Résumés
Résumé
À partir d’une enquête ethnographique autour de la 26e Conférence de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, cet article analyse les modalités de participation des jeunes dans cette arène. Nous montrons comment ces acteurs se caractérisent par des ancrages sociodémographiques particuliers et des modes d’engagement divers. Au-delà de la prétention à représenter la jeunesse mondiale, leur identité de « jeune » se construit progressivement par la commune affirmation d’une forte ambition sur les enjeux climatiques, mais aussi par la reconnaissance de leur relative inexpérience du fonctionnement des négociations, qui renforce leur marginalisation. Si des échanges existent entre jeunes activistes et jeunes institutionnalisés, leurs positions précaires produisent des tensions. Pour se faire entendre, la frange la plus institutionnalisée au sein des négociations a massivement investi les enjeux d’éducation et d’inclusion, aux dépens d’une position audible sur d’autres enjeux. La frange la plus activiste, déçue du processus, s’est quant à elle montrée prompte à une critique plus radicale du système économique et des modalités des discussions. Malgré les tensions, les jeunes, acteurs atypiques des négociations internationales, s’unissent dans un investissement conséquent des arènes internationales.
Mots-clés :
- Climat,
- jeunes,
- négociations internationales,
- mobilisations sociales
Abstract
Based on an ethnographic survey of the 26th Conference of the United Nations Framework Convention on Climate Change, this article analyses the ways in which youth participate in climate negotiations. We show how youth actors are characterised by diverse modes of engagement, and particular sociodemographic anchors. Presenting themselves as the voice of youth worldwide, youth actors have gradually constructed their “youth” identity. They commonly show a strong ambition on climate issues, but at the same time, they recognize their relative inexperience in negotiations, resulting in the reinforcement of their marginalisation. While some interactions exist between young activists and institutionalised youth, their precarious positions produce tensions. To make themselves heard, the institutionalised youth invest massively in education and inclusion issues, at the expense of strong positions on other issues. Disappointed with the process, youth activists favour more radical critiques of the current economic system and the modalities of the negotiations. Despite the tensions, young people, atypical actors in international negotiations, collaborate by creating new political dynamics in international climate politics.
Keywords:
- Climate,
- youth,
- international negotiations,
- social movement,
- conflicts
Corps de l’article
Sept ans après l’Accord de Paris, où les parties prenantes s’engageaient à prendre les mesures nécessaires pour rester sous la barre des 2°C de réchauffement global, et si possible sous celle de 1,5°C, la 26e Conférence des Parties (COP26) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) fin 2021 devait être celle de la première évaluation des plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre nationaux. À Glasgow, les États devaient rendre compte de leurs efforts actuels, s’engager à atteindre des objectifs plus ambitieux, discuter des mesures d’adaptation nécessaires face aux conséquences des changements climatiques, et renforcer le plan de financement de l’action climat. Ces négociations ont nourri beaucoup d’attentes, alimentées par d’importantes mobilisations sociales qui depuis plusieurs années ont donné à voir une opinion publique mondiale de plus en plus préoccupée par les enjeux climatiques.
Présents au coeur de ces mobilisations, les jeunes sont devenus au fil du temps des acteurs et actrices·de plus en plus importants. Le mouvement mondial des jeunes pour le climat, incarné initialement par Greta Thunberg, jeune militante suédoise, pour se déployer ensuite dans le monde entier, à l’image de l’activisme médiatisé de la militante ougandaise Vanessa Nakaté, a contribué à renforcer une lecture générationnelle des politiques climatiques, faisant des jeunes un moteur dans la transition vers des sociétés faiblement carbonées.
La médiatisation des mobilisations des jeunes pour le climat tend cependant à masquer la diversité de leurs engagements, et en particulier leur investissement dans les négociations internationales (Thew 2018 ; Thew et al. 2020, 2021 ; Yona et al. 2020). Bien que les COP soient des espaces privilégiant la parole des acteurs étatiques, des organisations non gouvernementales environnementales telles que Nature and Youth (Norvège) et Young Energy Specialists and Development Cooperation (Pays-Bas) participent aux négociations en tant qu’observatrices dès la toute première COP en 1995. Depuis la COP11 à Montréal, le nombre de représentantes et représentants de la jeunesse aux COP a explosé (voir Figure 1). Cette même année, les jeunes mettent également en place leur propre conférence annuelle, la Conference of Youth (COY), parallèlement aux COP. En 2010 est alors créé YOUNGO, le groupe officiel des jeunes auprès de la CCNUCC.
L’importance de la jeunesse dans ces négociations trouve un écho dans un ambivalent discours « générationnaliste » (Bullon-Cassis 2021) qui ferait du climat une lutte de « jeunes », parfois contre les autres générations, jugées responsables. La focalisation sur « les jeunes », tout comme le discours sur les « générations futures », peut en effet renvoyer à l’idée d’un problème environnemental à venir en relativisant le caractère actuel et urgent. Cette compréhension du débat climatique contribue également à homogénéiser notre perception de la « jeunesse » et ainsi à occulter la spécificité des caractéristiques sociodémographiques (notamment en termes de genre, de classe et de nationalité) et la diversité des stratégies d’action des jeunes. Enfin, si les acteurs jeunes formulent souvent une demande forte de transformation politique et d’action plus ambitieuse, ce discours fait aussi l’impasse sur les clivages politiques qui persistent et ne sont ni réductibles à un affrontement générationnel, ni résolubles dans la seule protection du « droit des générations futures » (Gaillard 2019).
L’insistance sur l’importance des jeunes s’accompagne ainsi d’un risque de dépolitisation qui interroge sur le statut, les rôles et les effets réels des jeunes. Alors que la participation des acteurs non étatiques est souvent difficile dans les giga-évènements que sont les COP climat (Aykut et al. 2017), la présence des jeunes peut surprendre par sa constance et par la pluralité de ses formes. D’un côté, elle s’investit massivement dans la rue, au cours de manifestations, et revendique des transformations substantielles du système politique et économique, auxquelles doivent répondre les négociations. De l’autre, « la jeunesse » désigne également un acteur à part entière des négociations, observateur officiel via les activités de YOUNGO. Ces imaginaires de la jeunesse revendicatrice et négociatrice sont liés, circulent et s’articulent, bien qu’ils soient souvent portés par des types d’actrices et acteurs différents. Ainsi, plutôt que de saisir les jeunes comme des acteurs figés et homogènes de la négociation, il importe de les appréhender comme des acteurs à l’identité en construction, aux stratégies changeantes et à l’impact dépendant de ce qui environne l’espace des négociations.
Face à ces risques d’incompréhension et de dépolitisation de la présence des jeunes, cet article propose donc de mettre en lumière les différents rôles des jeunes comme acteurs et actrices politiques lors de la dernière COP climat, la COP26, et leurs conséquences pour la diplomatie environnementale. Après une présentation de l’état des connaissances sur les jeunes dans les négociations internationales et de notre méthodologie pour appréhender ces phénomènes (I), nous décrivons les mécanismes de construction d’une identité « jeune », notamment à partir des processus de préparation aux négociations internationales mis en place pour et par ces jeunes acteurs et actrices (II). Nous montrons ensuite comment ces préparations se traduisent en actions pendant la COP (III). Dans une dernière partie, nous discutons de l’impact effectif de cette participation, entre sectorisation de la parole des jeunes et renforcement des liens entre participation formelle et informelle aux négociations internationales (IV).
