FR :

L’article se centre sur un survol historique des productions écrites du Groupe de recherche en écoformation (GREF) depuis trente ans. La première partie présente les quatre ouvrages, avec les quatre environnements : aérien, aquatique, terrestre et feu vécu. Ils s’imposèrent progressivement presque naturellement comme matrice cosmique à apprendre à vivre, dans le prolongement des grandes traditions des cultures premières. Retour anachronique ou réapprentissage d’un inconscient écologique refoulé  ? Mais le GREF est aussi une collection. La seconde partie explore les derniers ouvrages de cette collection Écologie et formation, fondée au début des années 2000. Ils concernent des innovations écoformatrices en formation scolaire initiale, formation professionnelle, formation agricole et même formation continue des retraités. Mais l’écoformation reste encore à la très grande périphérie des théories et pratiques éducatives dominantes. La partie 3 présentera les avantages de cette position-frontière. Elle expose plus frontalement aux effervescences de mouvements transdisciplinaires et éco-citoyens militant pour une redéfinition des rapports aux environnements locaux, mais aussi mondiaux, Nord/Sud, Orient/Occident.

EN :

The article focuses on a historical overview of the written productions of the Eco-learning Research Group (“Groupe de recherche en écoformation”, GREF) over the past thirty years. The first part presents the four works with the four aerial, aquatic, terrestrial and fire environments experienced. They gradually imposed themselves almost naturally as a cosmic matrix to learn to live, in the extension of the great traditions of the first cultures. Anachronistic return or relearning of a repressed ecological unconscious? But the GREF also coordinate a series. The second part explores the latest works in this ecology and learning series, founded in the early 2000s. They cover eco-learning innovations in initial school education, vocational training, agricultural training and even continuing training for retirees. But eco-learning still remains on the very periphery of dominant educational theories and practices. Part 3 presents the advantages of this frontier position. It exposes more directly to the effervescence of transdisciplinary and eco-citizen movements campaigning for a redefinition of relationships with local and global environments, as well as North/South, East/West.

FR :

Cet article présente le cadre théorique d’une recherche doctorale autour du concept d’écoformation. Ce concept est d’abord situé dans le paradigme systémique de formation de la vie selon une théorie tripolaire d’auto-, socio-, écoformation. La seconde partie opère un survol des travaux du Groupe de Recherche en Écoformation (GREF) autour de quatre dimensions : les récits personnels d’auto-explorations de l’écoformation  ; les éco-gestes des professionnels-les de la nature  ; les apports de l’écoformation à une éducation relative à l’environnement et à une anthropologie du devenir humain sur la terre. La troisième explicite les perspectives de travail à venir : inscription dans le champ des humanités écologiques/environnementales et de l’éthique relationnelle d’une écophilosophie  ; méthodologie de recherche-formation expérientielle » en première personne  » selon une phénoménologie herméneutique pour faire émerger et retracer les expériences écoformatrices.

EN :

This article presents the theoretical framework of a doctoral research on the concept of ecoformation. It is based on the biological and systemic paradigm of existential self-formation. The work on life histories has revealed the oikos part present in existential formation. The work of the Ecoformation Research Group has opened up a path for research into experiential and existential relationships with the world. We bring ecoformation closer to other concepts in the field of environmental psychology and ecophilosophy. This enriches our theoretical and methodological reflections in order to unfold a framework for environmental education research concerned with first-person ecology and vital relationships with the world, based on the process of environmental autobiography.

