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L'accompagnement en formation chez les éducateurs à l'environnement : À la recherche d'une identité professionnelle[Notice]

  • Maryline Lair

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  • Maryline Lair
    Maryline Lair est animatrice et coordinatrice de réseaux d'éducation à l'environnement depuis 2002, et plus spécifiquement, au sein du Réseau d'éducation à l'environnement en Bretagne depuis 2004. Cet article est le fruit d'un projet de recherche mené dans le cadre du Master 2 - Formation de formateurs en éducation au développement durable à l'Université Blaise Pascal à Clermont-Ferrand, et accompagné par Jean-Marc Lange (directeur de mémoire).

Mon expérience d'animatrice de réseaux d'éducation à l'environnement (en Île-de-France, puis en Bretagne), m'a conduite à travailler avec de nombreux éducateurs dans ce domaine. Parce qu'il s'investit dans un métier relationnel et parce qu'il juge les enjeux de l'éducation à l'environnement importants voire impératifs, l'éducateur à l'environnement est souvent traversé par des doutes, des remises en question sur son métier, son rôle et son efficacité. Pour que l'éducation à l'environnement contribue pleinement à la construction d'une identité écocitoyenne, la formation des éducateurs est un facteur essentiel. Or la formation de formateurs en éducation au développement durable de l'École supérieure du professorat et de l'éducation (ESPE) de l'Université de Clermont-Ferrand m'a donné l'occasion de questionner plus spécifiquement le lien générationnel entre les éducateurs à l'environnement. J'ai ainsi voulu comprendre ce que pouvait être ce lien et les temps de co-formation entre professionnels de différentes générations, et comment ils pouvaient contribuer à la professionnalisation des acteurs en favorisant le développement de nouvelles compétences et la construction d'une identité professionnelle en tant qu’éducateurs à l'environnement. Ce travail a également questionné la place des réseaux français associatifs d'éducation à l'environnement dans l'accompagnement en formation et la co-formation des professionnels. En France, les associations sont un des piliers de l'éducation à l'environnement. Ceci a notamment été favorisé par des dispositifs d'emplois. Comme le souligne un rapport coordonné par le Centre de ressources du dispositif local d'accompagnement en environnement (CRDLA Environnement) et le Réseau École et Nature (2008), sur un état des lieux de l'activité en éducation à l'environnement et au développement durable (EEDD), Cette professionnalisation des associations a été nécessaire pour exister et défendre leur place (Wittorski, 2008). Aujourd'hui, les associations embauchent une part importante des jeunes formés en éducation à l'environnement. L’éducation à l'environnement représenterait entre 3 000 et 4 000 emplois en France, dans le secteur associatif (Cabinet Ithaque, 2010). Des données nationales provenant du Tableau de bord de l'Éducation à l'Environnement et au Développement Durable (outil interne au Réseau École et Nature) montrent que les éducateurs à l'environnement sont pour la plupart assez jeunes et ont un haut niveau de formation (une majorité détient un diplôme de niveau III au moins). L'éducateur à l'environnement, derrière une appellation à peu près consensuelle, correspond toutefois à une diversité de professionnels et de métiers, celle-ci étant accrue par les évolutions de l'éducation à l'environnement (évolution du secteur associatif, évolution des pratiques, évolution des publics, etc.). Si les parcours de formation sont très variables d'un professionnel à l'autre (pour des raisons diverses : vocation, ancienneté, motivation, etc.), la construction identitaire l'est tout autant. Si, au sens de Wittorski (2008), on considère la professionnalisation comme impliquant un double mouvement d'acquisition de savoirs et de compétences professionnelles « en situation réelle », et de construction d'une identité, alors il nous semble que les processus de professionnalisation des éducateurs à l'environnement restent fragiles. À cet effet, se pose la question suivante : dans le processus de formation permanente d'un éducateur à l'environnement, faut-il privilégier la transmission entre pairs et entre générations d'éducateurs à l'environnement pour participer à la construction d'une identité professionnelle, et ainsi favoriser une professionnalisation assumée de l'éducateur à l'environnement ? Dans son travail sur le sens des mots et le sens que l'on donne à l'accompagnement, Paul (2004) propose une définition minimale de toute forme d'accompagnement comme : « être avec et aller vers, sur la base d'une valeur symbolique, celle du partage ». Les finalités des diverses pratiques d'accompagnement (conseil, mentorat, tutorat, compagnonnage et autre) sont hétérogènes : résolution de situation-problème, recherche d'efficacité, autonomisation de la personne, recherche de sens, etc. Elles ne concernent plus …

Parties annexes