I – Analyser les jeunes dans la diplomatie environnementale internationale
A – Une littérature morcelée sur l’engagement des jeunes dans les politiques environnementales mondiales
La place des jeunes et des acteurs et actrices de la jeunesse dans les négociations internationales officielles a été documentée par plusieurs travaux, principalement de science politique et en particulier de Relations internationales. Ces travaux s’interrogent sur l’influence politique des jeunes engagés dans les négociations internationales et statuent sur ses limites, notamment du fait du manque de ressources des jeunes et de leur auto-perception comme acteurs plus faibles (Thew 2018 ; Thew et al. 2020, 2021 ; Kolleck et Schuster 2022), tout en mettant en lumière les stratégies des réseaux sociaux transnationaux et l’élitisme potentiel des jeunes participants aux négociations internationales sur le climat. D’autres formes d’investissement de la jeunesse ont également fait l’objet de publications, à l’image du travail de Yunita et al. (2018) qui analyse la participation des jeunes aux négociations forestières. Sur la base d’une enquête, ils identifient dans quelle mesure les jeunes sont invités à exprimer leur point de vue lors des négociations, constatant que ces opportunités sont limitées. Si elles aboutissent donc à la conclusion d’un impact limité, ces études sur les jeunes dans les négociations internationales omettent régulièrement de remettre en question l’homogénéité de cette jeunesse investie, régulièrement saisie comme un acteur unifié. Plus encore, les potentiels liens entre la diversité stratégique interne aux jeunes acteurs dans les négociations internationales et l’impact sur les processus sont rarement soulevés, comme c’est le cas pour d’autres parties prenantes étudiées dans des travaux récents de relations internationales (Allan 2020 ; Hanegraaff et Poletti 2023).
L’hétérogénéité des acteurs « jeunes » mobilisés sur les enjeux climatiques a quant à elle été soulevée par différentes enquêtes, principalement de sociologie, sur le mouvement mondial des jeunes engagés pour le climat qui nait à la suite des grèves scolaires initiées par Greta Thunberg en 2018. L’organisation de ces marches doit beaucoup au mouvement Fridays for Future (FFF) qui se développe en un réseau transnational de mouvements pour le climat locaux (Terren et Soler-i-Marti 2021). Ces travaux montrent ainsi, à partir du recensement des caractéristiques sociodémographiques des participantes et participants aux marches climat (Walström et al. 2019 ; de Moor et al. 2020 ; Quantité Critique 2019), que les manifestantes et manifestants sont plutôt issus des catégories socioprofessionnelles supérieures et positionnés politiquement à gauche, en particulier en Europe. Des recherches plus spécifiques mettent en lumière les dynamiques de ce mouvement et parfois les tensions qui l’animent : entre une aile modérée et une aile radicale (Marquadt 2020) ; entre un imaginaire « moderne », peu critique du système économique, et un imaginaire « terrestre », en rupture avec le productivisme (Knops 2021), ou encore, en France notamment, autour de la question du soutien au mouvement des Gilets Jaunes, entre celles et ceux qui le soutiennent et celles et ceux qui s’y opposent (Le Lann et al. 2021). À la diversité stratégique s’ajoute une diversité des modes d’action, avec plusieurs types d’activismes qui coexistent, à l’instar d’un activisme de dissidence consciencieuse ; d’une dissidence perturbatrice et d’une dissidence dangereuse (O’Brien et al. 2018).
Cette étude des mobilisations sociales pour le climat n’est pas sans lien avec les COP. En effet, d’importantes similarités existent entre ces manifestations de jeunes et les luttes pour le climat qui les ont précédées (de Moor et al. 2021) et qui ont régulièrement fait des COP un enjeu majeur. À la COP15 de Copenhague en 2009, le mouvement climat fait corps avec le mouvement mondial pour la justice, créant un mouvement unique pour la justice climatique (Hadden 2014). De Moor montre comment ces mouvements ont renouvelé leurs perspectives stratégiques en marge de la COP21, par la mise en question de la pertinence de ces espaces de négociations, créant de nouveaux clivages quant à la distance adéquate à adopter par rapport aux instances internationales (de Moor 2018).
La dynamique politique jeune, diversifiée, qui nait dans la rue en 2018 invite à s’interroger sur les évolutions qu’elle a pu engendrer concernant le rapport des jeunes aux négociations internationales. Alors que les dernières années de la lutte climatique étaient caractérisées par une frontière plus rigide entre les formes d’engagement au sein des négociations et les contestations depuis l’extérieur (de Moor 2018), nous souhaitons conjuguer une approche sociologique de la diversité des jeunes et des modes d’action, avec une approche classique de Relations internationales analysant l’engagement formel des jeunes. Cet article s’inscrit ainsi dans l’étude de la participation formelle des jeunes comme acteurs et actrices des négociations internationales, non pas comme un acteur figé, mais comme un acteur multiple en (re)construction. La section suivante présente la méthode élaborée pour atteindre cet objectif.
B – Méthodologie d’étude des jeunes à la COP26
Pour un aperçu général de la participation des acteurs et actrices de la jeunesse dans les négociations climatiques, nous permettant de contextualiser les données de la COP26, nous prenons comme point de départ les résultats de la base de données du projet YouthEarth[1]. Elle répertorie, à partir de recherches documentaires et de mots-clés, tous les participants et participantes aux COP climat se revendiquant comme représentant la jeunesse.
Pour collecter des données sur la COP26, nous mobilisons trois méthodes : 1) l’observation, 2) l’enquête en ligne, et 3) les entretiens semi-directifs. Premièrement, le premier auteur a participé à la COY16 en tant que représentant de la jeunesse française (après une candidature en ligne), ainsi qu’à la COP26 comme membre de la délégation belge – « party overflow »[2] –en qualité de chercheur. Nous avons également observé une dizaine d’événements parallèles (side-events) de la COP liés à la jeunesse, diffusés en livestreaming et archivés en ligne. L’observation a principalement porté sur les modalités de préparation des jeunes pendant la COP26, le cadrage de leur discours, ainsi que sur les relations entre les acteurs et actrices institutionnalisés – lors de réunions de YOUNGO – et des activistes en parallèle de la COP.
Deuxièmement, deux enquêtes en ligne ont été menées pour comprendre le profil et les opinions des jeunes ayant participé à la COY16 et à la COP26. Ces enquêtes collectent des informations générales sur les identités, les réseaux, les valeurs et les objectifs des répondantes et répondants. Elles ont été distribuées par plusieurs canaux. Pour l’enquête sur la COY, en anglais, nous avons identifié les jeunes cibles via les réseaux sociaux, notamment LinkedIn, cherchant le mot-clé « COY16 » dans leur profil. Nous avons aussi utilisé les informations disponibles sur le site de la COY et via nos observations de terrain. Trente-huit réponses ont été recueillies, sur les 100 envois qui ont été effectués. Une deuxième enquête, en français, a été envoyée aux jeunes francophones ayant participé à la COP26 (identifiés grâce à des boucles de messagerie en ligne [sur le réseau WhatsApp] intégrées lors du terrain), reprenant la plupart des questions de l’enquête précédente et les appliquant à la COP26, et pour laquelle nous avons obtenu 10 réponses exploitables.
Troisièmement, seize entretiens semi-directifs (voir la liste en annexe) ont été menés afin de mieux saisir les motivations et la logique des actions des jeunes acteurs et actrices de la COP26. Nous avons interrogé des membres de YOUNGO, des participantes et participants à la COY, des jeunes délégués nationaux à la COP et des jeunes militantes et militants pour le climat ayant manifesté en marge de la COP. Les personnes interviewées ont été identifiées de plusieurs façons : lors du terrain, via les enquêtes en ligne qui proposaient de laisser des coordonnées pour un entretien ultérieur et via des recherches en ligne pour identifier des jeunes ayant participé à la COY ou à la COP ou aux deux. Dans cet échantillon, la surreprésentation de la jeunesse française s’explique autant par les opportunités qu’offrait l’observation participante réalisée que par le souci de saisir, à partir d’un cas particulier, les mécanismes d’élaboration de l’identité de « jeunes » au niveau national. Les entretiens, qui portaient sur les caractéristiques des jeunes, sur leurs actions et positionnements, ainsi que sur leurs perceptions de leurs résultats, ont été menés en anglais, français ou coréen et exploités de manière inductive et qualitative.
Enfin, l’article s’appuie également sur une recherche documentaire systématique (archivage et analyse) des productions des acteurs et actrices de la jeunesse lors de la COY16 et de la COP26. Les données ainsi collectées nous permettent avant tout de comprendre la jeunesse à partir du point de vue des jeunes eux-mêmes, évitant des biais d’interprétation de leurs actions. Elles nous permettent dans un premier temps d’identifier les canaux de construction de la jeunesse dans les négociations climatiques internationales.