FR :

Depuis 1992, je creuse le sillon de l'écoformation à la fois comme concept de recherche et comme modèle éducatif interventionnel dans le champ de l'éducation relative à l'environnement. Ce numéro de la revue me permet de revisiter ce parcours, d’abord de passage d’enseignante en éducation physique à l’animation de classes de nature (1), puis au travers de trois recherches-actions menées dans le cadre des travaux du Groupe de Recherche en EcoFormation (GREF) : les classes de mer (2)  ; les jardins (3)  ; et les usages de l’électricité dans la vie quotidienne d’un foyer (4). La dernière partie (5) montre qu'une éducation relative à l'environnement intégrant l'écoformation à ses buts et à sa pédagogie est possible, quel que soit le contexte dans lequel elle se déroule, et qui que l'on soit comme éducateur (enseignant, animateur, et même parent). Mais elle nécessite de pousser ou d'abattre des murs, de contourner des contraintes et de rester humble dans l'influence que l'on peut avoir. L'écoformation fut aussi, pour moi, un projet de vie : celui de participer à la transformation éco-sociale des rapports au monde, passant de relations de domination, duelles et agressives avec un vivant objectivé, à des relations de parenté, sensibles, attentives et pacifiées, effaçant le dualisme de l'objet et du sujet entre co-habitants de la planète.

EN :

Since 1992, I have been exploring ecoformation both as a research concept and as an interventional educational model in the field of environmental education. This issue of the journal allows me to revisit this path through first as a physical education teacher leading nature classes (1), then through three action-research projects carried out as part of the work of the Groupe de Recherche en EcoFormation (GREF) : sea classes (2) ; gardens (3) ; and the use of electricity in everyday household life (4). The final section (5) shows that environmental education that incorporates ecoformation into its aims and pedagogy is possible, whatever the context in which it takes place, and whoever you are as an educator (teacher, organizer, even parent). But it requires us to push back or break down walls, work around constraints and remain humble in the influence we can have. Ecoformation was also, for me, a life project : that of participating in the eco-social transformation of relationships with the world, moving from dualistic and aggressive relations of domination with an objectified living being, to sensitive, attentive and pacified relations of kinship, erasing the dualism of object and subject between co-inhabitants of the planet.

FR :

Cet article présente un trajet de recherche qui témoigne de la pertinence toute particulière des recherches et des pratiques en écoformation au regard des crises écologiques actuelles. Trois grandes pistes d’exploration se dégagent. La première est celle du dialogue avec les cultures amérindiennes. J’analyserai d’abord comment mes expériences dans des contextes amérindiens aux États-Unis et au Québec ont transformé ma relation au monde et m’ont amené à développer une démarche de co-formation interculturelle. La deuxième piste est celle d’une recherche-action pour expérimenter la transdisciplinarité et l’épistémologie de la complexité dans les pratiques universitaires. Cette expérience a contribué à une écologisation de la formation universitaire en reliant les savoirs et la vie. La troisième piste est celle de la réflexion sur les nouvelles pratiques d’auto-éco-formation. De nombreuses pratiques deviennent des voies de connexion au monde vivant : marche itinérante, pistage, école en forêt, aquarelle en plein air, etc. Ces différentes approches montrent le potentiel heuristique du concept d’écoformation pour accompagner les mutations vitales qui s’opèrent tant au niveau personnel, social, que culturel.

EN :

This article presents a research trajectory that demonstrates the particular relevance of research and practice in the field of ecoformation facing the current global ecological crises. Three main avenues of exploration are presented in this article. The first is dialogue with Amerindian cultures. I will analyze how my experiences in Amerindian contexts in the United States and Quebec have transformed my relationship to the world and led me to develop an intercultural coformation approach. The second avenue is an action-research project to experiment transdisciplinarity and the epistemology of complexity in university practices. This experience has helped to introduce an ecological dimension in university programs by linking knowledge and life. The third avenue is that of reflection on new auto-eco-formation practices. Numerous practices are becoming ways of connecting with the living world: itinerant walking, tracking, forest schooling, open-air painting, and so on. These different approaches demonstrate the heuristic potential of the ecoformation concept to support the vital transformations taking place at personal, social and cultural levels.

