Paolo Freire Vieira, professeur de sociologie politique à l’Université Fédérale de Santa Catarina, au Brésil, depuis 1983, vient de nous quitter le 23 décembre 2022. Sa carrière féconde a été marquée par près de quarante ans d’intenses recherches-actions-formations environnementales, locales, nationales et internationales. Depuis 2015, il était chercheur associé au Centre de recherche en éducation relative à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr`ERE) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Et en 2018, il co-publiait avec Normand Brunet et autres collègues, L’espoir malgré tout. L’œuvre de Pierre Dansereau et l’avenir des sciences de l’environnement. Ce beau titre – Espoir malgré tout – s’est imposé pour saluer le grand départ de Paolo et pour rendre hommage à la fois à sa vie personnelle chaleureuse et inspirante et à celle de la première génération de pionniers de l’écologie et des sciences de l’environnement, dont il fait partie. Génération d’éclaireurs, lucides, généreux et ingénieux, mais souvent isolés et minoritaires, aux frontières institutionnelles. Pour survivre et se développer, ils ont dû inventer et déployer une stratégie inédite de réseaux de coopérations multiniveaux. Leur histoire reste à faire. Cette note ne peut en présenter que quelques éléments francophones concernant l’éducation relative à l’environnement et l’écoformation. Paolo est un précurseur d’une éducation pour l’ère planétaire (Morin, Motta et Ciurana, 2003). Brésilien de naissance, il a obtenu en 1883, un doctorat en sociologie politique à l’Université de Munich (Allemagne) en 1983: Systemforschung und Politische Theori Zur Anwendbarkeit der Systemforschung in der Modernen Politischen Theorie . Son poste obtenu la même année à l’Université Fédérale de Santa Catarina ne l’a pas empêché de réaliser des stages postdoctoraux en écologie humaine à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et au Centre International de Coopération en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) à Paris. Son mariage avec Anne-Sophie Pontbriand, française d’origine bretonne, a contribué à façonner un parcours avec des alternances nombreuses entre la France et le Québec. Il parlait couramment cinq langues : brésilien, espagnol, anglais, allemand et français. La première rencontre avec Pierre Dansereau a eu lieu en septembre 1998, à Belo Horizonte, lors d´un séminaire organisé avec Mauricio Andres intitulé: Éthique écologique et éducation pour l´écodéveloppement : le message de Pierre Dansereau. Ce message de Pierre Dansereau (1911-2011), faut-il le rappeler, est celui d’un écologiste-prophète en Amérique du Nord, qui dès 1973, écrivait La Terre des hommes et le paysage intérieur. Ensuite la coopération avec le Québec s’est quasiment instituée par une série d’ouvrages et d’articles. En particulier, en 2003, « Éducation pour l’écodéveloppement au Brésil : promesses et incertitudes » dans la revue Éducation relative à l’environnement ; et en 2012, Le rôle de l’université dans le développement local : expériences brésiliennes et québécoises, co-écrit avec Gaétan Tremblay. En 2015, la liaison avec le Centr’ERE comme chercheur associé repose sur des intérêts communs de recherche : représentations de l’environnement ; formation, approche systémique et transdisciplinarité ; recherche-action existentielle, intégrale, personnelle et communautaire (selon René Barbier) ; expériences d’apprentissage et histoires de vie ; création de communautés d’apprentissage pour un écodéveloppement ; le rôle des universités dans le développement local. Plusieurs rencontres transatlantiques ont progressivement forgé entre nous une amitié discrète. La dernière s’est produite en 2012 à son « refuge » perché sur les falaises de Gamboa dans l’État de Santa Catarina : un haut lieu inoubliable, découvrant un horizon océanique infini. Rencontre presque impromptue, grâce à une annulation de vol pour la Bolivie qui m’avait débloqué quelques jours de libre à Porto Alegre, où se terminait le 5e Congreso International de Pesquisa (Auto)biografica (CIPA) du Brésil. Paulo m’avait alors invité à son …
Parties annexes
Bibliographie
- Brunet, N., Freire Vieira, P., Saint-Arnaud, M. et Audet, R. (2018). L'espoir malgré tout – L'oeuvre de Pierre Dansereau et l'avenir des sciences de l'environnement. Québec : Presses de l’Université du Québec.
- Dansereau, P. (1973). La Terre des hommes et le paysage intérieur. Montréal : Leméac.
- De Sousa Santos, B. (2016). Épistémologies du Sud. Mouvements citoyens et polémique sur la science. Paris : Desclée de Brouwer, collection « Solidarité et société ».
- Escobar, A. (2018). Sentir-penser avec la terre. Une écologie au-delà de l’Occident [traduit de l’espagnol par l’Atelier de Minga]. Paris. Seuil, collection. « Anthropocène ».
- Freire Vieira, P. (2003). Éducation pour l’écodéveloppement au Brésil : promesses et incertitudes. Éducation relative à l’environnement, vol. 4. https://journals.openedition.org/ere/4829
- Freire Vieira, P. et Florêncio Reverência, R.D. (2022). Reverência pela vida : por uma contracultura ecocêntrica no antropoceno , INTERthesis, vol.19, n o . 1. https://periodicos.ufsc.br/index.php/interthesis/article/view/90095/52164
- Freire Vieira, P. et Tremblay, G. (2012). Le rôle de l’université dans le développement local : expériences brésiliennes et québécoises. Québec : Presses de l'Université du Québec.
- Morin, E. (2008). La méthode. Paris : Seuil, collection « Opus ».
- Morin, E., Motta R. et Ciurana É.-R. (2003). Éduquer pour l’ère planétaire. La pensée complexe comme méthode d’apprentissage dans l’erreur et l’incertitude humaines. Paris : Balland.
- Torre S. et Moraes, M. C. (2005) Sentipensar. Fundamentos y estrategias para reencantar la educación . Archidona (Málaga): Editorial Aljibe.
- Torre S de la, Pujol M. A.. Educar con otra consciencia. Una mirada ecoformadora y creativa de la ensenanza . Barcelona. Davinci.