Résumés
Résumé
Fondée en 2003 par un collectif d’auteurs et d’intellectuels kényans mené par Binyavanga Wainaina, la revue littéraire Kwani? est devenue en une dizaine d’années une institution littéraire reconnue à l’échelle nationale et continentale. Objet textuel hybride, à l’interface de différents champs discursifs, la revue, présentée explicitement comme « littéraire » par ses fondateurs qui sont pour la plupart journalistes de formation, nous invite à interroger les rapports entre presse et littérature. En retraçant la généalogie de la revue et son inscription dans l’histoire littéraire régionale et continentale, il s’agira de mettre en lumière la porosité de ces deux champs discursifs, dans lesquels de nombreux auteurs de la région se sont inscrits simultanément, que l’on songe à Wahome Mutahi ou Ngugi wa Thiong’o. En outre, loin de se revendiquer uniquement de revues littéraires comme Transition ou Black Orpheus, Kwani? met en scène une filiation avec des magazines populaires comme Joe et Drum, qui ont joué un rôle non négligeable dans le développement d’une écriture spécifique caractérisée par l’humour et l’irrévérence. Nous reviendrons ensuite sur la question du genre mis en avant dans la revue Kwani? depuis que Billy Kahora en est devenu rédacteur en chef en 2003 : la création non-fictionnelle (creative non-fiction). L’étude de ce genre – qui puise ses sources au Nouveau journalisme (New Journalism) développé par Tom Wolfe aux États-Unis – et de sa promotion dans les pages de la revue permet de montrer comment, dans un contexte politique et culturel particulier, la pratique littéraire peut endosser une fonction herméneutique. Cette lecture diachronique de textes à la croisée du littéraire et du journalistique met en lumière diverses figures d’écrivains qui traversent l’histoire de la région et sont réinvesties dans les pages de la revue Kwani?.
Mots-clés :
- Kwani?,
- Drum,
- Whispers,
- écrivain-journaliste,
- Nouveau journalisme,
- création non-fictionnelle,
- Wahome Mutahi
Abstract
Since its creation in 2003 by a collective of Kenyan writers and intellectuals led by Binyavanga Wainaina, the literary journal Kwani? has become a renowned literary institution in Kenya and abroad. A hybrid textual object, at the interface between media and literature, the journal, explicitly qualified as « literary » by its founders – most of whom are journalists by training –, invites an exploration of the relationship between the press and literature. By re-inscribing the journal within a specific literary history and tracing its multiple influences, this paper seeks to offer insights on the fine line that separates media and literary practices for writers such as Wahome Mutahi or Ngugi wa Thiong’o. Claiming the influence of popular magazines such as Drum or Joe rather than that of intellectual little magazines like Transition or Black Orpheus, Kwani? emulates the former’s humorous and irreverent style. Since Billy Kahora became the editor in 2003, the journal has also sought to promote a specific genre, creative non-fiction, influenced by Tom Wolfe’s New Journalism, and presented as a hermeneutical tool particularly adapted to Kenya’s political and cultural context. Reading the complex dialogue and exchanges between the press and literature in Kenya sheds light on various figures of the writer and journalist and how they are reinvested within the pages of Kwani?.
Keywords:
- Kwani?,
- Drum,
- Whispers,
- writer-journalist,
- New journalism,
- creative non-fiction,
- Wahome Mutahi