Les universités de petite et de moyenne taille au sein de la francophonie : rôles, missions et ancrage territorial[Notice]

  • Eric Champagne,
  • Chedrak Chembessi et
  • Linda Cardinal

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  • Eric Champagne
    Université d’Ottawa

  • Chedrak Chembessi
    Université de l’Ontario français

  • Linda Cardinal
    Université de l’Ontario français

Le milieu de l’enseignement supérieur est dominé par les grandes universités de recherche qui visent typiquement à se situer favorablement dans les palmarès internationaux. Ces grandes universités se sont imposées comme des modèles de référence (Magrison, 2008; Lacroix et Maheu, 2015). Cependant, il faut reconnaître qu’à l’opposé, les universités de petite et de moyenne taille comblent un segment complémentaire et important de l’enseignement supérieur. Ces établissements, souvent situés dans des régions périphériques, jouent un rôle significatif en répondant à des besoins spécifiques de leurs communautés et en occupant des niches éducatives particulières. Ils évoluent dans un environnement global où la raison d’être et la gouvernance des institutions d’enseignement supérieur suscitent des débats ici et ailleurs (Göransson et Brundenius, 2012; Labelle et al., 2013; Bonneville, 2014). Le rôle et la mission des universités de petite et de moyenne taille sont d’autant plus déterminants aujourd’hui, et ce, pour plusieurs raisons. Dans un premier temps, au Québec et au Canada, en particulier en contexte minoritaire francophone, ces institutions ont une mission culturelle liée à la promotion du français et de la recherche en français. À titre d’exemple, le rapport sur la condition des chercheurs en contexte minoritaire francophone publié par l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) en 2021 souligne l’importance que ces derniers accordent à l’étude des réalités propres à leurs milieux. Sans ces chercheurs, peu de travaux permettraient de comprendre les enjeux associés à la vitalité du français à l’extérieur du Québec. Dans un deuxième temps, au-delà de leur mission éducative et de recherche, les universités de petite et de moyenne taille peuvent aussi constituer un moteur de développement dans leurs régions. Le rapport des États généraux sur l’avenir de l’enseignement postsecondaire en français au Canada (Association des collèges et universités de la francophonie canadienne [ACUFC] et Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada [FCFA], 2022a, 2022b, Normand, 2024) a souligné de façon substantielle ce rôle économique, scientifique et culturel des universités de petite et de moyenne taille au sein de leur milieu. À titre d’exemple, l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse, l’Université de Moncton au Nouveau-Brunswick et l’Université de Hearst dans le Nord de l’Ontario, pour ne nommer que celles-ci, se démarquent grâce à leur ancrage dans les milieux francophones qu’elles desservent. Ce sont des établissements qui participent de façon active à la vitalité de la francophonie en contexte minoritaire et à la vie publique au pays. Plus largement, les universités au sein de la francophonie canadienne accueillent les activités des groupes locaux. Elles contribuent aussi à l’intégration des nouveaux arrivants et au développement économique local. Les universités en contexte minoritaire sont des acteurs clés au sein de leurs milieux, tant pour leur rôle dans la diffusion des savoirs en français que pour leur contribution au développement culturel et économique de la francophonie canadienne. En France, de surcroît, en 2017, un rapport destiné à la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche a révélé que trente-neuf petites et moyennes universités hors métropole parisienne obtiennent de bons résultats en matière de formation et de recherche tout en jouant un rôle clé dans l’aménagement des territoires et la compétitivité régionale (Aimé et al., 2017). Ces établissements se sont bien positionnés pour répondre aux besoins de formation spécifiques de leurs communautés. Leur gouvernance moins lourde et plus agile leur a permis de s’adapter aux évolutions du marché du travail et à ses besoins émergents en matière de formation. Enfin, dans un contexte où la préservation et la promotion de la langue française sont cruciales, ces universités jouent un rôle de premier plan en offrant un enseignement aux cycles supérieurs en français, …

Parties annexes