le monde que l’on s’aimait et que l’on s’engageait » (C.B., Coll. Catherine Arseneault, avril 2006).
D’après le témoignage de Caroline, les fiançailles se sont déroulées en deux temps et à deux dates. Premièrement, ils organisent un repas à son domicile familial, le samedi précédant la fête. Il s’agit d’une rencontre officielle qui sert à présenter l’une à l’autre les deux familles du couple. Le repas familial réunit les parents et les grands-parents des deux fiancés, la soeur de Caroline ainsi qu’un couple d’amis de la famille. Tout au long du repas, les bagues sont exposées au centre de la table. Les fiancés reçoivent également plusieurs présents tels qu’un album de photographies et une somme d’argent pour financer leur voyage estival.
Le samedi suivant, les fiançailles sont célébrées une deuxième fois, mais surtout entre amis. Pour cette soirée, le couple limite les invités à une quinzaine d’amis proches. Certains membres de la famille participent également à la fête en raison de l’anniversaire du fiancé. Afin de limiter les préparatifs de la fête, la réception se déroule dans la cour extérieure de la demeure du fiancé. Les invités sont conviés uniquement à la soirée, afin de permettre à la famille immédiate de célébrer l’anniversaire du fiancé. Au cours du repas d’anniversaire, pris au restaurant, des présents sont offerts au couple, dont plusieurs pièces de vaisselle, sachant que les fiancés projettent d’emménager ensemble prochainement. Peu avant l’arrivée des invités prévue vers 19h30, le couple revêt ses habits choisis « pour les fiançailles ». La fiancée porte un pantalon noir assorti d’un gilet court aux imprimés chinois et dans les tons rosés. Son compagnon est vêtu d’un jean et d’un gilet blanc, car « il n’aime pas trop s’habiller chic ». D’ailleurs, Caroline remarque : « Au moins, il portait du blanc ». Quand la vingtaine d’invités est arrivée, on leur sert un verre de vin mousseux. Puis les fiancés se dirigent au centre de la cour. Les invités sont assis en cercle sur des chaises d’extérieur autour d’un feu. Les fiancés prononcent « quelques petits mots » et échangent les bagues. Le fiancé prononce le premier ses voeux, en position à genoux, ce qui émeut sa compagne : « C’était presque une demande en mariage. » Une séance de photographies suit les voeux d’engagement, où les fiancés prennent plusieurs poses pour mettre en valeur leurs bagues. Par la suite, les amis du fiancé allument des feux d’artifices et la belle-mère de Caroline sert un morceau de gâteau à tous les invités. La fête continue librement et les gens s’entretiennent jovialement sur un arrière-fond de musique populaire. « Ça a été très convivial après que le point le plus traditionnel ait été fait [l’échange des voeux]. Ce n’était pas comme chez les riches, comme on voit dans les films avec un banquet et toutes ces choses-là. C’était plus simple[6] ». La fête se termine tôt dans la nuit.
Un an s’écoule entre la première rencontre du couple et la cérémonie des fiançailles. Ils emménagent ensemble deux ans plus tard. « Depuis que l’on est fiancés, on parle un peu du mariage. En espérant qu’à force d’en parler, je réussirai à le convaincre [le fiancé] ». Selon sa compagne, le fiancé ne croit plus au mariage depuis le divorce de ses parents. « Les fiançailles sont la plus grosse marche qu’il pouvait monter dans l’engagement ». Toutefois, Caroline espère toujours se marier à l’église : « C’est plus beau et c’est plus traditionnel de se marier à l’église qu’au palais de justice ». D’ailleurs, l’idée de souligner les différentes étapes de la vie du couple reste présente dans leur esprit. Ils ont décidé qu’après cinq ans de fréquentation, s’ils ne sont pas mariés, ils vont renouveler leurs bagues : « Cinq ans, c’est quand même rare. De nos jours des couples qui durent cinq ans, il n’y en a pas des tonnes ». Ils prévoient avoir des enfants dans deux ans. Comme le souligne Caroline : « Mon plan de vie fonctionne parfaitement ».
Les fiançailles de Catherine
Catherine commence à fréquenter son ami en 2002 durant sa première année universitaire. Elle est âgée de 19 ans et lui de 18 ans. L’idée de se fiancer est suggérée par son compagnon un an après leur rencontre. Ils s’entendent pour faire un échange de bagues devant leurs proches, sans aucune intention de mariage ultérieur. Ils prennent la décision de fixer la cérémonie un an plus tard afin de « réfléchir et de préparer la fête ». Ce laps de temps a pour effet d’estomper la spontanéité de la réception. Les invités sont limités aux membres de leur famille immédiate ainsi qu’à six amis. La date de la réception est d’ailleurs plusieurs fois déplacée afin d’harmoniser les horaires de tous. Les deux mères participent activement à l’organisation de la cérémonie. Ensembles, elles planifient et cuisinent un buffet froid, louent des chaises et de la vaisselle, décorent la cour extérieure, achètent des fleurs, etc. Les parents des fiancés partagent à part égale les frais de la réception comme cadeau de fiançailles. Parmi les autres préparatifs, les deux fiancés choisissent des alliances en or d’un modèle simple et identique.
