Du 9 au 11 avril 2021 s’est tenu le Colloque international sur la transdisciplinarité, organisé par le programme de doctorat en communication sociale de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), en partenariat avec la Chaire de leadership en pédagogie de l’enseignement supérieur de l’Université Laval, le Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur l’enseignement supérieur (LIRES), le Groupe de recherche en éducation muséale (GREM), l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), Sapiens Conseils et Socius recherche et conseils. Ce colloque, intitulé La transdisciplinarité : perspectives et regards croisés, a permis de mettre en commun les réflexions de plus de 30 chercheurs qui ont entretenu les participants de leurs récents travaux et réflexions sur la transdisciplinarité comme approche, objet d’étude et posture épistémologique. La transdisciplinarité concerne ce qui est à la fois entre et à travers les disciplines, et au-delà de toute discipline. Le décloisonnement des disciplines est ainsi l’avenue proposée par ceux qui considèrent que nous ne pourrons pas résoudre les grands défis auxquels nous sommes et serons confrontés en réunissant uniquement des personnes qui sont demeurées exclusivement dans les silos disciplinaires. Ce sont ainsi 30 communications orales riches et diverses ainsi que de nombreux échanges scientifiques qui sont proposés dans les vidéos captées lors de ce colloque. Dans la présente note de recherche, nous présentons une synthèse du colloque, suivie d’un échange entre cinq de ses participants. La trentaine de chercheurs qui ont pris la parole pendant le colloque en ont profité pour proposer tour à tour leurs propres idées et définitions de la transdisciplinarité. Nous avons proposé un nuage de mots afin de faire ressortir ces thèmes et termes récurrents (Figure 1). Tout d’abord, Luc Dancause indique que la transdisciplinarité est difficile à définir parce qu’une seule définition est insuffisante et que le défi définitoire consiste à ne pas tomber dans la surenchère ou à faire table rase de ce qui s’est fait précédemment. Dans sa présentation, Marc L. Johnson cite pour sa part une définition à laquelle il a contribué dans le cadre de la création de l’Université de l’Ontario français, soit : Toutefois, tous les présentateurs ne se rallient pas à ces idées. Jean-Jacques Rousseau, par exemple, aborde la question plutôt en termes d’anomalie kuhnienne. En effet, il explique que pour Kuhn, la transdisciplinarité existe soit dans la préhistoire d’une discipline, soit dans la transition d’une étape disciplinaire à une autre. Une anomalie peut alors être résolue de deux façons : à l’intérieur du paradigme du jour ou lorsque la discipline est redémarrée sur la base d’un nouveau paradigme. Dans cette optique, la transdisciplinarité est toujours de passage. Selon Jean-Jacques Rousseau, Kuhn percevait l’ensemble des disciplines comme un tableau des éléments : au fur et à mesure que des problèmes transdisciplinaires surgissaient, de nouvelles disciplines se formaient pour boucher les trous. Rousseau remet cependant en question cette façon de penser en se demandant s’il n’existerait pas des problèmes se trouvant en permanence en dehors de la matrice disciplinaire. Il indique par ailleurs que même Kuhn a dû quelque peu se distancier de cette approche, trop rigide, sans pour autant en proposer une solide en contrepartie. Donc, selon Jean-Jacques Rousseau, Kuhn ne peut qu’offrir un point de départ pour une réflexion sur la transdisciplinarité. Par ailleurs, certains, dont Jean-Jacques Rousseau, expliquent que la transdisciplinarité est une caractéristique du problème qui fait l’objet de notre attention et non de l’approche ou de la méthode utilisée pour l’aborder. Ainsi, c’est la nature même du problème qui rend nécessaire le recours à des approches dépassant le cadre des disciplines ainsi que la collaboration entre celles-ci. Jason Luckerhoff ajoute que les changements climatiques sont …
Parties annexes
Bibliographie
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