L’immigration suscite de nos jours de vives controverses quant à ses effets socioéconomiques et à ses politiques d’accommodement. C’est ce qu’on observe dans les déclarations fracassantes de divers candidats à la campagne électorale présidentielle de 2016 qui bat actuellement son plein aux États-Unis. L’afflux massif de réfugiés, propulsé par des guerres civiles interminables, voire des actes terroristes, est une autre source de préoccupation majeure des pays qui restent désireux d’en accueillir. Cet ouvrage nous arrive donc à point nommé. Mais il est difficile de montrer en trois ou quatre pages toute la richesse que contient cet ouvrage collectif rédigé par 44 spécialistes de différents pays. Bien que de nombreux articles et livres soient parus sur le sujet de l’immigration, l’International Handbook on the Economics of Migration (ihem) se particularise par la diversité des thèmes abordés et surtout des sujets tabous, dont la religion, l’obésité, le crime, la citoyenneté, le mariage interethnique… Cette diversité des sujets couverts par l’ihem appelle également une diversité dans les approches : statistiques descriptives, évidences empiriques, analyse économétrique… L’ouvrage, structuré en cinq parties, comprend 28 chapitres précédés d’une présentation générale de son contenu. Le titre de chacune des parties (mis à part la première) est bien choisi et chaque séquence est également bien construite : d’abord la décision de partir, suivie par la participation au marché du travail, puis par les sujets tabous et, enfin, par les enjeux politiques. La première partie de l’ouvrage, qui sert d’introduction, vise à présenter au lecteur une revue critique des théories économiques d’assimilation des immigrants, tout comme de celles portant sur le rôle de l’identité ethnique ou sur l’importance des attitudes comme facteur d’intégration économique. La seconde partie de l’ouvrage met l’accent sur les flux migratoires, Kennan et Walker s’interrogeant d’abord sur les motifs qui les sous-tendent, à partir d’une revue exhaustive de la littérature économique. Les auteurs du chapitre 3 présentent ensuite un magnifique exposé sur l’économie de la migration circulaire. L’approche est appropriée et facilite la lecture : après avoir défini le phénomène, Constant, Nottmeyer et Zimmermann réfléchissent sur les coûts et les bénéfices de cette migration, puis réexaminent des cas réels de sa mise en oeuvre dans certains pays et, enfin, proposent des voies politiques à explorer. Le quatrième chapitre de cet ouvrage est aussi riche de renseignements, d’autant plus qu’il porte sur un thème fort d’actualité : la mobilité des travailleurs du domaine de la santé. Les auteurs procèdent en trois phases : ils situent d’abord l’ampleur de la mobilité internationale de ces travailleurs de la santé, examinent ensuite les enjeux au sein des pays industrialisés qui agissent à la fois comme pays d’accueil et pays d’origine et, enfin, discutent des cas des pays en voie de développement qui interviennent principalement en tant que pays d’origine. Bien que les auteurs aient clairement mis en évidence les caractéristiques de la structure du marché de la santé, où le gouvernement occupe une position dominante, ainsi que le problème de certification de la qualification, le lecteur reste sur son appétit quant aux politiques de rétention de cette catégorie de travailleurs pouvant être mise en place par un pays, même s’il est désirable de poursuivre une politique de liberté de migration. La problématique du travail des enfants migrants et celle du trafic humain viennent se greffer aux thèmes abordés dans cette deuxième partie de l’ouvrage. Dans la troisième partie, « Performance and the Labor Market », on découvre les enjeux de la mobilité des travailleurs au sein de l’Union européenne élargie en 2004 et 2007 aux pays de l’Europe de l’Est. L’auteur du chapitre 7, Martin …
International Handbook on the Economics of Migration, Amelie F. Constant et Klaus F. Zimmermann (dir.), 2013, Northampton, Edward Elgar, 573 p.[Notice]
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Emmanuel Nyahoho
Professeur titulaire, École nationale d’administration publique, Montréal, Canada