La fête a lieu le premier août 2004 dans la cour extérieure du domicile des parents du fiancé. Elle débute en fin d’après-midi : apéritifs, détente, conversations et baignade tissent la toile de fond de ce rendez-vous estival. Malgré la consigne décontractée, la tenue vestimentaire adoptée par les invités est l’habit de ville, confortable et estival. Mentionnons que le blanc est favorisé par la gent féminine. Quant à la fiancée, elle porte une robe courte et blanche avec des fleurs exotiques brodées devant. De plus, pour compléter sa toilette, elle arbore des bijoux offerts par sa mère. Rapidement, un enchaînement de petites actions s’exécute pour mettre en place une mise en scène célébrant l’engagement mutuel des deux jeunes fiancés. Au centre de la cour, le père de la fiancée interrompt l’échange des bagues afin de contraindre avec humour « son gendre » à lui demander préalablement et officiellement la main de sa fille. En créant une rupture de l’acte symbolique, soit l’échange d’alliances, cette anecdote engendre un malaise pour certains spectateurs, mais permet également pour d’autres de « détendre l’atmosphère » en brisant la solennité de l’acte. Le père accorde sa bénédiction avec dérision et les fiancés échangent finalement leurs alliances. Aussi, ils doivent « improviser un discours » pour combler l’attente de leurs invités : « Ça ressemblait plus à un toast et à des remerciements qu’à des voeux d’engagement » (C. A., Coll. Catherine Arseneault, avril 2006). En raison de son caractère traditionnel et « public », l’échange de voeux semble être ici une constante du rite. Cette action est d’ailleurs pressentie par la fiancée comme un passage obligé du rituel. Les félicitations, arrosées de champagne, sont accompagnées d’une séance de photographies.
Quelques cadeaux sont offerts par les invités en guise de félicitations aux fiancés. Ces cadeaux, qui ne sont pas coûteux — un album photo, une bouteille de porto, forfaits dans des restaurants ou cartes d’entrée de cinéma —, soulignent en toute simplicité l’évènement et visent à renforcer la complicité du couple. L’heure du repas permet de clore ce moment particulier. Un buffet est disposé sur les tables extérieures. D’allure éclectique, il se compose de différents mets qui permettent de satisfaire les goûts divers des convives. Dans ce cas, le buffet est quelque peu personnalisé par les mets favoris des fiancés : sushis, rouleaux impériaux, fromages fins, tartare de saumon, différentes salades, desserts, boissons alcoolisées composent le menu. Lorsque le repas est terminé, la cérémonie prend une plus grande allure de fête et de folies. Quelques débordements festifs apparaissent. En maillot ou non, plusieurs sautent dans la piscine d’où s’élèvent des cris, des rires et des bousculades. D’autres invités, plus tranquilles, demeurent près du feu qui est allumé dès le coucher du soleil. La fête se termine aux petites heures du matin. Le lendemain matin des fiançailles, le rituel est clos par un déjeuner copieux partagé au restaurant avec les beaux-parents de Catherine. Deux ans plus tard, à l’été 2006, le jeune couple emménage en appartement. Aucun mariage n’est encore prévu.
Les fiançailles d’Andrée-Anne
Le dernier cas exposé ici met explicitement en relief les différentes caractéristiques des rites de passage contemporains. Andrée-Anne rencontre son ami en 2002 durant ses études collégiales. Ils sont tous les deux âgés de 17 ans. Deux ans plus tard, la jeune femme exprime clairement à son ami le désir de se fiancer afin de faire « franchir une autre étape d’engagement » au couple (A.-A.T. Coll. Catherine Arseneault, avril 2006). La réponse immédiate de son compagnon est qu’il n’est pas prêt. Aussi, pendant près d’un an, le sujet des fiançailles est une source de quiproquos chez le couple, puisque le futur fiancé ressent toujours de l’incertitude. Entre-temps, le couple a pour projet de faire un voyage de trois mois en Italie durant l’été 2005. Après plusieurs mois de réflexion (Andrée-Anne désire que la décision soit « commune, sincère et réfléchie »), ils s’entendent pour se fiancer en Italie. Avant de partir en Europe, l’ami de coeur d’Andrée-Anne achète, à ses frais et à l’insu de sa compagne, des alliances pour souligner leur engagement. À cette étape de leur vie, le voyage en Europe semble constituer un rite de la conjugalité et est considéré par les deux « comme un voyage de noces », mais également « comme une mise à l’épreuve de leur lien d’affection ». Les fiançailles représentent donc la réussite de cette entreprise.
C’est dans la ville de Vérone, à mi-chemin du voyage, que le fiancé décide de faire sa demande. Quoique planifiée avant le voyage, la préparation du rituel, une fois sur place, s’effectue sur un court laps de temps. Le fiancé propose à sa compagne d’aller s’acheter une robe pour passer la soirée dans un restaurant élégant de la ville. Andrée-Anne explique qu’ils ont décidé de se préparer séparément, afin qu’ils ne voient pas leurs tenues respectives avant le repas. Le rendez-vous est fixé en début de soirée, dans un jardin. Elle s’achète une robe noire, des bijoux et se coiffe dans sa chambre de l’auberge de jeunesse. Quant à lui, il réserve les places au restaurant, s’achète un costume et retourne se préparer à l’auberge[7]. Andrée-Anne précise que celui-ci doit montrer la bague de fiançailles au gardien de l’auberge de jeunesse afin de le convaincre de l’importance de la soirée et pour obtenir une dérogation pour l’heure du couvre-feu. Finalement, c’est au restaurant qu’il « la demande en fiançailles » ; ils partagent ensuite des voeux intimes et échangent les alliances. Andrée-Anne ajoute que le fiancé est très ému tout au long de la soirée : « Il se sentait prêt et je savais que l’engagement était d’autant plus sérieux. » En rentrant à l’auberge, ils ont respectivement téléphoné à leurs familles et à quelques amis afin d’annoncer la nouvelle.