II – Construire la « jeunesse » dans les négociations internationales
La complexité des mécanismes des négociations internationales sur le climat rend nécessaire des préparations en amont de l’événement, d’autant plus pour des jeunes qui n’ont souvent pas d’expérience de ces arènes. Ainsi, tant au niveau transnational (avec YOUNGO et l’organisation de la COY) que national (coordination nationale et participation aux délégations nationales), les acteurs et actrices jeunes et de la jeunesse mettent en place un certain nombre de dispositifs pour se préparer à la COP. C’est dans ces espaces et à partir d’eux que se construit progressivement une identité « jeune », autour à la fois d’une forte ambition de transformation sociale, mais aussi d’une faible expérience des négociations internationales.
A – Se doter d’une représentation formelle au niveau international : YOUNGO
Le réseau officiel de la jeunesse aux COP est YOUNGO. Dès le Sommet de la Terre de Rio en 1992, la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement a reconnu les enfants et les jeunes comme un des neuf groupes majeurs clés pour la réalisation du développement durable. Ce n’est cependant qu’en 2009, à la COP15 de Copenhague, qu’ils sont officiellement reconnus comme groupe constitué officiel, formalisé et baptisé YOUNGO en 2011. Depuis, YOUNGO vise, entre autres, à assurer la participation inclusive des acteurs et actrices de la jeunesse dans le processus décisionnel international de la CCNUCC (UNFCCC 2022 ; YOUNGO 2021).
En 2021, YOUNGO comptait plus de 10 000 individus membres et plus de 1 000 organisations affiliées. Les individus membres doivent avoir 35 ans au plus. Les organisations affiliées doivent être dirigées par des personnes de 35 ans au plus (youth-led) ou travailler sur des thématiques liées à la jeunesse (youth-serving). Concernant sa structure, le secrétariat de YOUNGO repose sur deux points focaux (un du Nord et un du Sud ; avec un mandat d’un an récemment étendu à deux ans) pour assurer la liaison avec le secrétariat de la CCNUCC et avec d’autres groupes constitués ou partenaires. YOUNGO s’organise également autour d’une équipe de coordination internationale. Les points focaux et l’équipe de coordination ne sont toutefois pas mandatés pour prendre des décisions. Celles-ci sont prises par consensus des membres, YOUNGO visant à maintenir une structure inclusive et horizontale.
Les missions de la plateforme vont bien au-delà de la question des jeunes et s’organisent en 14 groupes de travail thématiques sur les questions de genre, d’action pour l’autonomisation climatique (Action for Climate Empowerment, ACE), d’océans, de droits de l’homme, d’atténuation, d’adaptation, de santé, d’agriculture, de conflits d’intérêts, de mécanismes technologiques, de renforcement des engagements nationaux, de finances et de marché, de pertes et dommages et d’énergies renouvelables. YOUNGO inclut également 6 groupes de travail transversaux sur la COY, la communication, la sensibilisation, les actions, les politiques et l’engagement (YOUNGO 2021).
YOUNGO tente de représenter les positions communes de ses membres, malgré leur grande diversité. En amont de la COP26, YOUNGO avait préparé une Déclaration mondiale de la jeunesse (Global Youth Statement) à discuter et endosser à la COY16. Contenant 15 points prioritaires, aussi variés que les questions de prise de décision transparente et responsable ; de représentation des minorités ; d’énergie ou de justice climatique et droits de l’homme (COY16 et YOUNGO 2021), elle n’exprimait pas, à nouveau, uniquement des revendications pour la jeunesse, mais sur tout ce qui faisait consensus parmi ses membres. Il ne s’agit pas pour les jeunes de prendre des décisions relatives à eux-mêmes, mais de prendre eux-mêmes les décisions (entretien avec Arya[3]).
YOUNGO incarne donc à la fois cette prégnance de la jeunesse sur les enjeux climatiques, mais aussi le processus d’institutionnalisation qui guette les acteurs jeunes, qui cherchent à articuler fort engagement contestataire et participation aux négociations. La construction de cette position intermédiaire s’élabore à travers certains évènements et, en particulier, depuis 2005 et la COP11, la COY qui se tient pendant les quelques jours précédant la COP, au même endroit, et constitue le plus grand rassemblement des acteurs et actrices de la jeunesse sur le climat au niveau mondial (COY16 2021). La volonté d’élargissement et d’ouverture vers les dynamiques alternatives se donne à voir dans cet évènement qui rassemble à la fois des membres de YOUNGO, mais qui élargit le réseau transnational de la jeunesse au-delà, sous réserve pour les participantes et participants d’avoir moins de 35 ans.
B – Élargissement et limites de la représentation de la jeunesse au niveau transnational : la COY16
La COY16, en marge de la COP26, a accueilli environ 250 jeunes délégués sur place à Glasgow (selon les organisateurs), et environ 150 ont suivi les travaux à distance (le groupe sur le réseau social Slack comptait 396 membres). Elle a rassemblé des jeunes du monde entier. Pour notre enquête sur la COY, 15 répondantes et répondants étaient en effet originaires d’Europe (41 %), 9 d’Asie (24 %), 9 d’Afrique (22 %), et 2 d’Amérique du Nord et du Sud, respectivement (5,5 % chacun)[4].
Il est possible d’identifier certaines tendances chez ces acteurs et actrices de la jeunesse. Notre enquête a rassemblé une majorité de femmes (25 étaient des femmes [66 %], 12 des hommes [31 %] et un non-binaire [3 %]), résultat congruent avec nos observations de la COY. Ces personnes sont pour la majorité de jeunes qui travaillent et qui étudient : 42 % ont un emploi, 39 % étudient à l’université, 8 % sont au chômage et 11 % se définissent comme ayant une autre occupation (par exemple, ils et elles sont bénévoles ou indépendants).
L’enquête et les observations confirment que la participation à la COY se fait sur la base du bénévolat, les participants et participantes mobilisant leurs propres ressources financières et de temps pour s’engager sur les questions climatiques. Une minorité (12 sur 38, soit 32 %) a déclaré avoir reçu un soutien financier pour participer, la plupart l’ayant reçu du comité d’organisation de la COY. Ils et elles s’impliquent parfois dans les négociations via des petits emplois (Arya a été traductrice, par exemple). Même si la COY a bénéficié d’un financement conséquent jusqu’à présent, les acteurs et actrices de la jeunesse donnent de leur argent et de leur temps pour y participer : « none of my time as a youth climate activist has been reimbursed » (entretien avec Aurélie).
Par ailleurs, la COY a attiré des jeunes avec un niveau de formation approfondi. Les personnes enquêtées sont particulièrement diplômées : 34 (89 %) ont obtenu un diplôme d’une université, dont 13 un master (34 %), et 4 seulement n’ont qu’un diplôme du secondaire (11 %). Leur important capital culturel témoigne des ressources matérielles nécessaires pour intégrer ce type d’évènement, mais révèle également la complexité des enjeux traités, particulièrement techniques, qui contribue à l’exclusion d’une partie de la jeunesse de ces arènes.
Au capital culturel s’ajoute souvent le capital militant (Matonti et Poupeau 2004). Pour la majorité des jeunes interviewés, l’implication au niveau international constitue l’étape ultime d’investissements à des niveaux locaux ou nationaux (entretiens avec Aurélie, Eymen, Youri, Arya et James). Ce mode d’engagement s’articule surtout à des engagements associatifs plutôt que politiques. Plus de la moitié des répondantes et répondants (58 %) étaient engagés dans une ou plusieurs initiatives. Les associations sont diverses, allant d’organisations internationales à des organisations locales, et la plupart d’entre elles s’articulent autour d’enjeux environnementaux ou climatiques. Elles incluent à la fois des associations militantes et des mouvements plus contestataires comme FFF ou Extinction Rebellion, et des associations plus institutionnalisées, comme la Fédération internationale des jeunes pour l’eau et le climat des Nations Unies, Women’s Environmental Network et Young Leaders in Energy and Sustainability Europe. Au contraire, la plupart des personnes interrogées se tiennent à l’écart des partis politiques ou des syndicats. Trois seulement sur 38 étaient membres d’un parti politique : le Parti démocratique (Ouganda), le Parti libéral (Canada) et le Parti Vert écossais. Une participation active demande ainsi une certaine quantité de capitaux économiques, culturels et militants, qui permet de nuancer les intentions de la COY qui, en permettant la participation d’acteurs et actrices non membres de YOUNGO, cherche à incarner la diversité des voix de la jeunesse.