FR :

L’écopsychologie et l’écoformation offrent deux cadres conceptuels valorisant le thème du réenchantement des rapports des humains au monde naturel. Cet article présente tour à tour ces deux domaines, avec leurs points de convergence, et met en exergue la théorie des structures anthropologiques de l’imaginaire développée par Gilbert Durand (2016). Déjà intégré à l’écoformation, le cadre durandien propose l’existence de deux grands régimes de l’imaginaire (diurne et nocturne) fondant des visions opposées du monde. Or, une troisième structure «  systémique  » favorise la co-habitation de ces deux visions opposées du monde. En exposant la triangulation de l’écopsychologie, l’écoformation et l’imaginaire durandien, cet article traite de la pertinence de faire appel au potentiel heuristique de l’imaginaire, et présente des exemples de pratiques écoformatrices, soit les bains de forêt et l’approche symbolique, nommée l’AT.9.

EN :

Ecopsychology and eco-training are conceptual frameworks that promote the theme of re-enchanting human relationships with the natural world. This article presents these two fields in turn, as well as points of convergence between them, and highlights the theory of anthropological structures of the imaginary developed by Gilbert Durand (2016). Already integrated into eco-training, Durand’s framework proposes the existence of two major regimes of the imaginary (diurnal and nocturnal) grounding opposing worldviews. However, a third "systemic" structure fosters the co-habitation of these two opposing worldviews. By outlining the triangulation of ecopsychology, eco-training and Durand’s framework of the imaginary, this article discusses the relevance of appealing to the heuristic potential of the imaginary, and proposes examples of eco-training practices (forest bathing and the symbolic approach, named AT.9).

FR :

Ce bref essai offre des points de repère pour aborder les dimensions éthique et politique sous-jacentes à l'approche transdisciplinaire de l'écoformation. Cette option de centrage est justifiée à la lumière des débats en cours sur les évidences d'un monde qui arrive au bord de l'effondrement. L'approche écocentrique dans la pensée politique est mise en exergue par les acquis des recherches sur les systèmes complexes auto-organisateurs. Le modèle autopoïétique-énactif du fonctionnement cognitif conçu par Francisco Varela, y compris son dialogue avec la pensée bouddhiste du « chemin du milieu », est associé à la quête incertaine d´une rupture paradigmatique avec la cosmovision industrialiste. De ce point de vue, l'approche d'écoformation est conçue comme un levier incontournable pour déceler les marges de manoeuvre régénérative dont nous disposons encore, avant que le point de non-retour de la crise globale ne soit atteint.

EN :

This essay offers some guidelines to approach the ethical and political dimensions of the transdisciplinary concept of ecoformation. This focal point is justified taking into account the current debates about the evidences of increasing social and ecological disasters at the global level. The ecocentric approach in the field of contemporary political thinking is highlighted and related to advances in complex, self-organizing systems research. The autopoietic-enactive model of cognition drawn up by Francisco Varela, including his dialogue with the Buddhist philosophy of the “middle way”, is connected to the quest of a paradigmatic rupture with the industrialist worldview. From this perspective, the concept of ecoformation is considered as an inescapable lever to unveil the strategic options we still dispose to avoid reaching the point of no-return.

FR :

Les approches contemplatives se développent dans le champ de l’enseignement et de l’éducation, notamment dans les pratiques écoformatrices. La comparaison des fondements épistémologiques et méthodologiques d’approches dans la littérature ou ayant pu faire l’objet d’observations nous permet d’interroger les potentialités de la contemplation pour favoriser une relation résonante avec le vivant autre qu’humain. Ces approches se fondent sur une conscience pré-réfléchie incarnée pour éclairer des expériences ou pour dépasser les tensions liées à des situations potentiellement aliénantes. Elles s’appuient d’une part sur un changement d’état de conscience permettant une qualité de présence et d’attention à l’expérience du corps dans des modes d’expression originaux, le senti, la posture, le mouvement et le ressenti ; et d’autre part, sur un imaginaire médiateur entre le sensible et le rationnel. Elles visent une rencontre avec notre altérité propre et la construction d’un lien à un monde-sujet.