Rituel beaucoup plus intime dans ce dernier cas, les fiançailles tendent ici à être à la fois une réflexion sur le statut du couple et un investissement personnel dans le couple par des valeurs d’engagement et de fidélité. « Les fiançailles sont pour moi autant une libération qu’une officialisation. On a besoin de faire cela sérieux dans une société où ce ne l’est pas, où les couples sont si volages ». Il est important de mentionner que ce couple n’a ni l’intention de se marier, ni l’intention de cohabiter : « Nous ne voulons pas emménager ensemble, car nous sommes très indépendants et nous croyons que cela va nuire à notre couple. Nous avons plutôt comme projet de retourner en voyage ».
Les fiançailles comme rite hybride
Une structure tripartite
Le rituel des fiançailles a généralement été étudié par les chercheurs comme faisant partie d’un rituel plus englobant, celui du mariage. Il est considéré comme un rite de passage, c’est-à-dire « un rite qui accompagne chaque changement de lieu, d’état, de position sociale et d’âge. [Les rites de passage] rythment le déroulement de la vie humaine, du berceau à la tombe » (Turner 1990 : 97). Selon le schéma de van Gennep, les rites de passage concernent les rites où les participants sont soumis à une séquence cérémonielle d’actes en trois temps : l’acte de séparation, l’étape de marge et l’agrégation. Pour van Gennep, les fiançailles correspondent traditionnellement à la période de marge du rite systémique total qu’est le mariage : « étant donné le nombre et l’importance des groupements affectés par cette union socialisée de deux de leurs membres [le mariage], il est naturel que la période de marge ait pris ici une importance considérable. C’est cette période qu’on nomme communément fiançailles » (van Gennep 1969 : 166).
Le déroulement du rite des fiançailles rappelle à la fois la structure du modèle tripartite de van Gennep et les trois phases de l’analyse de la fête — l’avant-fête ou les préparatifs, la fête elle-même et l’après-fête. En décortiquant le rituel des fiançailles selon les deux modèles, nous pouvons essayer de dégager leur structure et leur signification. L’acte de séparation, qui fait allusion à la phase préliminaire de Turner, correspond à la décision intime et privée de chacun des couples de se distinguer en officialisant leur engagement par des fiançailles. La décision réciproque et l’annonce aux proches composent cet acte de séparation qui mènera vers un nouveau statut du couple. L’acte de séparation s’inscrit dans l’intentionnalité même du projet. Chacune des trois fiancées a en effet exprimé l’idée de se « fiancer par choix » afin de « souligner leur amour » (C.B. Coll. Catherine Arseneault, avril 2006) et de « franchir une nouvelle étape d’engagement » (A.-A.T. Coll. Catherine Arseneault, avril 2006). D’ailleurs, Catherine et son fiancé ont pris le temps d’annoncer leur décision mutuelle à leurs familles et amis respectifs pour expliquer leur choix. L’acte de séparation par le rite des fiançailles exprime donc un besoin de différenciation face aux autres couples, principalement les couples d’amis. La phase préliminaire des fiançailles fait également référence à la période des préparatifs de la fête. Cette phase est découpée en plusieurs séquences temporelles d’actions qui se tiennent sur un court laps de temps, comme une journée, ou s’étirent sur une période prédéterminée. De l’achat des alliances à la préparation du buffet, des invitations, de la réservation au restaurant au choix de la tenue vestimentaire, c’est à cette étape que les éléments structurels de la journée de célébration des fiançailles se décident. De plus, la fébrilité engendrée par les préparatifs permet de teinter le quotidien, voire de rompre sa monotonie et ainsi de conférer une valeur festive à l’événement : « J’avais hâte aux fiançailles parce que l’on en parlait depuis un an. C’était comme attendre Noël » (C.A. Coll. Catherine Arseneault, avril 2006). Dans ses préparatifs comme dans les moyens qu’elle met en oeuvre, la cérémonie des fiançailles a tout d’une fête.
La célébration des fiançailles correspond à la phase liminaire du rituel. Qu’elle se fête à deux, en famille ou en groupe, la cérémonie implique nécessairement une mise en scène de l’engagement du couple. Aussi, la séquence temporelle des fiançailles se rapproche de ce que Martine Segalen appelle les « petits mariages » (1998 : 99). Elle se compose de plusieurs rites élémentaires propres au mariage, dont la demande formelle au père de la jeune femme, l’échange des voeux, l’échange des alliances, l’exposition des cadeaux, le repas, etc. Selon Segalen, ces « petits mariages » comportent beaucoup moins d’emphase rituelle : « Tout s’y raccourcit : la durée (un seul jour), le nombre de repas (un seul, le midi ou le soir), le nombre d’invités qui se restreint à la famille proche (père et mère, frères et soeurs et grands-parents), ne comptant plus que douze à quinze personnes au mieux » (Segalen 1998 : 100). Malgré cette contraction du rituel traditionnel, on retrouve une quantité de moyens mis en oeuvre pour parvenir à la réussite des festivités. Dans les témoignages retenus, certains rites apparaissent comme des constantes : l’unique repas, l’échange des voeux, des alliances et des cadeaux… Pour Catherine et Caroline, qui ont célébré leurs fiançailles entourées de leurs proches, la cérémonie s’apparente à ces petits mariages. Tandis que pour Andrée-Anne et son compagnon, qui ont privilégié un échange intime au restaurant, les fiançailles prennent une formule plus privée et personnalisée. Mais dans les trois cas, la cérémonie et la fête comme telle se contractent dans une journée, voire une soirée.
