Résumés
Résumé
Dans l’introduction à son recueil d’essais sur la littérature sud-africaine blanche White Writing (1988), J.M. Coetzee soutient que les premiers colons européens en Afrique australe, devant l’aspect étrange et impénétrable des nouveaux paysages qui s’offraient à eux, ont éprouvé le besoin de se les approprier culturellement, de les humaniser en y projetant des modèles esthétiques qui leur étaient plus familiers, comme le paysage pastoral. J.M. Coetzee prolonge sa réflexion en affirmant que ce qui manquait à ces premiers colons, c’était une langue avec laquelle ils puissent s’adresser à l’Afrique, plus précisément une « langue adaptée à l’Afrique, une langue qui soit authentiquement africaine ». Le but de cette communication est de montrer que le Karoo, cette région semi-aride et géologiquement tourmentée du sud-est de l’Afrique du Sud, qui sert de cadre emblématique à de nombreux récits fictifs chez des romanciers sud-africains blancs (J.M. Coetzee, André Brink, Etienne Van Heerden, etc.), constitue un défi constant, sinon obsédant, auquel ils se confrontent. Il s’agira d’analyser en particulier, à la lumière des remarques de J.M. Coetzee, comment ces écrivains interrogent obstinément ces paysages en recherchant des formes linguistiques et narratives susceptibles de réduire leur caractère aliénant et mystérieux qui met à l’épreuve leur identité. Il s’agira aussi d’analyser comment leurs représentations du Karoo se muent en un lieu mythique et métaphorique où se réinscrivent, et parfois se rejouent, les enjeux historiques de la colonisation et où s’engendrent les interrogations, voire les incertitudes, sur la présence européenne en Afrique.
Abstract
In the introduction to his collection of essays on white South African literature entitled White Writing (1988), J.M. Coetzee contends that when the first European settlers in Southern Africa were confronted with the alienating and impenetrable aspect of the new landscapes they encountered they felt the need to appropriate them culturally and humanize them by projecting onto them aesthetic models they were more familiar with such as the pastoral landscape. J.M. Coetzee goes even as far as stating that what these early settlers lacked was a language with which they could speak to Africa, or more precisely « a language adapted to Africa that was authenticcally African » (p. 7). The aim of this article is to show that the Karoo, a semi-arid and rugged region situated in south-east South Africa, was frequently used as a backdrop in fiction by white South African writers (J.M. Coetzee, André Brink, Etienne van Heerden, etc.) and served as a challenge they had to come to terms with. It will in particular focus on how, in the light of Coetzee’s remarks above, writers keep probing into these landscapes while simultaneously looking for appropriate linguistic and narrative forms likely to alleviate their forbidding and mysterious presence which threatens to undermine their identity. The article will also analyze how their representtations of the Karoo landscapes turn them into a mythical and metaphorical site where the historical stakes of colonization are re-inscribed and played out, while raising questions and uncertainties about European presence in Africa.
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