EN :

Contemplative approaches are developing in the field of teaching and education, particularly in ecoformation practices. The comparison of the epistemological and methodological backgrounds of approaches in the litterature or that have been observed allows us to question the potentialities of contemplation participating to a resonance with the living other than human. These approaches rely on embodied pre-reflective consciousness to illuminate experiences or to overcome the tensions of potentially alienating situations. They are based on (1) a change in state of consciousness allowing a quality of presence and attention to the experience of the body in original modes of expression, feeling, posture, movement and the feeling ; (2) an imaginary mediator between the sensitivity and the rational. They aim for an encounter with our own otherness and the construction of a link to a world-subject.

FR :

L’originalité du concept d’écoformation provient notamment du fait qu’il permet d’enrichir le point de vue habituel sur nos manières d’apprendre en tant que cohabitant.e du foyer terrestre : ce sont nos relations avec les forces biophysiques, les autres êtres vivants et la Terre qui contribuent à notre (auto)formation, et non uniquement les interactions sociales. Les pratiques écoformatrices ouvrent ainsi une voie permettant d’activer une qualité d’attention et de considération envers sa propre expérience comme envers celle des autres phénomènes terrestres, dans un processus d’apprentissage transformatif continuel, rétroactif et dialogique. En suivant cette perspective, nous nous intéressons aux ateliers « Le Travail Qui Relie » (TQR), une approche théorique et pratique élaborée par l’écophilosophe Joanna Macy pour soutenir le « Changement de Cap ». Basé sur une méthodologie de recherche qualitative, cet article questionne la dimension écoformatrice du TQR à partir de l’analyse des expériences vécues par des participant.e.s lors d’un atelier immersif et itinérant.

EN :

The originality of the ecoformation concept comes from the fact that it allows us to enrich the usual point of view on our ways of learning as cohabitants of the earth's home: our relationships with biophysical forces, other living beings and the Earth contribute to our (self)formation, and not only social interactions. Ecoformation practices thus open a way to activate a quality of attention and consideration towards one's own experience as well as other earthly phenomena, in a process of continuous, retroactive and dialogical transformative learning. Following this perspective, we are interested in the “Work That Reconnects (WTR)” workshops, a theoretical and practical approach developed by eco-philosopher Joanna Macy to support the "Great Turning". Based on a qualitative research methodology, this article questions the ecoformation dimension of WTR through the analysis of participants' experiences during an immersive and itinerant workshop.

FR :

Un modèle d'agriculture développé au cours de la deuxième moitié du XX^e siècle a amené à considérer les éléments naturels et les processus biophysiques comme des facteurs limitants pour atteindre un optimum de production. A l’inverse, aujourd’hui, des injonctions politiques valorisent le rôle de la biodiversité dans le processus de production par le développement notamment de l’agroécologie, ce qui soulève de nouveaux enjeux dans les systèmes productifs notamment en termes de savoirs à mobiliser. Nous présentons dans quelle mesure les écosavoirs répondent aux exigences soulevées par la mise en œuvre de l’agroécologie. Nous examinerons tout d’abord les spécificités des écosavoirs ainsi que les raisons de leur pertinence face aux enjeux de l’écologisation des pratiques. Nous explorerons ensuite les changements paradigmatiques d’ampleur que nécessite leur usage et les difficultés que cela induit, entre une interrogation des rapports à la nature, le besoin de désapprentissage de ses certitudes et la mobilisation du corps.

EN :

A model of agriculture developed during the second half of the 20th century led to the consideration of natural elements and biophysical processes as limiting factors in achieving optimum production. Conversely, today, political injunctions value the role of biodiversity in the production process, through the development of agroecology in particular. This raises challenges in the productive systems, particularly about the knowledge to be mobilized. We present how the ecoknowledge meets the requirements raised by the implementation of agroecology. We will first study the specificities of ecoknowledge as well as the reasons of its relevance to meet the challenges of greening practices. We will then explore the huge paradigmatic changes that their use requires and the difficulties that this induces, between questioning relationships with nature, the need to unlearn one’s certainties and mobilizing the body.