La dernière étape des fiançailles est celle de l’agrégation. Ainsi, nous considérons qu’un jeune homme et une jeune femme sont fiancés « officiellement » quand tout le milieu dans lequel ils vivent est informé de leur décision dûment motivée et les reconnaît comme fiancés. Dans la séquence temporelle, nous pouvons attribuer cette étape au rite élémentaire du « lendemain », où les fiancés et leurs familles partagent un repas qui permet de « cuver sa fatigue et son manque de sommeil… déjà repoussant les événements de veille au rang de souvenirs collectifs qui cimentent un groupe de parents et d’amis » (Segalen 1998 : 107). Cette étape s’est concrétisée pour Caroline et Catherine par un petit déjeuner en famille le lendemain des fiançailles. Pour sa part, Andrée-Anne et son compagnon ont tout de même tenu à partager la nouvelle avec leurs proches par téléphone, dès leur retour à l’auberge. Andrée-Anne raconte « qu’elle a eu du mal à s’endormir tant elle était heureuse de sa soirée » (A.-A.T. Coll. Catherine Arseneault, avril 2006).
Les fiançailles : un rituel festif
Les fiançailles actuelles que nous étudions tendent à se présenter comme des rituels plus souples, volontaires et intimes où les festivités et le sens de la fête sont invariablement au rendez-vous. À partir des témoignages, on observe que les fiançailles se déroulent principalement en deux temps, ce qui rend compte de la mixité de la fête. D’un côté, il y a les aspects cérémoniels du rite, de l’autre, les aspects festifs, spontanés et effervescents. La « cérémonie » correspond à ce que Caroline considère comme « la partie traditionnelle des fiançailles », soit l’échange de voeux et le don des alliances. Paradoxalement, ces deux rites élémentaires dérivent non pas des « fiançailles traditionnelles », mais plutôt du rituel du mariage. Ils sont d’ailleurs généralement accompagnés d’un autre rite, celui de la signature d’un contrat officiel. Dans le récit de Catherine, « la mise en scène de l’engagement », située au centre de la cour, concorde avec le caractère structuré et cérémoniel du protocole des fiançailles, sans toutefois lui attribuer le caractère irréversible du mariage. Dans ce cas, la mise en scène s’accompagne d’un rite « imprévu », mais non spontané, celui de la demande formelle en fiançailles, improvisée par le fiancé à la suggestion du père de Catherine. L’aspect cérémoniel des fiançailles d’André-Anne réside entre autres dans le décorum du voyage (Italie, restaurant élégant, tenues vestimentaires neuves préparées en secret). Quant à l’aspect festif, il se vit dans les moments spontanés de la journée ou la soirée, dans les conversations libres entre invités, dans les jeux et surtout dans les libertés offertes au moment du repas et des festivités qui l’accompagnent. Aux fiançailles de Caroline, les invités s’entretiennent librement dans la cour extérieure, autour du feu ou encore à la bordure du terrain au moment des feux d’artifices ; chez Catherine, le temps de la baignade octroie un temps de plaisir distinctif d’une soirée festive. Pour leur part, les fiancés de Vérone ont annulé leur sortie initialement prévue à l’Opéra (activité proposée par l’auberge de jeunesse) afin de profiter pleinement de la soirée au restaurant, et pour parcourir plus tardivement la ville de Vérone.
La mixité des fiançailles, perçues comme rituel festif, se traduit aussi par les moyens mis en oeuvre dans le rite. Ceux-ci peuvent dériver des différents symboles, gestes et attitudes faits ou évoqués par les protagonistes au cours de la cérémonie. Ces référents apparaissent consciemment ou inconsciemment durant la réception.
Les rites, en fait, s’inspirent de l’imaginaire d’une époque, c’est-à-dire le mettent en acte selon différentes logiques du moment. Les rites contemporains apparaissent donc plus comme des transformations (des changements de formes) que comme des transmutations (des changements structurels). Les invariants persistent ; ainsi l’homme demeure un être rituel parce qu’il est un être social, un être en interaction avec lui-même, les autres, ses milieux de vie.
Goguel d’Allondans 2002 : 57-58
L’importance accordée aux différents symboles matrimoniaux semble se préciser lors des préparatifs de la fête. Certains fiancés peuvent choisir d’offrir une bague sertie d’un diamant, d’autres de porter une tenue vestimentaire blanche, de faire une demande à genoux, d’organiser une célébration fastueuse largement décorée de fleurs, ou encore ils peuvent privilégier une célébration intime et spontanée dans un restaurant. De tous ces aspects, la bague est certainement un élément clé des fiançailles. Objet symbolisant l’union, elle prédomine dans le rituel, en soulignant l’importance de l’engagement. Dans les fiançailles d’autrefois, seule la promise portait la bague qui était choisie par le jeune homme, seul ou avec la fiancée (Lardellier 2005 : 60). Souvent, il s’agit d’un bijou de famille restauré ou encore d’un nouveau modèle choisi dans une bijouterie. Dans l’optique d’un futur mariage, la bague de fiançailles est habituellement sertie d’un diamant : « la plus dure des pierres précieuses exprime à merveille le caractère définitif de l’engagement contracté. Une bague ornée d’un diamant s’inscrit et inscrit la femme qui l’accepte dans la longue durée du lien conjugal » (Albert-Llorca 1997 : n.p.). Dans nos trois exemples, la bague de fiançailles fait partie du rite. Caroline et Andrée-Anne ainsi que leurs fiancés portent aujourd’hui des anneaux en or blanc, incrustés de petites pierres, tandis que Catherine et son fiancé ont plutôt privilégié de simples joncs en or jaune. On remarque que la bague de fiançailles tend à être remplacée par une alliance et que, à l’instar du mariage, les deux fiancés affichent mutuellement cette alliance. Or, la symbolique initiale de l’alliance consiste à être « un lien définitif entre deux individus et deux familles »(n.p.), ce qui était autrefois réservé au rituel du mariage. Cette signification ne semble plus persister de nos jours et les anneaux, par extension, symbolisent tout autant un engagement mutuel envers les fiancés.
