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Les adhérentes et adhérents à ce collectif, les signataires du présent manifeste, affirment :
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Que le français est une langue dynamique et polyforme en mesure d’exprimer toutes les réalités d’une société progressiste et moderne tournée vers l’avenir;
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Que l’Ontario français existe à titre d’espace culturel, socio-économique et politique, lequel cherche activement à accueillir, à inclure et à coaliser toutes celles et tous ceux qui choisissent de faire de la langue française une partie intégrante de leur existence;
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Que l’avenir de la société franco-ontarienne passe nécessairement par l’articulation d’une identité collective inclusive « par » et « pour » l’ensemble des individus qui participent aux dynamismes de cette même collectivité.
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Qu’il est important de favoriser les échanges entre tous les espaces francophones provinciaux, nationaux et internationaux;
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Que les croisements, la diversité et la transdisciplinarité sont porteurs de renouvellement des pratiques et des modèles institutionnels;
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Qu’il est primordial de contribuer à un rapprochement des zones culturelles, socio-économiques et politiques francophones éloignées les unes des autres par la géographie et l’histoire, grâce à la création d’un lieu de convergence sis au coeur de la métropole franco-ontarienne et canadienne.
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Qu’il est essentiel de favoriser les échanges entre les organismes et les communautés qui confèrent au fait français torontois et ontarien sa particularité et son dynamisme propres;
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Qu’un projet d’investir la capitale de l’Ontario et la métropole canadienne représente la suite logique de plus de 100 ans de militantisme franco-ontarien ayant pour objectif l’articulation d’une francophonie forte, pérenne et dynamique;
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Qu’il existe à Toronto une part de la francophonie ontarienne qui se distingue par son aspect multiculturel, urbain et cosmopolite.
Pour mettre en action nos convictions, nous, leaders, artistes, pédagogues, gestionnaires, intellectuelles et intellectuels, animatrices et animateurs de nos milieux et de nos organismes respectifs, décidons de créer Le Carrefour, le coeur d’une cité francophone à Toronto.
Pour ce faire, nous nous engageons à :
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Réunir les forces vives francophones et francophiles de la métropole canadienne et de l’ensemble de l’Ontario français;
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Investir, dynamiser et transformer la métropole canadienne grâce à une présence francophone accrue;
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Favoriser l’épanouissement de notre société en optimisant un accès aux services éducatifs et sociaux de langue française;
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Faire émerger les secteurs actuellement absents en Ontario français, mais dont la présence est nécessaire pour assurer la complétude et ainsi, la pérennisation de la société franco-ontarienne;
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Rendre manifeste l’existence et promouvoir l’excellence des Franco‐Ontariennes et Franco‐Ontariens de toutes origines et de toutes régions en établissant une cité francophone dans la métropole canadienne;
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Mettre en place et gérer les mécanismes qui facilitent la réalisation de ce grand projet.
Nous sollicitons toutes les autorités compétentes afin de nous soutenir par la promotion d’un projet aux retombées locales, provinciales, nationales et internationales en tant que levier essentiel à une francophonie progressiste tournée vers l’avenir.
Signataires de cette déclaration :
Dyane Adam
Présidente
Université de l’Ontario français
Danielle Arcand
Présidente
Français pour l’avenir
Joël Beddows
Directeur artistique et codirecteur général
Théâtre français de Toronto
Lise Bourgeois
Présidente-directrice générale
Collège La Cité
Luc Bussières
Recteur
Université de Hearst
Ghislain Caron
Directeur administratif et codirecteur général
Théâtre français de Toronto
Denis Chartrand
Président
Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario
Melinda Chartrand
Présidente
Conseil scolaire catholique Mon Avenir
Claude Deschamps
Directeur général
Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques
Julien Geremie
Directeur général
Conseil de la coopération de l’Ontario
Daniel Giroux
Président
Collège Boréal
Peter Hominuk
Directeur général
Assemblée de la francophonie de l’Ontario
Sylvie Landry
Présidente
Conseil scolaire Viamonde
Emeline Leurent
Directrice générale
Français pour l’avenir
Yves Lévesque
Directeur général
Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques
Dyana Ouvrard
Directrice générale
Labo (centre d’arts médiatiques francophone de Toronto)
Jocelyne Samson
Vice-présidente
Reflet Salvéo
Renaud Saint-Cyr
Président
Coalition ontarienne de formation des adultes
Carline Zamar
Directrice générale
Mouvement ontarien des femmes immigrantes francophones
1. Le contexte
Sous l’impulsion de l’Université de l’Ontario français (UOF), des leaders des organismes clés de la francophonie torontoise et ontarienne se sont rassemblés afin de discuter des mandats, des historiques et des raisons d’être des organismes représentés par chacun.