FR :

Cet article pose la question de l’avenir des humains sur cette Terre qui leur est commune, socle vital indispensable à leur survie et à celle des autres êtres vivants qui y habitent, mais qu’ils n’ont pas appris à respecter et protéger, inconscients de l’importance des liens qui les unissent. L’écosophie pourrait-elle aider à cette prise de conscience  ? Comme élément de réponse à ce questionnement, nous nous appuierons sur la présentation que fait Michel Maffesoli de l’écosophie, et sur son postulat stipulant que les valeurs écosophiques qu’il voit émerger dans la nouvelle époque post-moderne se retrouvent dans les cultures traditionnelles. Ce qui nous amènera à éprouver ce lien en allant explorer les valeurs d’un milieu traditionnel dont la culture reste encore vivante, la Bouriatie (Sibérie). Nous serons accompagnés en filigrane par la pensée d’Edgar Morin, chercheur qui a traversé le siècle sans que rien ne vienne interrompre sa recherche, tentant comme Maffesoli, de voir à travers ce qui émerge des signes d’espoir pour le monde futur.

EN :

In our more than ever divided, fragmented, devastated world, going so far as to attack the earth, its vital base, could ecosophy help human beings to return to what unites them, their common belonging to the land that welcomes them and that they inhabit ?

Trying to answer this question, I suggest to rely on Michel Maffesoli's postulate stipulating that the ecosophical values ​​that he sees emerging in the new post-modern era are found in traditional cultures ; and to experience this bond by exploring the values ​​of a traditional community whose culture is still alive, Buryatia (Siberia). We will be accompanied, implicitly, by the thought of Edgar Morin, a researcher who has crossed the century without anything interrupting his research, seeking, like Maffesoli, to see in what emerges signs of hope for the future world.

FR :

Cet article présente les résultats d’un des terrains de la recherche-action participative «  Grandir avec la nature  ». Il est centré sur le point de vue d’élèves à la fin de leur scolarité de primaire française (CM1 et CM2) ayant vécu la «  classe dehors  » pendant plusieurs années dans un même espace en milieu rural, et selon des pratiques pédagogiques incorporant des activités autonomes. L’analyse de leur parole, recueillie selon une méthode proche des parcours commentés, rend compte de la diversité de leurs expériences vécues par la remémoration de dimensions cognitives, affectives et corporelles. Le contexte éducatif du dehors permet d’ouvrir à des interactions avec le milieu qui semblent contribuer à une écoformation des élèves.

EN :

This article presents the results of one of the research fields of the participative action-research project "Growing up with nature". It focuses on the point of view of pupils at the end of their French primary education (CM1 and CM2) who had experienced the 'outdoor classroom' for several years in the same rural area, with teaching practices incorporating autonomous activities. The analysis of what they had to say, collected using a method similar to the commented itineraries, reveals the diversity of their experiences by the recalling of cognitive, affective and physical dimensions. The outdoor educational context opened up opportunities for interaction with the environment, which seemed to contribute to the eco-formation of the pupil s

FR :

La recherche-action participative nationale Grandir avec la nature vise à expérimenter et analyser «  l'école dehors  » sous les angles des pratiques pédagogiques et des types de nature investis en rapport avec leurs effets. En Lozère, les pédagogues engagés dans ce processus ont donné corps au concept d’écoformation dans leurs pratiques. Qu’ils soient convaincus, guidés par leur intuition ou sans a priori sur le sujet, leurs postures ont évolué au fil de la recherche, cheminant de l’enseignement/éducation dans la nature à l’enseignement/éducation avec la nature. De nouvelles pratiques apparaissent et leurs effets sur les élèves relèvent tant des rapports à soi, aux autres, au monde que des rapports au savoir et au pédagogue, qui s’en trouvent changés. Entre gestes d’autoformation, réflexivité et étayages collectifs, l’accompagnement méthodologique s’est appuyé sur une approche compréhensive de l’expérience vécue en mobilisant l’atelier des kaïros et la dialogique, un processus de formation en soi.