Un autre moyen employé dans la mise en oeuvre des fiançailles, que l’on retrouve dans tout rituel matrimonial, est l’aménagement et le choix du site pour les fiançailles. Ce lieu peut être à la fois privé et personnalisé, ou encore public mais il doit posséder une ambiance propice à la cérémonie. Dans deux de nos témoignages, les fiançailles se déroulent pendant la saison estivale et les cours extérieures des propriétés familiales sont choisies et décorées de banderoles ou de lumières blanches, de fleurs naturelles ou spécialement plantées pour l’occasion, pour souligner l’événement. Comment ne pas y voir encore une similitude avec le mariage : « Comme les cadeaux, les fleurs en corbeilles et les plantes en pot sont le baromètre de l’aura sociale des époux et surtout de leurs parents » (Segalen 1997 : 156) Quant aux restaurants, ils fournissent un cadre luxueux et intime pour l’échange de voeux. Bref, comme le souligne Martine Segalen, « les lieux et les moments du mariage se diversifient » (151). Le choix de la date de la fête est également un moment important du rituel. La date des fiançailles est choisie avec soin par les fiancés, mais ils doivent parfois faire des compromis pour accommoder tous les invités car ceux-ci sont essentiels à l’accomplissement du rituel, ou pour s’assurer du bon déroulement de la cérémonie. Pour cette raison, la réception peut parfois coïncider avec une fête familiale qui regroupe déjà plusieurs convives. Les témoignages retenus illustrent ces situations : Caroline a dû faire deux fêtes, un repas familial et une soirée entre amis, qui coïncide aussi avec l’anniversaire du fiancé. Dans un rituel plus intime, si le choix de la date est en apparence plus simple, l’histoire d’André-Anne exprime plutôt la complexité de ce choix. D’une part, la décision de se fiancer a été le fruit de longues négociations entre Andrée-Anne et son ami et d’autre part, le fait d’intégrer les fiançailles au voyage en Italie, sans date précise, a mené à une déception chez Andrée-Anne qui s’attendait à ce que le projet se concrétise à Venise et non à Vérone.
Pour illustrer le côté festif du rituel, on peut distinguer plusieurs aspects qui soulignent une rupture de l’économie quotidienne et qui nous confirment que les fiançailles sont bel et bien un temps de la fête (Villadary 1968 : 28). En effet, le repas de fiançailles se déroule souvent autour d’une table de jours de fête. Qu’elle soit ornée d’une nappe scintillante, de rubans de papiers, de petites fleurs, ou encore soigneusement dressée par le personnel d’un restaurant haut de gamme, c’est à l’occasion du repas que les excès sont à leur paroxysme. Ainsi, le repas se doit d’être copieux, original ou encore dispendieux tandis que les boissons alcoolisées coulent à flot durant la réception. À l’instar du gâteau de noces, le dessert des fiançailles fait presque inconditionnellement partie de la réception. Lors des fiançailles de Caroline, on sert un gâteau qui fait l’enthousiasme de plusieurs invités puisqu’il est paré, en glaçage, d’une photographie du couple. À propos du repas, Catherine fait la remarque :« Lorsque l’on parle de mes fiançailles, mes amis font tout de suite allusion au buffet, à son ampleur. Nous rions toujours de la manière dont on s’est tous précipité dans la file pour aller se servir ». Ainsi, pour Martine Segalen, l’occasion du repas peut être qualifié de « nouvel espace d’interaction sociale ».
L’attitude des invités est d’autant plus importante dans un contexte de fête où l’on espère une reconnaissance du couple et une volonté de soutien de la famille et des amis. Dans ces exemples particuliers de fiançailles, la réception est en partie organisée ou payée par les parents. Plus que spectateurs, les parents peuvent jouer le double rôle d’acteurs et d’organisateurs. Toutefois, tout au long de la réception, ils laissent l’avant-scène aux fiancés. Dans le rituel contemporain des fiançailles, les amis ont également une place de choix. Ils sont présents au repas ou encore à la fin du repas, mais particulièrement aux festivités durant la soirée. Ils jouent le rôle principal de spectateurs, mais ils sont également acteurs des festivités. Les amis peuvent également être absents lorsque que la cérémonie se fait dans l’intimité des deux protagonistes principaux. Lors du repas, la participation des différents acteurs est à son comble, car tous veulent prendre la parole afin de raconter des anecdotes et donner leur « bénédiction » au couple. C’est un moment privilégié d’échange et de rencontre entre les familles des fiancés et les différents cercles d’amis. Ainsi, l’allégresse, la joie et la frénésie permettent et encouragent le simple rassemblement et la communication. Les félicitations sont de mise autant que les accolades et les cris de réjouissances.