Du point de vue de son organisation, la COY se compose de nombreuses sessions plénières animées par les points focaux de YOUNGO et de sessions thématiques. Alors que le public est jeune, les intervenants et intervenantes sont plus expérimentés : des femmes et des hommes élus politiques, experts économiques ou du climat, rouages centraux des négociations, représentants des peuples indigènes directement affectés par le réchauffement climatique, ces derniers animant les ateliers les plus plébiscités (dont un a été élu meilleur panel de la COY par vote des participantes et participants). Plus généralement, la COY accueille aussi des jeunes investis dans les mobilisations sociales dans la rue. L’imaginaire d’une jeunesse investie et désireuse de changements importants est réinvesti massivement dans les discours de YOUNGO, qui se présente comme en capacité de porter cette voix dans les négociations. L’un des anciens points focaux de YOUNGO parle ainsi du lien existant entre les mobilisations dans la rue et le suivi des négociations, en arguant d’une continuité sans friction entre les différents modes d’engagement.
Pourtant, bien plus qu’un lieu où s’élabore la contestation, les entretiens et les observations permettent de définir la COY comme un espace de préparation des jeunes à la COP (entretien James), la plupart (33 sur 38 dans notre enquête) participant à la COP pour la première fois, et comme un espace de structuration des revendications des acteurs et actrices de la jeunesse (formation des jeunes au plaidoyer pendant la COP). La plupart des sessions sont à visée formatrice, on y explicite le fonctionnement des négociations au sein de la COP, et on s’y familiarise avec les revendications de YOUNGO. L’objectif est d’y présenter aux acteurs et actrices (celles et ceux qui vont négocier, observer, organiser), les espaces (pavillons, salles de négociations, lunch room, etc.) et les manières de faire avancer les revendications. L’objectif est de préparer un maximum de négociateurs et négociatrices à partager la Déclaration mondiale de la jeunesse et maximiser le nombre de soutiens. La COY16 a également, pour la première fois, mis en place un système d’ambassadrices et ambassadeurs de la jeunesse dépêchés dans différents pays en amont de la COP (entretien avec Aurélie), lui donnant une visibilité dont se réjouissent les organisateurs et organisatrices : « COY finally got the attention it deserves » (entretien avec Arya).
Ainsi, la COY est un lieu incontournable pour créer des réseaux avec d’autres jeunes, produire des recommandations et des déclarations politiques communes, et se former et se préparer à un lobbying considéré comme efficace lors de la COP. Cette mission d’initiation à la COP que revêt la COY dit quelque chose de ces jeunes : s’ils sont souvent fortement concernés par les enjeux climatiques, ils sont, au-delà du noyau central de YOUNGO, particulièrement inexpérimentés concernant l’orchestration des négociations sur le climat. Le caractère bénévole de la présence des jeunes renforce le caractère précaire de leur investissement. Cette dimension d’initiation des jeunes aux négociations se retrouve à l’échelle nationale.
C – Se préparer à la COP26 au niveau national : le cas des jeunes Français
Des tentatives de structuration de collectifs de jeunes avant la COP se font également en dehors de YOUNGO et existent au niveau national. En effet, de nombreux jeunes souhaitent participer à la COP sans nécessairement être en lien ni avec la COY, ni avec YOUNGO. D’autres canaux existent alors pour obtenir des badges d’accréditation à la COP, qui permettent d’accéder à la Blue Zone, c’est-à-dire la zone centrale où se trouvent les salles de négociation et les pavillons des États parties. Des partenariats entre le secrétariat de la CCNUCC et certaines universités – qui ont manifesté leur souhait de devenir organisations observatrices – permettent à de nombreux jeunes d’obtenir une accréditation avec le statut d’observateurs ou observatrices, sous réserve d’être étudiantes ou étudiants. Des organisations militantes et des associations peuvent également faire des demandes d’accréditation. C’est le cas, par exemple, en France, du Réseau Étudiant pour une Société Écologique et Solidaire (RESES), mais aussi de l’organisation Climates, qui regroupe des jeunes militantes et militants investis dans la lutte contre les changements climatiques, ou encore des Jeunes Ambassadeurs pour le Climat (Entretien avec Romuald). Ainsi, un certain nombre de jeunes s’investissent dans la COP par le biais d’universités, d’associations de jeunes ou de groupes d’intérêts. En plus des accréditations, des réseaux nationaux s’organisent, principalement autour de boucles de messagerie instantanée, dans les deux mois précédant la COP, qui permettent de se tenir informés sur les rencontres, plaidoyers et actions en préparation.
En France, une journée a été organisée par le RESES en amont de la COP, à l’Académie du Climat[5], pour préparer les étudiantes, étudiants et membres d’organisations de jeunes venant de France, en réunissant plus de quarante jeunes en présentiel et une dizaine en distanciel. Au total, les boucles de messageries instantanées réunissant les « jeunes Français » à la COP étaient composées de plus de quatre-vingt-dix personnes. Ces dispositifs de formation, et les réseaux qui y sont tissés, contribuent à la construction de la figure du participant « jeune », à partir notamment d’une condition commune d’âge, de qualité d’étudiante ou étudiant (le plus souvent), d’un fort désir d’une action politique ambitieuse (sans toutefois toujours en décrire les contours), mais également construite autour d’un manque d’expérience des négociations internationales qui font de leur participation une initiation.
Parmi ces jeunes, très peu sont intégrés dans les délégations officielles, excepté les jeunes membres du programme des jeunes déléguées et délégués des Nations Unies, qui promeut depuis 1995 l’inclusion de jeunes dans les délégations nationales des membres des Nations Unies. La délégation française en compte deux. Elles ont joué un rôle de relais, contribuant à mettre en relation les jeunes accrédités via des universités et des associations françaises, et les négociateurs et négociatrices de la délégation française. Toutefois, cette position à l’intérieur de la délégation officielle n’est pas sans créer des tensions : être inclus dans une délégation gouvernementale signifie parfois suivre à la lettre la position de cette délégation, sous peine d’amende dans le cas contraire (entretien avec Aurélie). Par ailleurs, pour le cas français, d’autres négociateurs membres de la délégation française avaient un âge similaire aux jeunes déléguées françaises du programme des Nations Unies. L’identification comme « jeunes » pour ces dernières renvoie ainsi davantage à leur statut novice, et par conséquent plus marginal au sein de la délégation.
L’investissement des jeunes dans les négociations internationales nécessite donc des moments de préparation visant à former les jeunes sur le fonctionnement des instances internationales, tout en créant une solidarité entre acteurs. Ces espaces permettent de préparer la « jeunesse » à défendre des vues communes, consubstantiellement ambitieuses quant à la volonté de transformation des politiques internationales climatiques. Cependant, à l’opposé de l’image d’une jeunesse unie dans sa diversité sociale et géographique, ces espaces de construction de la jeunesse font en partie l’impasse sur la faible hétérogénéité sociale de ce groupe de jeunes, et sur leurs diversités stratégiques et politiques internes, qui se reflètent en réalité ensuite dans leurs actions pendant la COP.
III – Participer à la COP en investissant les espaces disponibles
À partir de ces réseaux nationaux et transnationaux, les jeunes sont particulièrement investis, en nombre, en objectifs et en actions politiques, pendant la COP. Toutefois, leur position marginale dans les négociations et leur faible expérience les conduit à investir principalement les évènements périphériques, et à participer aux actions de contestation plutôt que de négociation, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Blue Zone. Ces formes d’engagement disparates sont constitutives d’une tension entre exigence de respectabilité et désir de radicalité.
A – Une présence massive de la jeunesse
Le nombre et le taux de participation des acteurs et actrices de la jeunesse a atteint un niveau record à la COP26 (Figure 1). Alors que leur nombre a progressivement augmenté depuis la COP1, les deux COP les plus fréquentées sont la COP15 à Copenhague (1 151 jeunes) et la COP26 (1 331 jeunes). La participation record de la jeunesse se confirme en propositions : 5,7 % pour la COP26, 4,8 % pour la COP15. La crise sanitaire a pourtant limité la participation à Glasgow mais la COP avait été reportée d’un an, ce qui a donné plus de temps aux jeunes pour s’organiser (entretien avec Aurélie). Depuis 2018, leur dynamisme est notable.