EN :

The national participatory research-action project Growing up with nature aims to experiment and analyse the outdoor school from the educational practices and the types of nature considered , as well as their effects. In Lozère, teachers and educators involved in this process give shape to the concept of ecoformation in their practices. Whether they are convinced, guided by their intuition or without any preconceived ideas on the subject, their positions have evolved from teaching/education in nature to teaching/education in nature to teaching/educating with nature. New practices are emerging and their effects on pupils are related to the self, to the others, to the world, as well as to knowledge and pedagogue relationships, which are changed. Between self-education gestures, reflexivity and collective support, methodological way was based on a comprehensive approach of the lived experience by mobilising the kaïros workshop and dialogic, a formative process itself.

FR :

Les personnes enseignant en milieu scolaire formel ont besoin de formation pour parvenir à intégrer des préoccupations liées à un avenir viable dans leurs pratiques. Dans une perspective d’écoformation, cette formation devrait viser à la fois le développement de leur sensibilité envers le milieu naturel (relation avec la beauté du monde) et de leur capacité à comprendre et agir face aux enjeux environnementaux (relation avec la complexité du monde). Le cours d’éducation pour un avenir viable (EAV), que nous offrons en ligne depuis le printemps 2019 à des personnes enseignantes inscrites dans un programme de maîtrise professionnelle, poursuit de telles visées. Dans cet article, les cadres didactiques du cours ainsi que les principaux moyens proposés, dont l’utilisation de la littérature jeunesse, seront d’abord présentés. Puis, nous présenterons les principaux éléments d’une recherche associée à l’expérience du cours, visant à dégager des pistes pour l’évolution et l’amélioration de la formation offerte.

EN :

School-based teachers need training in order to be able to integrate sustainable future concerns into their practices. From an ecoformation perspective, it should aim both at developing their sensitivity to the natural environment (relationship with the beauty of the world) and their ability to understand and act in the face of environmental issues (relationship with the complexity of the world). The Education for a Sustainable Future (ESF) course, which we have been offering online for the past few years, to continuing education teachers, pursues these aims. In this article, the didactic and pedagogical frameworks of the course as well as the main means proposed, including the use of children's literature, will first be presented. Then, we will describe the corpus of data collected during the course and the content analysis we made to identify avenues for the evolution and improvement of the training offered.

FR :

On ne fait jamais une thèse par hasard. Elle est le résultat d’un parcours de vie au-delà d’un parcours académique. Cet article expose les grandes lignes d’une thèse en éducation qui mobilise et met en dialogue l’écosophie, les savoirs autochtones et l’écoformation autour d’une proposition éducative holistique qui vise l’autodétermination du jeune dans sa reconnexion à la Nature-territoire pour le développement d’une identité écologique au fondement d’une éthique de la Terre. Il sera question d’exposer la genèse d’une telle thèse construite sur le paradigme de la transdisciplinarité pour ensuite souligner la pertinence d’une pédagogie écoformatice face à la crise écologique planétaire, mettant en exergue l’adage d’Edgar Morin selon lequel la vraie nouveauté naît toujours dans le retour aux sources.

EN :

A thesis is never done by chance. It is the result of a life journey beyond an academic one. This article outlines a thesis in education that mobilizes and puts into dialogue ecosophy, indigenous knowledge and ecolearning around a holistic educational proposal that aims at the self-determination of young people in their reconnection to Land for the development of an ecological identity at the foundation of an ethics of the Earth. First, will be exposed the genesis of such a thesis built on the paradigm of transdisciplinarity. Then will be underlined the relevance of an eco-learning pedagogy in the context of the current planetary ecological crisis, putting in exergue this adage of Edgar Morin: true novelty is always born through the return to sources.

FR :

Comment un projet de recherche-action-formation, cherchant à valoriser les langues et les cultures des Métis dans les écoles primaires francophones de l’Ouest canadien, permet-il d’explorer les interconnexions entre les langues autochtones, les savoirs traditionnels et la relation à la terre    ? À travers une série d’exemples tirés de l’approche que nous avons développée autour des langues traditionnelles des Métis, nous explorons comment la pédagogie de la terre, telle que nous l’interprétons en lien avec les savoirs transmis par les Ainés qui ont collaboré à ce projet, nous permet de jeter un regard neuf sur notre rapport à la nature et aux Autres.