Après plusieurs décennies de travail acharné de représentation politique, l’annonce de la création d’une première université de langue française en Ontario complètement autonome à Toronto par le gouvernement provincial a été perçue comme le signe d’un changement de paradigme. Le principe que les Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens devaient gérer leurs établissements selon une logique définie « par » et « pour » elles et eux avait enfin trouvé la résonnance étatique nécessaire à la création d’un réseau scolaire complet et autonome. La plus importante minorité de langue française au Canada aurait désormais la responsabilité d’assurer la gestion d’une université conçue en fonction de ses particularités. Or, du même coup, le choix d’établir ce lieu de formation postsecondaire tant attendu à Toronto et au coeur de la région Centre-Sud-Ouest de l’Ontario, là où les besoins étaient les plus criants et la croissance démographique la plus rapide, a eu un effet catalyseur chez les francophones de la métropole et de l’Ontario qui prenaient conscience de leur importance, de leur spécificité et de leur capacité à mener des projets structurants significatifs. Rapidement, il était devenu évident que la francophonie torontoise et ontarienne ne serait plus jamais perçue de la même façon sur les plans nationaux et internationaux.
On pourrait croire que la mise en veilleuse du projet par le gouvernement Ford aurait pu avoir comme conséquence un repli sur soi des animatrices et animateurs du projet qui devaient lancer l’UOF. Par contre, c’est justement pendant cette même période de dialogue intense avec un gouvernement nouvellement élu et de reconfiguration du projet selon de nouvelles priorités que les leaders de l’UOF ont eu la présence d’esprit de souligner le composant sociétal de leur projet. Plus que jamais, ils ressentaient le besoin de garantir que cette école soit ancrée dans la métropole canadienne, et ce, pour assurer le rayonnement provincial, national et international de toutes et tous à court, moyen et long terme. De plus, ils étaient guidés par un désir de faire de cette université un lieu de dialogue, une réelle « agora » pour une société en pleine ébullition.
En 2019 et 2020, les intervenantes et intervenants ont pris conscience d’une passion partagée pour une langue française protéiforme aux accents multiples, porteuse des perspectives culturelles et identitaires, conférant au fait français à Toronto et en Ontario sa singularité, son originalité et sa richesse. Ils ont affirmé leur engagement collectif pour l’existence d’un espace culturel, socio-économique et politique franco-ontarien garant de l’avenir de la francophonie dans la métropole canadienne, certes, mais développant aussi un levier pour l’ensemble de l’Ontario français. Ils ont exprimé un désir de mettre en action un projet fédérateur à l’image d’une société habitée d’une volonté progressiste, la même qui a nourri la création de l’UOF, la même qui a déjà fait du Grand Toronto une terre d’accueil pour des francophones et francophiles venus des quatre coins du Canada et du monde.
Au fil des échanges, le projet de créer un lieu phare a émergé; un espace permettant le croisement des imaginaires, le partage des savoirs, la mise en commun des pratiques et la réinvention permanente des modes de production et de diffusion.
Les partenaires ont désigné l’excellence, la créativité, l’ouverture et la valorisation du génie francophone en guise de pierre angulaire de leur initiative.
Pour ce faire, une plateforme commune de réflexion, de concertation et d’action est née.
Ils ont adopté un premier nom : Le Carrefour.
2. Les assises
Ce collectif mettra au monde son agora en fonction d’une compréhension et d’une lecture endogènes de Toronto.
2.1 Toronto, métropole
Toronto est la plus grande ville au Canada et la troisième ville la plus importante en Amérique du Nord. Elle est l’épicentre des réseaux de transport nationaux, le carrefour principal des liaisons internationales pour le Canada, le haut lieu national de la production du savoir et de la recherche scientifique et le coeur économique du pays. Sa valeur emblématique s’appuie aussi sur sa situation géopolitique, sa multiethnicité et son aura internationale. Entre autres, la ville s’est taillé une réputation brillante comme terre d’accueil pour les immigrées et les immigrés, les réfugiées et réfugiés venues et venus du monde entier, y compris ceux issus de la francophonie mondiale.
