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Sixième parution de la série « Bibliothèque internationale des essais sur la mondialisation et le droit » dirigée par Michael K. Addo, Globalization and International Organizations réunit les travaux publiés par des experts reconnus. La problématique centrale concerne l’impact de la mondialisation sur les domaines d’action ainsi que sur le fonctionnement des organisations internationales. Le directeur de l’ouvrage, Edward Kwakwa, part du constat que les organisations internationales, désormais beaucoup plus nombreuses et omniprésentes, font l’objet de changements profonds à la fois dans leur structure et dans la nature de leurs activités, en liaison avec le processus de mondialisation. Leur multiplication ainsi que l’élargissement de leurs domaines d’action rendent leurs influences plus visibles, plus vastes, voire parfois de nature intrusive. Il apparaît également selon Kwakwa que le contexte international est aujourd’hui plus difficile, très différent de celui du siècle dernier pendant lequel les organisations internationales ont réussi à relever les défis auxquels elles étaient confrontées. Aussi leur compréhension dans un environnement de plus en plus mondialisé passe-t-elle inévitablement par des interrogations relatives aux changements liés à la mondialisation que Kwakwa regroupe en trois catégories.
Le premier type de changements concerne la nature des activités des organisations internationales. L’évolution est marquée par le passage du rôle traditionnel d’assistance aux États membres à un rôle d’animateur de leurs propres activités. Cette évolution a, semble-t-il, entraîné dans son sillage des changements dans le fonctionnement des organisations internationales. Ce qui pose les questions relatives à la gouvernance, au contrôle financier et aux réformes institutionnelles. Ces réflexions figurent dans les deux premières parties sur les questions générales et conceptuelles des organisations internationales dans une perspective historique (1re partie) ainsi que sur les problématiques de gouvernance et de la réforme institutionnelle (2e partie). Les travaux font état des efforts qui sont déployés à travers les activités des organisations internationales afin d’améliorer leurs méthodes de gouvernance et de réformer leurs structures institutionnelles pour renforcer leurs cohérences et leurs efficacités. L’intérêt accru pour les questions de gouvernance ou de contrôle financier traduit d’une certaine manière la réaction à l’évolution de la nature des activités des organisations internationales.
Un deuxième aspect des changements renvoie aux questions de privilèges et d’immunités accordés aux organisations internationales et à leurs personnels. Bien que ces privilèges et immunités ne soient pas nouveaux, la jurisprudence récente dans ce domaine tend à innover, en apportant des éclairages au concept de privilège et d’immunité, par des moyens qui n’avaient pas été envisagés auparavant. Les travaux figurant dans les troisième et quatrième parties traitent cette deuxième série de réflexions concernant la question des privilèges et des immunités (3e partie) et la problématique de la production de normes (4e partie).
Un troisième et dernier type de changements importants observé par Kwakwa découle de la combinaison des deux changements précédents concernant, d’une part, la nature et la portée des activités des organisations internationales et, d’autre part, leur fonctionnement. Les objectifs à atteindre, de même que les sujets spécifiques traités par ces organisations, auraient également subi plusieurs transformations profondes. Dans ce registre, le concept de développement apparaît comme le sujet central dans l’action de fond des organisations internationales, dans la mesure où cet objectif a pris une importance particulière durant la dernière décennie. Même si le développement figure à l’ordre du jour des relations internationales depuis longtemps, force est de constater l’accroissement de son importance, comme en témoignent les discussions sur l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle et l’Organisation mondiale du commerce (5e partie).
À la lumière des essais et des discussions présentés dans cet ouvrage, son directeur tire une conclusion selon laquelle les organisations internationales continueront d’évoluer dans le contexte de la mondialisation. En particulier, les transformations qui concernent la nature de leurs activités devraient se poursuivre. Par conséquent, les questions relatives à leur gouvernance, au contrôle et à la responsabilité des organisations internationales seront également maintenues. Les réalités de la mondialisation conduisent Edward Kwakwa à penser que les organisations internationales continueront de se réinventer afin de maintenir leur cohérence, dans le but de mieux affronter et de résoudre les défis communs comme la sécurité alimentaire, les violations des droits de l’homme, le changement climatique ou le développement. Pour toutes ces raisons, il est important selon lui de se situer dans une perspective plus ciblée sur le concept de mondialisation, en le percevant à travers le prisme des organisations internationales ; c’est une approche qui, d’après Kwakwa, va sans doute dominer les réflexions et les controverses futures.
Dans cet ouvrage où sont rassemblés les travaux publiés par des experts reconnus dans leurs domaines, la richesse et la complexité des analyses qui y sont menées n’empêchent pas pour autant de viser un public relativement large allant des chercheurs et des étudiants en droit, jusqu’aux praticiens gouvernementaux et non gouvernementaux, en passant par les fonctionnaires internationaux.