Plusieurs autres éléments symboliques sont mis de l’avant lors des fiançailles, dont la tenue vestimentaire qui, à l’instar de la robe de mariée, « participe à l’efficacité du rituel en créant de l’émotion par la modification du corps des pieds à la tête » (Segalen 1976 : 12). On observe que la tenue vestimentaire s’agence avec la saison où se déroule la fête et contribue également à l’ambiance de la cérémonie. Dans le mariage, si « la robe blanche est symbole de gaspillage puisqu’elle ne sert qu’une fois » (12), celle-ci ne fait pas toujours partie du rituel des fiançailles. Au contraire, elle est souvent remplacée par une tenue propre, soignée et plus sobre. Caroline, qui souligne pourtant l’importance de porter du blanc pour son fiancé, arbore, elle, un pantalon noir et un gilet aux teintes rosées. Catherine et André-Anne s’achètent toutes les deux une robe, la première blanche aux imprimés de fleurs exotiques et la seconde, noire. Plus que la couleur, il semble que porter des vêtements neufs pour cette occasion spéciale soit plus important pour les fiancés. Enfin, cet événement sera immortalisé par les photographies souvenirs : « La photographie permet d’éterniser et de solenniser ces moments culminants de la vie sociale où le groupe réaffirme son unité » (15). Parce qu’il enregistre chaque moment de la célébration, l’appareil photographique est une composante essentielle du rituel. Deux des témoignages rapportent que le déroulement des fiançailles a laissé une place importante, aux moments les plus solennels, pour la prise de photos. Et les mêmes témoignages, ceux de Caroline et Catherine, ont mentionné avoir reçu en cadeau de fiançailles un album photos pour classer les photos de l’événement.
De surcroît, les différents moyens, gestes, symboles et paroles employés par les acteurs expriment un choix cérémoniel. Selon Laurence Hérault, ce choix cérémoniel ne découle pas de certaines habitudes ou traditions familiales. Il se base sur l’expérience qui « se constitue plutôt au coup par coup en s’actualisant diversement (positivement ou négativement) à chaque exécution rituelle familiale ». (Hérault 1997 : 174) Aussi, la séquence cérémonielle est le fruit de longues négociations entre les différents acteurs de la cérémonie, qu’ils soient les fiancés, les parents ou les invités. « Chaque élément rituel finalement mis en place n’est pas le résultat d’un transfert, mais celui d’une confrontation entre des intérêts parfois divergents » (175). Les témoignages rendent compte aussi de ces aspects : par exemple, les fiançailles d’André-Anne ont fait l’objet de longues négociations avec son compagnon ; pour trouver un terrain d’entente avec sa mère, Caroline a fait deux fêtes : le repas de famille et la soirée entre amis. Pour Catherine, c’est le menu du repas des fiançailles qui a fait l’objet de compromis : il s’est constitué principalement en fonction des goûts des fiancés, mais ils ont dû considérer les spécialités culinaires de chacun, le tartare de saumon de Michèle, le filet de porc de Jean-Marc, la salade de Claudie, etc. Bref, les nouvelles formes de fiançailles sont caractérisées par des pratiques de rupture d’espace, de rupture de temps, de rupture d’économie, des débordements qui rompent avec le quotidien et qui nous placent indéniablement dans le temps de la fête. Plusieurs de ces éléments rappellent ou réactualisent des rites et des symboles traditionnellement associés au mariage, ce qui fait aussi ressortir l’aspect rituel des fiançailles.
Les fiançailles comme nouveau rite de passage
Dès lors, ces « nouvelles noces » ou « petits mariages » renvoient non pas à des modèles, mais plutôt à des référents culturels. Dans un contexte plus large, cette idée de référents culturels rappelle la notion de bassin sémantique développée par Gilbert Durand, laquelle correspond à une construction systémique de l’imaginaire, soit un véhicule d’images orientées par la culture. La ritualité contemporaine évoque donc un imaginaire qui fait écho à « une aire géographique et une aire historique de cent cinquante ans environ, et/ou un air de famille, une isotopie, une homologie commune qui permet de relier épistémologie, théories scientifiques, esthétiques, genres littéraires, vision du monde » (Xiberras 2002 : 97-98). Dans cette optique, la ritualité devient un langage symbolique, tel un système de communication qui utilise les images et les symboles pour s’exprimer. Elle permet « de traduire l’imaginaire dans le réel » (33). Les fiançailles se composent donc de différents rites ponctués d’influences culturelles qui agissent comme des éléments symboliques dans la mise en scène de l’engagement mutuel du couple et de leur entrée dans la conjugalité. Cette mise en scène est légitime du fait que ses référents sont reconnus et partagés par les principaux protagonistes. Elle se construit à partir de schèmes hautement symboliques qui permettent une certaine souplesse dans l’imbrication des divers éléments. Comme en témoignent le récit des trois fiancées, l’échange de voeux, la robe blanche, le don d’alliances, le trousseau de départ comme cadeaux, l’environnement romantique, en sont des exemples marquants dont l’agencement est indéfini. Si certains éléments symboliques du rituel du mariage tendent à se fondre dans celui des fiançailles, faut-il y voir tout simplement une contraction des rites matrimoniaux par le remplacement de l’un par l’autre ou sommes-nous plutôt en présence de deux rites distincts vécus comme des moments forts dans la vie du couple, que celui-ci vivra de façon indépendante ? « Car les rites scandent à nos corps défendant tous les moments importants de nos vies intime, familiale, amicale et sociale, tour à tour solennels et festifs, mais toujours émouvants, et surtout inoubliables. L’une de leurs fonctions n’est-elle pas précisément de produire de la mémoire et de fabriquer des souvenirs ? » (Lardellier 2005 : 7) En multipliant les rites, la société actuelle offre-t-elle ainsi plus de moments à souligner, plus de temps pour faire la fête, comme une rupture nécessaire avec le quotidien ?
Aujourd’hui, il n’est plus pertinent de penser les fiançailles comme une étape de marge avant le mariage. À quel(s) passage(s) les fiançailles font-elles alors référence ? Martine Segalen voit dans le rituel du mariage plus qu’un passage.