2.2 Toronto, pôle francophone
Les tendances démographiques actuelles liées à l’immigration internationale et à la migration interne des francophones du Canada vers Toronto illustrent à merveille la manière dont cette métropole est devenue le carrefour de l’Ontario français. La ville est aujourd’hui un référent incontournable pour les Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens de l’ensemble de la province. Ils sont aidés en cela par les populations francophones et francophiles de tout le Canada (de Vancouver à Moncton en passant par Ottawa, Montréal et Québec) qui y transitent continuellement ou qui s’y établissent. La Ville-Reine est aussi une porte d’entrée importante pour les francophones du Québec, d’Europe et d’Afrique qui cherchent à développer des liens avec l’ensemble du Canada, voir l’ensemble du continent nord-américain.
2.3 Toronto, espace fédérateur
Son ouverture sur le monde et son désir d’accueillir de nouvelles populations issues de la francophonie internationale confèrent à l’Ontario français sa richesse. Comme partout ailleurs, une partie importante de ces nouvelles arrivantes et de ces nouveaux arrivants désirent a priori s’établir dans un contexte urbain, voire métropolitain. Ils s’ajoutent au nombre impressionnant de spécialistes et de leaders d’expression française qui convergent vers Toronto. Si ceux-ci sont d’abord attirés par les institutions anglophones à leur arrivée et s’y investissent, rapidement ils découvrent la communauté franco-ontarienne, notamment grâce aux réseaux scolaires francophones qui accueillent leurs enfants. On ne saurait capter la spécificité du modèle francophone torontois indéniablement fédérateur et cosmopolite sans tenir compte de ces réalités.
2.4 Toronto, levier collectif
Les préoccupations identitaires traditionnelles des Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens sont liées aux dynamiques rattachant le Nouvel-Ontario à Ottawa, capitale fédérale. Pour certains, ces préoccupations et ces dynamiques sont indissociables du mouvement franco-ontarien dans son ensemble. Les initiatrices et initiateurs de cette première conception de l’Ontario français ont le mérite d’avoir structuré les efforts de plusieurs générations de militantes et de militants et d’avoir créé des espaces discursifs spécifiquement franco-ontariens. Il n’en demeure pas moins que les résultats de leurs efforts, aussi importants soient-ils, peuvent être approfondis puisqu’ils demeurent en deçà de ceux de la communauté anglophone du Québec. Le temps est venu de bâtir sur ces assises dûment gagnées pour construire une société franco-ontarienne qui investit désormais tous les secteurs de son existence collective grâce à une présence accrue dans la métropole ontarienne et canadienne.
L’existence d’une francophonie plurielle à Toronto sert de levier au renouvellement de l’ensemble de la collectivité franco-ontarienne afin d’ajouter au travail amorcé pour « faire société » (Thériault, 2007). Le bilan positif dans les domaines des arts, de l’éducation, de la politique et de l’intégration des nouveaux arrivants dissimule trop souvent les défis restants, notamment dans les domaines économique, scientifique et médical. Plus concrètement, il est aujourd’hui nécessaire d’investir plus visiblement le coeur politique de la province et le centre économique du pays pour se défaire des attitudes de marginalisation et d’automarginalisation qui persistent.
En ce sens, l’obtention de la gestion complète des réseaux scolaires francophones grâce à la création de l’UOF et une ouverture au cosmopolitisme mènent tout naturellement à une bonification des stratégies employées dans le passé pour assurer l’avenir du fait français dans la province. Encore à ce jour et trop souvent, les besoins spécifiques des Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens sont relativisés dans un processus de négociation avec une majorité anglophone ou pour répondre aux besoins du Québec. Il est donc devenu nécessaire de miser sur les énergies collectives envers des initiatives « par » et « pour » une société d’expression française plus autonome. Pour assurer l’articulation d’un lieu et d’une institution qui peuvent fonctionner a priori en français en contexte minoritaire et pour rester en dialogue avec ces mêmes forces politiques hégémoniques qui influent directement sur son existence, la gestion endogène des institutions franco-ontariennes est devenue une nécessité absolue afin d’assurer la pertinence et l’attractivité du français dans la cité.
Parties annexes
Bibliographie
- Thériault, J.-Y. (2007). Faire société : société civile et espaces francophones. Sudbury : Prise de parole.