EN :

In this article, we explain how a research-action-learning project, oriented towards the valorization of Métis languages and cultures in French-language elementary schools in Western Canada, allowed us to explore the interconnections between Indigenous languages and traditional knowledge on the one hand and relationships to the land on the other. Through a series of examples drawn from the approach we have developed around Métis people’s traditional languages, we indicate how land-based pedagogy, as we interpret it in relation to the knowledge transmitted by the Elders collaborating in the project, allows us to revisit our relationship with nature and people.

FR :

Cet article s’appuie sur la démarche des histoires de vie pour explorer le parcours d’une recherche de doctorat en éducation et formation relatives à l’environnement (EFrE), en référence aux trois mouvements du processus de formation, auto-éco-hétéro-formation, et ses deux temps, régimes diurne et nocturne, mis en évidence par Gaston Pineau. Cette démarche permet de faire émerger le rôle implicite initial du régime diurne, d’analyser l’implication du chercheur dans son objet de recherche, de retracer le cheminement de l’élaboration de l’idée principale de la thèse en question, et, d’expliciter un dispositif de récit de vie environnemental.

EN :

This article applies the life story approach to explore the methodologic path of a doctoral research in environmental education, taking into account the three movements of the process of self-eco-hetero-formation, and its diurnal and nocturnal regimes, as identified by Gaston Pineau. This approach allows to put in evidence the initial implicit role of the diurnal regime, the involvement of the researcher in his object of research, the development of the main idea of the thesis, and to explain the process I adopted to produce an environmental life story.

FR :

Le propos de ce bref article est de montrer comment le courant de l’écoformation éclaire le champ émergent dit de « l’éducation par la nature » (outdoor nature-based education) et, en particulier, les pratiques dites « d’école dehors » quand elles s’effectuent en milieu dit « naturel », en proposant un « regard écoformateur » sur les pratiques d’enseignement et d’apprentissage au contact de « la nature » en milieu scolaire. Parce qu’il met au jour les forces en jeu dans la formation existentielle de l’individu et ce, dans une visée intrinsèquement holistique, le paradigme de l’écoformation permet de penser les dynamiques formatives engendrées par les pratiques d’école dehors. On explorera ainsi l’apport de l’écoformation pour comprendre les phénomènes transformateurs qui apparaissent, au niveau des trois sphères psychologique, sociale et écologique, chez les enfants et les professionnel.les durant les temps d’école en nature.

EN :

This article aims at linking the conceptual model of “ecoformation” with the practices of nature-based education that are currently emerging in the field of educational sciences. The field of ecoformation strongly emphasizes the way existential individual (trans)formation arises through holistic practices in an outdoor environment. By doing so, it can be used to further analyze how individual ecoformation emerges trough nature-based education practices. We will then stress out several ways by which ecoformation helps understand the transformation processes that take place, at the three levels of psychological, social and ecological spheres, for children as much as for the practionners, during nature-based education practices.

FR :

Philippe Nicolas, professeur des écoles, chercheur en sciences de l’Éducation, porte une réflexion sur son parcours professionnel d’enseignant en banlieue parisienne, classée en zone d'éducation prioritaire. Au cœur de sa conduite de classe, il fait le constat de la séparation entre l'enfant et la nature, entre l’humain et le vivant, mais aussi entre l’enfant et sa propre sensibilité. À l’heure de l’Anthropocène, période actuelle des temps géologiques où les activités humaines ont de fortes répercussions sur les écosystèmes de la planète et les transforment à tous les niveaux, Philippe Nicolas donne à voir les deux grandes oubliées de l’éducation, soit la nature et la vie intérieure - qui sont aussi lorsqu’elle sont conscientisées comme dans le projet Cap au Nord, les bras de levier d’une pédagogie qui se résume à faire en sorte qu’il se passe quelque chose entre l’élève et la nature, afin que cet élève devenu adulte se sente responsable de la vie.