Figure 1
Acteurs et actrices de la jeunesse participant aux COP de la CCNUCC (nombre total en bleu ; proportion en orange)
Nos observations confirment cette participation record de la jeunesse : la délégation YOUNGO de la COP26 a été la plus grande jamais réunie (entretien avec Arya) ; la délégation informelle de jeunes Françaises et Français comptait plus de 100 membres, un chiffre beaucoup plus important que lors des COP précédentes (entretiens avec Marie et Marianne).
Malgré cette participation record, l’accessibilité des négociations pour les minorités et les acteurs et actrices du Sud a été l’un des enjeux majeurs de la COP (Cartier 2021). Les restrictions sanitaires liées au Covid-19 – vaccination obligatoire, quarantaine pour la plupart des personnes extra-européennes, limitations du nombre de badges alloués aux organisations non gouvernementales – ont considérablement limité la présence de personnes issues de pays en développement, touchant la jeunesse également. Pourtant pour ces populations l’enjeu de leur participation aux négociations internationales d’environnement est essentiel (entretien avec Zenia). Bien que ce déséquilibre touche toutes les catégories d’acteurs non étatiques, les jeunes y sont particulièrement sensibles. Une jeune Française accréditée à la COP26 évoque ainsi le caractère « indécent » du nombre de jeunes Français présents, alors même que le Sud est particulièrement peu représenté (entretien avec Marianne). Ce décalage est renforcé par le caractère élitiste des membres de ces délégations de jeunes, dans lesquels sont particulièrement représentés les filles et fils de personnes cadres et de professions intellectuelles supérieures.
B – Les actions politiques des jeunes à la COP26 entre participation et contestation
L’investissement des jeunes comme acteurs politiques se décline en actions formelles et actions informelles. Du côté formel, pour certains acteurs et actrices, l’objectif de la COP est de faire avancer un certain nombre de revendications dans les textes internationaux. Ces « lobbyistes » institutionnalisés se mobilisent principalement via YOUNGO. Leurs journées sont rythmées par de nombreuses réunions de coordination et de préparation dont celles organisées chaque matin par YOUNGO et qui permet à chacun des groupes de travail de faire un bilan de son action de manière transparente et horizontale, en insistant sur les différents points d’avancée dans les négociations (entretien avec Anders). La coordination se passe également en ligne, via des conversations sur WhatsApp : une conversation dédiée aux partages d’information entre membres présents et absents à la COP ; une autre seulement pour les membres présents sur place ; une pour chaque groupe de travail ; et encore une pour les éléments logistiques.
Leurs actions consistent à investir l’ensemble des espaces qui leur sont accessibles au sein de la COP. Devant les salles de négociations, ils et elles interpellent les négociateurs et négociatrices officiels pour leur présenter leur plaidoyer. Si possible, ils et elles préparent eux-mêmes des interventions, visant à la fois à avancer des revendications ambitieuses tout en les inscrivant dans l’espace politique de la COP. Un tel positionnement requiert des concessions et ajustements. La dernière prise de parole de YOUNGO, lors de la séance plénière conclusive de la COP, traduit bien l’ambivalence de leur position. Le mode de fonctionnement décentralisé et horizontal de YOUNGO complexifie la préparation de ce discours notamment du fait d’un temps restreint. Finalisé dans la salle plénière même, sur un document partagé par les quelques personnes encore présentes, c’est une jeune Française, membre de YOUNGO uniquement depuis la COP, qui se charge de le lire devant une salle presque vide (une dizaine de personnes). La construction du discours est marquée par des injonctions contradictoires. D’un côté, les jeunes souhaitent rappeler leur volonté de voir se concrétiser une politique très ambitieuse, ce qui nécessite notamment de critiquer le processus et le système économique de manière explicite. De l’autre, la nécessité de s’assurer une respectabilité les conduit à déradicaliser leur discours. Lorsque les jeunes racontent comment s’est construit le discours prononcé, ils et elles relatent comment les membres les plus institutionnalisés de YOUNGO, dont certaines et certains souhaitent poursuivre une carrière diplomatique internationale, ont retravaillé des passages du discours initial plus militant, au motif qu’il n’était pas possible de porter une parole trop radicale (entretiens). Ce caractère parfois hâtif de leur préparation, et la difficulté de coordination liée à une organisation très horizontale conduisent ces jeunes à ne participer que faiblement à des stratégies de coalition avec les autres groupes officiels.
Le manque d’espaces officiels ouverts aux observateurs et aux observatrices les conduit toutefois à investir d’autres arènes que les négociations directes. YOUNGO organise ainsi des évènements parallèles (side events) aux négociations pour faire avancer certains enjeux. Mais les ressources nécessaires pour organiser ce genre d’évènements manquent à la plateforme des jeunes (Thew 2018). Pendant la COP26, YOUNGO organise tout de même trois évènements parallèles en stand-alone, sur la question de la justice intergénérationnelle, sur une présentation de l’initiative Youth4Climate qui a réuni plus de 400 jeunes à Milan en amont de la COP, et sur une présentation de la COY et de la Déclaration mondiale de la jeunesse. Ces présentations visent avant tout à faire connaître les réseaux formels d’action de la jeunesse au sein de la COP, en insistant sur leur caractère transnational, pour leur donner davantage de légitimité et de visibilité.
Mais, de manière informelle, les acteurs et actrices de la jeunesse se sont démarqués, pendant la COP, par une série de happenings et de manifestations dénonçant entre autres la très faible présence de déléguées du Sud, ou rappelant les liens entre féminisme et lutte contre le réchauffement climatique. On peut recenser plusieurs manifestations la première semaine à l’intérieur de la COP, notamment l’une dénonçant l’absence des activistes du Sud Global, une autre pour rejoindre la manifestation des jeunes le 5 novembre, ainsi qu’un happening le samedi 6 novembre à l’entrée de la COP26 autour du slogan « Polluters, Out ». Ces actions mettent en cause parfois directement l’organisation de la COP, comme lors de la sortie collective des jeunes en signe de contestation du mode de fonctionnement de la COP, organisée au moment d’une séance de discussion portant sur la jeunesse, le 5 novembre, en présence d’Alok Sharma, président de la COP.
Pour beaucoup d’activistes en marge de la COP, qui se démarquent souvent par un fort rejet du système capitaliste et un ancrage très à gauche, l’expérience de la COP a été une expérience violente, de confrontation avec un monde qui leur semble complètement déconnecté des enjeux réels, aux codes et aux normes qui ne permettent pas d’amorcer le changement systémique nécessaire. Partageant en partie ces préoccupations, FFF a organisé une manifestation le vendredi 5 novembre en parallèle de la COP en collaboration avec les syndicats de travailleurs de Glasgow, et en plus de la marche mondiale pour le climat du samedi 6 novembre.
Bien que présentées en parallèle, des passerelles existent entre ces modes d’action formels et informels. La centralité des messageries instantanées pour faire le point entre les différents jeunes et les différentes actions est décisive. Les jeunes sont quasiment toujours multi-positionnés et membres de plusieurs conversations. Les messageries contribuent aussi à créer des ponts : les jeunes institutionnalisés ont par exemple organisé des groupes de messageries instantanées comme celui des « Blue Zone Activists », dont l’objectif était de faire émerger, à l’intérieur de la COP, les revendications contestataires des jeunes qui s’exprimaient à l’extérieur. Cet usage des réseaux pour organiser l’action politique n’est pas spécifique à la jeunesse (entretien avec Cléa). Toutefois, le caractère multipositionné des jeunes les conduit à investir massivement ce mode de communication, principale source d’organisation pour les actions à la COP.
