Comptes rendusMondialisation

Property, Territory, Globalization, William D. Coleman (dir.), 2011, Vancouver, UBC Press, 306 p.[Notice]

  • Jonathan Viger

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  • Jonathan Viger
    Département de sociologie, Université du Québec à Montréal (uqam)

Cet ouvrage collectif dirigé par William D. Coleman, qui a réuni un groupe multidisciplinaire de contributeurs, s’intéresse principalement à la relation entre la globalisation et l’autonomie des individus et des communautés. On met ici l’accent sur le lien dialectique qui unit ces deux notions, puisque la globalisation représente à la fois des opportunités et des contraintes à l’autonomie. C’est sous l’angle précis des régimes de propriété, qui participent fortement à la définition des diverses autonomies, que sera analysée cette question. Dans cette optique, les principaux sujets traités sont les communautés autochtones, puisque celles-ci présentent généralement des conceptions de la propriété très différentes de celle qui est véhiculée par la globalisation capitaliste. L’ouvrage débute par un chapitre de A. Claire Cutler qui expose la façon dont le droit international accompagne la globalisation capitaliste en établissant un cadre légal propice à la dépossession et à l’accumulation de propriétés et remet ainsi en cause l’autonomie des populations indigènes. Ce phénomène se réalise essentiellement en deux temps. Premièrement, la doctrine naissante du droit international, en établissant clairement l’État comme sujet établissant les lois, a permis l’imposition d’un système de loi européen sur les populations non civilisées qui n’étaient pas reconnues comme souveraines par faute de présence d’un État. Dans un deuxième temps, la globalisation du droit international, qui suit sa partielle déterritorialisation, crée un environnement mondial propice à une nouvelle vague de dépossession et de privatisation. Comme le démontrent le chapitre de Daniel Gorman ainsi que celui de William D. Coleman et Austina J. Reed, le développement d’un régime de propriété intellectuel international représente en quelque sorte une nouvelle vague d’enclosures qui vise principalement les pays du Sud. Les populations indigènes sont particulièrement touchées par ce phénomène. Comme elles sont privées d’une souveraineté politique, leur autonomie se fonde essentiellement sur une souveraineté culturelle. Toutefois, comme le soulignent Coleman et Reed, les savoirs traditionnels des populations indigènes sont de plus en plus la proie du régime de propriété capitaliste. Poursuivant sur la question du droit international, le chapitre de Sharlene Mollett nous montre comment les normes internationales de conservation environnementale peuvent être mobilisées pour marginaliser le contrôle des populations indigènes sur leurs territoires ancestraux. Comme l’expose le cas du Honduras, l’État peut utiliser ces normes afin d’approfondir son rôle de gestion des ressources naturelles, et ce, au profit des occupants indigènes. L’ouvrage porte une attention particulière au discours appuyant la globalisation du régime de propriété capitaliste, et c’est dans cette optique que le chapitre de Scott Prudham est particulièrement intéressant. Dans le contexte de l’industrie forestière britanno-colombienne, ce dernier démontre comment le concept d’improvement, c’est-à-dire l’exploitation rationnelle et efficace des ressources, inspiré du philosophe anglais John Locke, a été central dans la justification de la propriété privée. Cette notion d’improvement ne se limite pas à l’analyse de Prudham. Elle est centrale tout au long de l’ouvrage, puisqu’elle a servi historiquement de prétexte à la dépossession et à l’accumulation des terres et ressources autochtones par les défenseurs de la propriété privée. Le concept de terra nullius fut ainsi mobilisé pour invoquer le manque d’efficacité des pratiques autochtones et ainsi justifier leur dépossession. Mollett démontre même comment ce type de justification peut mener à une discrimination raciale en présentant les peuples autochtones comme sauvages, non civilisés, improductifs et fainéants. Mais l’ouvrage ne se contente pas de traiter de la relation entre globalisation et autonomie à sens unique. Il établit plutôt un lien dialectique entre ces deux notions en démontrant les formes de résistance qui émergent face à la logique globalisante du régime de propriété capitaliste. Susan M. Preston décrit cette relation dialectique en …