EN :

Philippe Nicolas, a school teacher and researcher in educational sciences, reflects on his professional career as a teacher in a Parisian suburb, classified as a priority education zone. At the heart of his classroom work, he notes the separation of the child from nature, of man from the living world, but also of the child and his sensitivity. At the time of the Anthropocene, the current period of geological time when human activities have strong repercussions on the planet's ecosystems and transform them at all levels, Philippe Nicolas shows us the two great forgotten aspects of education - nature and inner life - which, when they are made aware like the Cap au Nord project, are also the levers of a pedagogy that can be summed up as follows: make sure that something happens between the student and nature, so that this student, now an adult, feels in charge of life.

FR :

Le territoire de l’album jeunesse peut-il contribuer à une écoformation durant l’enfance ? Dans cet article, nous explorons d’abord nos propres souvenirs de lecture, puis nous cherchons à introduire le territoire de l’album jeunesse. A partir de la lecture de Mon arbre à secrets, nous envisageons sa puissance d’évocation et montrons in fine comment – lecture à ciel ouvert – la petite Lucie fait l’expérience d’un arbre confident. Loin d’être anecdotique, l’expressivité singulière de l’album suscite notre intérêt. Il nous semble que c’est aux fondements mêmes de son identité, au cœur de ses compositions artistiques, que se joue l’enjeu d’une rencontre esthétique avec l’oïkos (notre maison). L’expérience de nature de l’enfant s’est aujourd’hui largement appauvrie : nous n’avons peut-être jamais eu autant besoin d’histoires qui puissent agir comme de puissantes écoformations.

EN :

How could picturebook play a role in children’s eco-education ? In this article, we firstly recall the memories we have of our own reading experiences and then examine this particular medium. The example of the picturebook Mon arbre à secrets  [My Tree of Secrets] will show the evocative power of this literature, concluding with an account of how sharing this reading –  outdoors  – allowed young Lucie to consider a tree as a potential confidant. Far from being a trivial issue, this form of literary expression attracts our interest. It seems to us that it is in the very nature of picturebook, namely in its different forms of artistic expression, that the possibility of an aesthetic encounter with the natural world is present. The experience of nature that today’s children have is greatly diminished, compared to previous generations. Perhaps the need for stories that can powerfully assist children’s eco-education has never before been as great.

FR :

Ce texte présente un paradigme de la transdisciplinarité mis en lien avec les fondements d’une éducation environnementale basée sur la notion de « connaissance de soi ». Nous exposons ainsi une pédagogie complexe à partir de la reconnaissance de la multidimensionnalité de l'être humain, selon une approche de formation envisagée de manière intégrale. Pour cela, nous mobilisons certaines approches de l'autoformation à partir de la connaissance de soi, impliquant également des éléments d’hétéro et d'éco-formation, des prises de conscience et des recherches d’action. Il s'agit donc de partager des éléments réflexifs sur la mobilisation de la conscience de soi dans des pratiques formatives en éducation environnementale et d'étudier comment cet exercice génère un engagement pédagogique face à diverses barbaries grandissantes dans notre époque de l’Anthropocène, avec un accent particulier concernant le panterrorisme et le transhumanisme.

EN :

This text presents a paradigm of transdisciplinarity linked to the foundations of an environmental education based on the notion of "self-knowledge". We thus present a complex pedagogy based on the recognition of the multidimensionality of the human being, according to a training approach considered in an integral way. To do this, we mobilize certain approaches to self-training based on self-knowledge, which allow, through the exercise involving hetero and placed-based learning, awareness and action research. It is thus a question of sharing reflexive elements on the mobilization of self-awareness in formative practices in Environmental Education and to study how this exercise generates a pedagogical commitment which aims at facing various growing barbarities in our time of the Anthropocene, with a particular accent concerning panterrorism and transhumanism.