Sans pouvoir de décision finale sur le cours des négociations, les jeunes cherchent donc soit à jouer le jeu des négociations, soit à investir les espaces marginaux, en allant jusqu’à contester directement le dispositif de négociations. Ce positionnement peut également se lire comme l’expression de leurs ancrages sociaux et politiques divers : la relative maîtrise des codes du champ politique (y compris dans les arènes internationales) les conduit à en respecter les règles et à en jouer le jeu, mais leur volonté de transformation politique en pousse certains à critiquer le cadre. Cette ambivalence, qui remet en cause une identité « jeune » univoque, produit à la fois des effets sur les négociations, et sur les jeunes qui s’investissent.
IV – Impact, jeunesse et COP : sectorisation et consolidation
Du fait de leur position marginale, les jeunes n’ont qu’un impact limité sur le processus décisionnaire, sectorisé sur les enjeux d’éducation et d’inclusion. Toutefois, leurs objectifs vont parfois au-delà de la COP en tant que telle et, malgré leurs conflits, la COP se révèle être un outil de solidification des solidarités transnationales entre les acteurs engagés, ce qui renforce le mouvement des jeunes pour le climat.
A – L’impact de la jeunesse sur la COP : sectorisation et youth washing
L’impact de la jeunesse sur la COP n’est pas toujours à la hauteur de leur attente. En effet, à l’exception des jeunes véritablement intégrés dans les délégations nationales, une place minime est accordée aux observateurs, qui manquent souvent de temps pour intervenir. Au sein de YOUNGO, l’appréciation des résultats de la COP26 est en demi-teinte, entre insistance sur les points d’avancées et déceptions. Comme lors de COP précédentes (Thew 2018), ils et elles sont écoutés quasi exclusivement sur certains enjeux, notamment sur les enjeux d’éducation climatique. Ainsi, seuls les jeunes travaillant sur ces questions (notamment le groupe de travail ACE de YOUNGO) sont relativement satisfaits (entretiens avec Aurélie, Zénia et Anders, conversation sur WhatsApp) de la décision sur l’ACE prise à Glasgow, jugée historique (Campbell 2021), notamment car elle mentionne abondamment la jeunesse (ibid.). D’autres citent également les points 63-65 du Glasgow Climate Pact, une des déclarations officielles adoptées à la COP, comme des succès, ces points portant sur des questions plus générales de financement et de pertes et dommages, mais cette mention n’apparait qu’une seule fois pendant nos entretiens (avec Arya), signe d’une importance moindre de cette avancée.
Toutefois, l’écoute des jeunes sur les enjeux liés à l’éducation est symptomatique de la manière dont leur parole est sectorisée dans les négociations internationales pour le climat. En l’occurrence, la réduction de la voix de la jeunesse à un discours sur l’éducation climatique dépossède ces acteurs et actrices de la possibilité d’élaborer un discours sur des enjeux plus directement politiques (et notamment sur la question des investissements dans les énergies fossiles). Quand elle n’est pas réduite aux enjeux d’éducation, la jeunesse est souvent instrumentalisée de façon symbolique, pour une photo, une apparition passive dans un panel, etc. Les termes de youthwashing ou adultisme émergent depuis quelques années pour qualifier ce mécanisme. Si la plupart des jeunes interrogés considèrent la voix de la jeunesse comme plus audible depuis les actions d’activisme au niveau mondial avec Greta Thunberg ou Vanessa Nakate, ils et elles sont aussi régulièrement frustrés de leur place finalement très marginale dans les négociations (entretiens avec Marianne, Claire et Marie).
Les jeunes identifient eux-mêmes des points d’amélioration possibles pour renforcer leur impact. Par exemple, préparer idéalement les plaidoyers plus en amont des COP afin d’avoir le temps de nouer les contacts nécessaires pour leur bonne diffusion (entretien avec Marianne), mais aussi pour constituer des stratégies d’alliance avec d’autres observateurs ou groupes constitués qui, pour l’instant, sont particulièrement peu développées. La formation des nouvelles et nouveaux-participants (majoritaires) pour qu’ils se sentent moins perdus dans la spatio-temporalité de la COP (entretiens avec Karine et Claire) est un autre sujet d’attention. Sur ce point, la COY est jugée comme un endroit adéquat pour consolider des stratégies d’action et pour permettre aux acteurs et actrices de la jeunesse, venant du monde entier, de se connaître (entretien avec Aurélie). Surtout, les causes du manque de préparation des jeunes sont pointées du doigt : la généralisation du bénévolat et l’instabilité biographique d’une grande partie des jeunes (liée à l’âge ou aux études) conduisent à un roulement important qui ne leur permet pas de s’engager de manière répétée au sein des négociations. Par ailleurs, la transmission des badges et des financements pour les jeunes est souvent tardive ce qui les empêche d’anticiper leur participation (entretiens avec Aurélie et Arya).
Cette position précaire explique en partie la stabilisation tardive des plaidoyers de YOUNGO, et le fait que les acteurs et actrices les plus investis dans les négociations se recentrent sur des points restreints du plaidoyer, susceptibles d’avoir le plus d’échos, au dépens d’un plaidoyer plus large. Mais si les jeunes ont peu d’impact sur la COP, celle-ci a des effets notables sur le mouvement transnational de la jeunesse pour le climat.
B – L’impact de la COP sur la jeunesse : structuration et clivages au sein du mouvement jeune transnational pour le climat
La COP est l’occasion pour les jeunes activistes de redéfinir les paramètres de leur participation. Pour certains jeunes, l’objectif de faire carrière renforce leur motivation à participer aux négociations internationales. Pour d’autres, l’objectif est de se rendre dans ces espaces pour se constituer un réseau et nouer des contacts. Leurs journées sont ainsi rythmées par des rencontres, organisées par nationalité ou par espace linguistique, avec des personnalités, des délégués officiels, afin de s’informer sur différents sujets ou de construire un réseau.
Parfois peu investis dans la négociation, ils et elles peuvent entrer en conflit avec les lobbyistes plus aguerris. Ainsi, au sein des jeunes Françaises et Français à la COP, les étudiantes et étudiants liés au RESES[6], très engagés dans le plaidoyer (en lien notamment avec le Réseau Action Climat), sont entrés en conflit avec des étudiantes et étudiants issus d’autres grandes écoles françaises. Une rencontre avec Emmanuel Macron, lors de la première semaine de la COP, a nourri des tensions. L’équipe des Jeunes Ambassadeurs pour le Climat et les étudiants et étudiantes de l’École normale supérieure (ENS) ont pu rencontrer le président, sans se concerter avec d’autres jeunes, y compris ceux du RESES, qui n’ont pas été conviés à la rencontre. Ces derniers ont ainsi reproché aux premiers un manque de concertation, pouvant nuire à l’audibilité du plaidoyer, menacé par des initiatives discordantes et des canaux de transmission différents.
Au-delà des divergences d’objectifs, les jeunes considèrent qu’il existe une circulation efficace entre les trois espaces que sont la COY, la COP, et les manifestations en parallèle des COP. Un chevauchement est visible entre participation à la COY et à la COP, même s’il est généralement plus simple d’obtenir une accréditation pour la COY (entretien avec Arya). De plus, des personnes circulent entre les manifestations et les espaces institutionnels. La plupart des jeunes femmes et hommes transnationalisés et actifs au niveau formel ont été membres ou sont encore membres de FFF. Comme l’indique un jeune conseiller climat auprès du secrétaire général des Nations Unies : « I am not parachuted into this. I come from the roots too » (entretien avec Youri). La collaboration est réciproque. FFF a organisé un évènement parallèle à la COP (A conversation with Fridays for Future – Meet the youth activists from around the world), tout en organisant des manifestations. Plusieurs jeunes de FFF s’investissent dans les groupes de travail de YOUNGO et participent aux négociations, quand de nombreux organisateurs ou responsables de groupes de travail de YOUNGO participent également aux manifestations. La nouvelle dynamique autour des enjeux climatiques amorcée en septembre 2018 semble ainsi marquer un déplacement vers une plus grande fluidité, comme en témoignent les nombreux militantes et militants, membres d’organisations telles qu’Extinction Rebellion ou FFF présents à l’intérieur de la Blue Zone, et réunis autour de conversations de messageries instantanées. Ce lien entre les deux est considéré comme central : « Youth inside and youth outside. We are working on trying to improve those connections. Both approaches are very important. We need a more concerted strategy » (entretien avec James).