Les mariages d’aujourd’hui, riches de nouveaux rituels, célèbrent tout autre chose que des passages. Issus de la volonté des jeunes (ou pas si jeunes) protagonistes qui ont depuis longtemps accédé aux nouveaux stades sociaux autrefois acquis uniquement par mariage (corésidence, sexualité, procréation), ces noces sont aussi l’expression d’un compromis entre le couple créé et la constellation familiale.
Segalen 1997 : 149
Les fiançailles marquent aussi un temps fort de la vie du couple, tout en permettant que sa signification soit reconnue et partagée par les pairs. Pour Denise Lemieux, cette signification partagée repose sur des modèles culturels existants. « C’est une diversité de gestes symboliques et de rituels que les couples adoptent pour signifier l’existence de leur couple mais ils le font en lien avec des modèles culturels hérités ou acquis » (Lemieux 2003 : 75). Ces différentes formes de rituels s’appuient d’ailleurs sur des références à la fois historiques, traditionnelles et familiales touchant le rite matrimonial. Si nous considérons les fiançailles comme un rituel distinct du mariage, il devient alors difficile de les percevoir en tant que période de marge. Dans cette perspective, les fiançailles ne signifient plus exclusivement l’enclenchement des préparatifs immédiats du mariage (Girard 2000 : 50). Dès lors, la marge devient l’« instant phare » d’une vie qui consolide au quotidien cette petite unité sociale qu’est le couple.
La marge colmate la béance ouverte par le passage. Elle est éminemment marge de sécurité. Je crois donc que les rites de passage ont pour fonction essentielle de manipuler symboliquement le temps de toutes les façons imaginables : de le retarder, de l’avancer, de le rendre plus rapide ou plus lent, de l’atomiser ou de le synthétiser… Et la manipulation symbolique du temps donne ainsi l’illusion qu’on le maîtrise, qu’on ne le subit plus dans l’impuissance.
Belmont 1986 : 17
Si elles ne sont plus un temps de marge, les fiançailles, tout en étant un moment fort de la vie du couple, acquièrent-elles leur autonomie comme un temps en soi, comme un rite indépendant ?
Un statut en redéfinition
Décision qui s’inscrit sur une base volontaire et individuelle, les fiançailles préservent leur rôle initial de rituel matrimonial. D’une part, elles permettent de marquer une transition dans le temps et, d’autre part, elles consolident un changement d’état du couple. Par l’acte de fiançailles, les différents couples viennent quérir l’institution d’un passage. Le changement d’état ne se réalise plus aussi aisément dans la communauté, car les fiancés endossent les attributs et la symbolique d’un nouveau statut encore mal défini et accepté par leurs pairs. Les fiancés sont-ils toujours célibataires ou en attente du mariage ? Sont-ils des conjoints de fait ? Les fiançailles ont pour effet d’entraîner une redéfinition des positions sociales traditionnelles : « Les rites de passage particulièrement sont à considérer comme négociation d’un nouveau statut. La société y apparaît à la fois comme système structuré et hiérarchique de positions et comme groupe d’individus communiant aux mêmes principes, ce qui tend à adoucir les distances entre positions sociales sans produire un nivellement » (Rivière 1995 : 55). Concrètement, le statut qui découle du rite actuel des fiançailles a une réception mitigée et confuse auprès des pairs : « Lorsque tu l’annonces aux gens, plusieurs te dévisagent comme une extraterrestre » (C.B., 2006). Les fiançailles ont souvent une connotation péjorative dans notre société actuelle où la vie d’un couple est précaire. La réaction est d’autant plus forte chez les jeunes où les valeurs de liberté, d’accomplissement, les idées de performance et de « jouissance de la vie » sont souvent rattachées au célibat. Nous constatons, avec un certain étonnement, que dans les témoignages, les deux premiers couples se fiancent avant de cohabiter, tandis que le troisième couple se fiance et n’a pas l’intention de corésider, même plus tard. Qui plus est, l’intention de ne pas se marier est clairement explicite chez Catherine et André-Anne, tandis que Caroline garde un espoir en ce sens, mais avoue que les fiançailles la comblent pour l’instant. Pour ces couples, il semble y avoir une volonté de s’afficher comme un couple qui peut durer (ce que le mariage ne garantira pas pour autant), mais que les fiançailles ne sont pas non plus une condition sine qua non pour entrer dans la conjugalité.
Les diverses réactions qu’entraînent ces nouvelles fiançailles peuvent découler des différentes valeurs et fins attribuées à ce rituel. En effet, « les rituels permettent d’observer l’adaptation des valeurs qui constituent le fondement de la vie sociale dans un contexte de changement culturel » (Tremblay 2001 : 11). Les fiançailles peuvent être à la fois une officialisation d’un engagement mutuel, la proclamation publique d’un amour partagé, le désir de marquer l’entrée en conjugalité ; dans les témoignages étudiés, elles correspondent surtout « au besoin de bâtir une relation sur une base solide » (A.-A.T., 2006). Elles sont rattachées à des valeurs d’engagement, de fidélité, de complicité, de solidarité conjugale, d’autonomie, ou encore à un désir de reconnaissance et une volonté de soutien de la famille et des amis. Pour les trois couples, c’est le caractère symbolique du geste qui semble primer sur des finalités matérielles et spirituelles. Les fiançailles, ou toute ritualité entourant la formation d’un couple, répondent à une finalité sociale de renforcement d’un sentiment d’appartenance à la famille, mais également à la communauté des pairs, soit le groupe d’amis. Comme le souligne Tremblay, « si les jeunes peuvent aujourd’hui se marier ou non [se fiancer ou non], ceux qui le font inscrivent leur union dans l’univers culturel » (2001 : 226). Notre réflexion sur les fiançailles comme nouvelle ritualité nous permet de comprendre le rituel comme un fait social semblable à une construction composite qui révèle un phénomène d’hybridation et d’emprunts entre les rituels matrimoniaux. En définitive, cette performance rituelle marque un temps fort de la vie de couple, dans son cheminement autant individuel que social, par l’officialisation de l’engagement qui concrétise, d’une certaine façon, l’entrée dans la conjugalité.