Mais ces convergences au sein même d’une diversité stratégique ne va pas sans quelques tensions persistantes entre jeunes plus militants et jeunes plus institutionnalisés, comme en témoigne la cérémonie de clôture de la COY lors de laquelle la Déclaration mondiale de la jeunesse est présentée par YOUNGO. Reposant sur le travail de plus de 40 000 jeunes du monde entier pour rendre compte de la voix de la jeunesse mondiale, elle est transmise à Alok Sharma, président de la COP26 et précédemment secrétaire d’État du Royaume-Uni aux Affaires étrangères, à l’Énergie et à la Stratégie industrielle. Un groupe de cinq activistes écossais membres de FFF perturbe la présentation de cette déclaration commune. Ils et elles dénoncent la politique néocolonialiste du Royaume-Uni, l’hypocrisie du gouvernement et celle du président de la COP lorsqu’il annonce souhaiter qu’elle soit une grande réussite. D’après plusieurs membres de YOUNGO, ces activistes se trompent de combat car ils et elles freinent un travail politique de longue haleine porté par de très nombreux jeunes. Ils n’hésitent pas à dire leur incompréhension face à l’utilisation d’un registre d’action qui nuit à la réception de cette déclaration (entretien avec James). Cette tension stratégique rend compte des dissensions qui peuvent exister entre les jeunes qui sont parties prenantes de ces arènes internationales, et donne à voir, en creux, une pluralité d’objectifs et de conceptions politiques.
Ces clivages peuvent également s’appréhender comme le corollaire du manque de ressources et de reconnaissances des jeunes : « If we stay in artificial scarcity we will continue fighting » (entretien avec Youri). L’objectif principal de YOUNGO, et plus généralement des jeunes acteurs et actrices institutionnels, serait ainsi de réussir à contrer cette précarité en fusionnant les deux approches : avancer un certain nombre de recommandations portées par la Déclaration mondiale de la jeunesse, donnant ainsi à voir la parole d’une jeunesse unifiée par ses ambitions climatiques, tout en s’assurant qu’elle soit portée par des dynamiques sociales dans la rue. De la même manière que les différentes conceptions de la COP15 de Copenhague (entre réussite et échec) avaient conduit à la reproduction ou à la refonte des hypothèses stratégiques du mouvement climat (Hadden 2014), la conception des résultats de Glasgow – comme un pas en avant pour les uns et comme un échec pour les autres, ne permettant pas d’enrayer la « fabrique de la lenteur » de l’Accord de Paris (Aykut et Dahan 2015) – conduit également à refaçonner ce même mouvement, récemment porté par les jeunes, en renforçant les liens entre les « insiders » et les « outsiders », tout en clarifiant les clivages qui persistent.
Conclusion
Le pari d’une étude sociologique des jeunes dans les négociations internationales climatiques nous permet de mettre en lumière plusieurs lignes de force qui apportent un nouvel éclairage sur ces négociations internationales. Tout d’abord, les formats d’accès et d’actions variés mobilisés par les jeunes permettent de montrer les différents espaces d’action d’une COP, bien au-delà des négociations à proprement parler. Certains jeunes choisissent des stratégies internes, d’autres des stratégies externes. Ces stratégies multiples ont déjà été identifiées dans la littérature (Eilstrup-Sangiovanni 2019) mais l’originalité de la jeunesse est de les combiner par la construction de passerelles (comme la COY) ou via la présence d’acteurs multipositionnés. Ce lien participe à l’impact de ces jeunes : la radicalité du discours qui s’exprime dans la rue a offert une visibilité à la voix de la jeunesse, dans la COP, pour faire avancer certaines revendications. Toutefois, si les jeunes s’investissent activement dans ces arènes, de nombreux obstacles spécifiques à la jeunesse persistent encore pour faire de leur voix une voix qui pèse : le manque de ressources et de continuité dans les actions de groupes qui évoluent fortement au cours du temps (on ne reste « jeune » qu’un temps relativement court) ; la difficulté à gérer les temporalités liées à une préparation tardive qui sont aussi le fait du bénévolat ; ainsi que la rhétorique consistant à assigner les jeunes aux enjeux d’éducation et d’inclusivité. Alors que les COP sont difficiles d’accès (Orsini et Kang 2023), elles le sont encore plus pour la jeunesse qui peine d’ailleurs à représenter un groupe réellement transnational (il est davantage représentatif des pays développés), comme c’est le cas d’autres groupes d’intérêts participants aux COP (Hanegraaff et Poletti 2023).
Cette position précaire explique la tension dans laquelle les jeunes sont pris, entre volonté d’appel à la radicalité et réalité des négociations qui nécessite d’euphémiser les discours, qui met en lumière la logique des réunions internationales. D’un côté, l’intensification de l’urgence climatique conduit les acteurs et actrices militants à radicaliser leur discours, à attaquer frontalement les dirigeants et dirigeantes politiques, le système économique et le régime de négociation. De l’autre, certains jeunes s’appliquent à jouer le jeu des institutions le plus fidèlement possible afin de s’assurer une respectabilité et une audibilité croissante. Ce qui est particulier à la jeunesse est le fait que leur audibilité est aussi garantie par une voix militante capable de peser dans l’espace public. Autrement dit, les modes d’expression qui permettent d’ouvrir un espace d’audibilité ne sont pas les mêmes que ceux qui rendent la voix audible. L’enjeu réel pour eux est enfin davantage celui de la dépolitisation : les enjeux d’éducation qui semblent les seuls à percer au sein de la COP contrastent en partie avec les revendications de changements économiques structurels portées par les militantes et militants. Ce cloisonnement de la voix des jeunes aux seuls sujets de l’ACE contribue à détourner la portée du message des jeunes investis.
Ainsi, en détaillant la diversité des jeunes, de leurs modes d’action et de leurs impacts, cette contribution met en lumière les opportunités et risques des négociations internationales pour ces acteurs. En créant des alliances entre stratégies internes et stratégies externes, grâce notamment à des outils de messageries instantanées qui facilitent leur multipositionnalité et en profitant des COP pour renforcer leur portée transnationale, des dynamiques politiques nouvelles émergent au-delà des résultats des COP parfois jugés décevants.
Parties annexes
Annexe
Liste des entretiens
Marie-Claire Graf, ancienne point focal YOUNGO, 19/05/22, en ligne
Heeta Lakhani, ancienne point focal YOUNGO, 18/05/22, en ligne
Xan Northcott, point focal YOUNGO 2022, 25/05/22, en ligne
Zuzanna Borowska, YOUNGO : membre du groupe de travail ACE, 10/05/22, en ligne
Kunduz Adylbekova, jeune déléguée du Kyrgystan pour la COP26, 2/06/22, présentiel
Vladislav Kaim, UN Secretary General’s Youth Advisor on Climate Change, ancien membre de l’équipe de coordination de YOUNGO, 3/06/2022, présentiel
Bas Tuenter, YOUNGO : membre du groupe de travail ACE, 20/04/22, en ligne
Seorin Gwak, membre, XR Korea, 27/02/22, en ligne
Sun Ryul Kim, membre du GEYK et de YOUNGO, 18/02/22, en ligne
Titouan Rio, Président des Jeunes Ambassadeurs pour le Climat, 25/04/2022, en ligne
Manon Bourhis, Coordinatrice Climat-Energie au RESES, 27/04/2022, en ligne
Karine Watrin, membre du RESES, 28/04/2022, en présentiel
Pousse, étudiante à Sciences Po Toulouse et membre d’Extinction Rebellion, 26/04/2022, en ligne
Ariane Colson, membre de Women4Climate, 26/04/2022, en ligne
Adèle, étudiante, membre de YOUNGO, 21/04/2022, en ligne
Loreleï, jeune Déléguée pour le Climat, 13/07/2022, en présentiel
Notes biographiques
Maxime Gaborit est doctorant en science politique à l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles et Sciences Po.
Amandine Orsini est professeure à l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles.
Yi Hyun Kang est postdoctorante à l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles.