Parties annexes
Notes biographiques
Catherine Arseneault
Catherine Arseneault est étudiante à la maîtrise en ethnologie des francophones d’Amérique du Nord à l’Université Laval. Elle possède une formation pluridisciplinaire en ethnologie, en histoire de l’art et en études patrimoniales. Ses intérêts de recherche sont axés sur la culture matérielle dans le champ des pratiques coutumières.
Catherine Arseneault is a Laval University student completing her Master’s degree in ethnology of North America’s French speaking population. She has a multidisciplinary formation in ethnology, art history, and heritage studies. Her research interests focus on material culture in the field of customary practices.
Martine Roberge
Martine Roberge est professeure adjointe en ethnologie à l’Université Laval. Ses travaux s’inscrivent dans le champ des croyances et de l’imaginaire de la culture populaire contemporaine (récits autour de la peur, légendes urbaines) et dans celui du patrimoine ethnologique et immatériel. Actuellement, elle dirige une recherche sur la nouvelle ritualité contemporaine et elle est co-chercheure au projet d’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel. Elle a rédigé plusieurs ouvrages dont La rumeur (1989), Guide d’enquête orale (1991), Enquête orale. Trousse du chercheur (1995), La radio à Québec 1920-1960 (en collaboration 1997), L’art de faire peur. Des récits légendaires aux films d’horreur (2004).
Martine Roberge is assistant professor in ethnology at Laval University. Her work is devoted to the field of beliefs and imaginary in contemporary folk culture (fear narratives, urban legends) and in intangible ethnographic heritage. She is currently conducting a research on new contemporary rituality and is a co-researcher in the Projet d’inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel [Inventory project of ethnological resources of intangible heritage]. Her published work include La rumeur (1989), Guide d’enquête orale (1991), Enquête orale : trousse du chercheur (1995), La radio à Québec 1920-1960 (collection 1997), and L’art de faire peur : des récits légendaires aux films d’horreur (2004).
Notes
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[1]
Le terme « shower », au sens littéral de pluie, avalanche ou averse, n’a pas d’équivalent en français. L'expression désigne la soirée de cadeaux organisée en l'honneur de la fiancée. Le shower est un rituel exclusivement féminin organisé par les parents et les amies intimes de la future mariée. Il consiste en une réception offerte à la fiancée quelques jours avant le mariage au cours de laquelle elle reçoit une « pluie de cadeaux ». Cette coutume d’origine nord-américaine « a connu une diffusion lente chez les Québécois francophones ; [le shower de mariage] s’est d’abord imposé à la bourgeoisie de Montréal, probablement au début du siècle » (Girard 1998 : 473). Après la Deuxième Guerre mondiale, la coutume s’étend à toutes les classes sociales et subit quelques transformations. Les cadeaux constituent l’élément central de la réunion de filles et servent à témoigner de l’amitié fidèle. Si la fiancée tient un rôle plutôt effacé lors de cette réception, elle est toutefois consultée pour déterminer le thème du shower. Celui-ci est défini en fonction du genre de vie du futur couple. Dans les milieux bourgeois, les showers de tasses de thé en porcelaine sont très fréquents. Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, les thèmes des showers se popularisent et vont de la verrerie aux ustensiles de cuisine en passant par la lingerie de maison ou les articles de salle de bain. Malgré la diversité des articles, tous ont un caractère domestique. Le shower a pour but de confirmer la future mariée dans son rôle de maîtresse de maison, responsable de la sphère domestique. Une fois le thème, la date et le lieu du shower déterminés, chacune apporte son cadeau et le dépose dans un parapluie qui sert de corbeille symbolique (voir Coutumes et culture, « Mariage et noces », http://www.rdaq.qc.ca).
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[2]
Le terme conjugalité est ici difficile à définir puisqu’il implique traditionnellement l’union entre deux personnes par le mariage. Cependant, l’extension de l’union libre caractérise, entre autres, les limites du concept. La conjugalité implique le plus souvent la cohabitation et l’unité résidentielle du couple. Toutefois, il n’est pas rare de remarquer aujourd’hui le déploiement d’une conjugalité sous des toits distincts.
-
[3]
L’expression désigne tout ce qui est nécessaire pour constituer un ménage de départ (appareils électroménagers, mobilier, literie, vaisselle, lingerie, etc.), afin que le couple puisse, de façon autonome, entrer en ménage dans son nouveau logis. Autrefois, le trousseau se montait tout au long de la vie de célibataire de la jeune fille. L’assemblage du trousseau et la confection de certaines pièces de literie (par exemple les courtepointes) s’accentuait pendant la période des fiançailles.
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[4]
Cette enquête a été réalisée par Catherine Arseneault pendant l’hiver 2006.
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[5]
Pour des raisons de disponibilité des fiancés au moment des entrevues, seules les informatrices ont été rencontrées. Les témoignages rendent donc compte uniquement du point de vue des jeunes femmes sur le rite.
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[6]
Notons que l’informatrice fait ici référence aux scènes de mariage de cinéma et non à celles des fiançailles.
-
[7]
Le couple loge dans une auberge de jeunesse mixte. Les fiancés doivent faire chambre à part.
Références
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