Notes
-
[1]
YouthEarth est un projet du Fonds de la recherche scientifique (FNRS) (2021-2024), pour plus d’informations voir le site du Centre de recherche en science politique de l’Université St Louis à Bruxelles (https://www.crespo.be/youth-earth/).
-
[2]
Cette terminologie désigne les membres « en plus » de chaque délégation nationale. Ils jouissent d’un accès aux salles de négociations moins restreint que les observateurs, sans toutefois être associés pleinement à l’équipe de négociation. Il s’agit donc principalement d’ajouts de dernières minutes de délégués ayant un rôle moins officiel.
-
[3]
Nous avons changé les prénoms des personnes interviewées pour préserver leur anonymat.
-
[4]
Le taux de participation d’individus européens est beaucoup plus élevé que celui d’autres régions, probablement du fait de la localisation de la COY et de la crise COVID.
-
[5]
L’Académie du Climat est un espace inauguré par la Mairie de Paris en 2021 ouvert à l’ensemble des actrices et acteurs militants, associatifs ou académiques qui s’investissent sur les enjeux climatiques.
-
[6]
Réseau étudiant pour une société écologique et solidaire.
Références
- ALLAN Jennifer, 2010, The New Climate Activism, Toronto, Toronto University Press.
- AYKUT Stefan C. et Amy DAHAN, 2015, Gouverner le climat, Paris, Presses de Sciences Po.
- AYKUT Stefan C., Jean FOYER et Edouard MORENA, 2017, Globalising the Climate: COP21 and the Climatisation of Global Debates, Londres, Routledge.
- BERGLUND Oscar et Daniel SCHMIDT, 2020, Extinction Rebellion and Climate Change Activism. Breaking the Law to Change the World, Londres, Palgrave Macmillan.
- BULLON-CASSIS Laura, 2021, « Beware of generationalism: the structural (in)visibility of BIPOC youths in global climate summits », NEOS, vol. 1, n° 13 : 1-3.
- CAMPBELL Hailey, 2021, « Youth as Agents of Change at COP26: We Brought Our Own Chair to the Table », 3 décembre. Consulté sur Internet (https://i-heart-climate-voices.medium.com/youth-as-agents-of-change-at-cop26-we-brought-our-own-chair-to-the-table-db840880b713) le 22 août 2022.
- CARTIER Leila, 2021, « Focus» : l’engagement de la jeunesse pour le climat, par Leïla Cartier de Climates », Agence Parisienne du Climat. Consulté sur Internet (https://www.apc-paris.com/actualite/jour-12-nouvelle-mouture-cloture-negociations-jeunesse-merci) le 31 août 2022.
- CONFERENCE OF YOUTH (COY) 16, 2021, History. Consulté sur Internet (https://ukcoy16.org/history) le 7 juillet 2022.
- DE MOOR Joost, 2018, « The “efficacy dilemma” of transnational climate activism: the case of COP21 », Environmental Politics, vol. 6, n° 27 : 1079-1100.
- DE MOOR Joost, Katrin UBA, Matthias WAHLSTROM, Magnus WENNERHAG et Michael DE VYDT, 2020, « Protest for a future II: Composition, mobilization and motives of the participants in Fridays For Future climate protests on 20-27 September, 2019, in 19 cities around the world », consulté sur Internet (https://osf.io/3hcxs/download), 2023.
- EILSTRUP-SANGIOVANNI Mette, 2019, « Competition and strategic differentiation among transnational advocacy groups », Interest Groups and Advocacy, vol. 8, no 3 : 376-406.
- HADDEN Jennifer, 2014, « Explaining Variation in Transnational Climate Change Activism: The Role of Inter-Movement Spillover », Global Environmental Politics, vol. 2, n° 14 : 7-25.
- HANEGRAAFF Marcel et Arlo POLETTI, 2023, The Broken Promise of Global Advocacy Inequality in Global Interest Representation, New York, Routledge.
- KWON Soo Ah, 2019, « The politics of global youth participation », Journal of Youth Studies, vol. 7, n° 22 : 926-940.
- GABORIT Maxime, 2020, « Disobeying in Time of Disaster: Radicalism in the French Climate Mobilizations », Youth and Globalization, vol. 2, no 2 : 232‑250.
- GAILLARD Emilie, 2019, « L’entrée dans l’ère du droit des générations futures », Les Cahiers de la Justice, vol. 3, n° 3 : 441-454.
- KNOPS Louise, 2021, « Stuck between the modern and the terrestrial: the indignation of the youth for climate movement », Political Research Exchange, vol. 3, n° 1 : 1-31.
- KOLLECK Nina et Johannes SCHUSTER, 2022, « Youth Participation in Global Policy Networks on Climate Change », International Journal of Educational Research, vol. 114, n° 3: 102002.
- LE LANN Yann, Giuseppe CUGNATA, Nathan GABORIT et Maxime GABORIT, 2021, « Faut-il soutenir les gilets jaunes ? Le rôle des positions de classe dans le mouvement climat », Ecologie & Politique, vol 1, n° 62 : 49-66.
- MARQUARDT Jens, 2020, « Fridays for Future’s Disruptive Potential: An Inconvenient Youth Between Moderate and Radical Ideas », Front. Commun, vol. 5, n° 48 : 1-18.
- MATONTI Frédérique et Franck POUPEU, 2004, « Le capital militant. Essai de définition », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 155, n° 5 : 4-11.
- O’BRIEN Karen, Elin SELBOE et Bronwyn M. HAYWARD, 2018, « Exploring youth activism on climate change: dutiful, disruptive, and dangerous dissent », Ecology and Society, vol. 23, n° 3 : 1-13.
- ORSINI Amandine et Yi Hyun KANG, 2023, « European Leadership and European Youth in the Climate Change Regime Complex », Politics and Governance, vol. 11, n°2 : 84-96.
- TERREN Ludovic et Roger SOLER-I-MARTI, 2021, « “Glocal” and transversal engagement in youth social movements: a Twitter-based case study of Fridays For Future-Barcelona », Frontiers in political science, vol. 3 : 63582.
- THEW Harriet, 2018, « Youth participation and agency in the United Nations Framework Convention on Climate Change », International Environmental Agreements: Politics, Law and Economics, vol. 18, n° 3 : 369-389.
- THEW Harriet, Lucie MIDDLEMISS et Jouni PAAVOLA, 2020, « “Youth is not a political position”: Exploring justice claims-making in the UN Climate Change Negotiations », Global Environmental Change, vol. 61 : 102036.
- THEW Harriet, Lucie MIDDLEMISS et Jouni PAAVOLA, 2021, « Does youth participation increase the democratic legitimacy of UNFCCC-orchestrated global climate change governance ? », Environmental Politics, vol. 30, n° 6 : 873-894.
- UNFCCC, 2022, YOUNGO. Consulté sur Internet (https://unfccc.int/topics/education-youth/youth/youngo) le 7 juillet 2022.
- WAHLSTROM Matthias, Piotr KOCYBA, Michiel DE VYDT et Joost DE MOOR, 2019, Protest for a future: Composition, mobilization and motives of the participants in Fridays For Future climate protests on 15 March, 2019 in 13 European cities . Consulté sur Internet (https://protestinstitut·eu/wp-content/uploads/2019/07/20190709_Protest-for-a-future_GCS-Descriptive-Report.pdf) le 25 août 2022.
- YONA Leehi, Marc D. DIWON, Richard B. HOWARTH, Anne R. KAPUSCINSKI, Ross A. Virginia, 2020, « Applying a leverage points framework to the United Nations climate negotiations: The (dis)empowerment of youth participant•es», Elementa: Science of the Anthropocene, vol. 8, n° 36 : 1-14.
- YOUNGO, 2021, YOUNGO. Consulté sur Internet (https://unfccc.int/sites/default/files/resource/Introduction%20to%20YOUNGO.pdf) le 7 juillet 2022.
- YUNITA Sekar A. W., Emma SORAYA et Ahmad MARYUDI, 2018, « “We are just cheerleaders”: Youth’s views on their participation in international forest-related decision-making fora», Forest Policy and Economics, vol. 88 : 52-58.
Liste des figures
Figure 1
Acteurs et actrices de la jeunesse participant aux COP de la CCNUCC (nombre total en bleu ; proportion en orange)