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La nouvelle crise financière – la troisième après celles de 1983 et de 1994 – a éclaté en juillet 2007. Cinq ans plus tard on n’a pas l’impression qu’elle soit terminée. Cette crise en a engendré une autre, économique et sociale cette fois, et elle a affecté d’une façon tout à fait particulière les pays de l’Union européenne. À vrai dire, ce sont quelques-uns de ces pays, la Grèce d’abord mais aussi l’Irlande, qui ont été touchés, mais c’est toute la zone euro qui se trouve concernée. Il y a un an personne n’aurait imaginé que la Grèce puisse sortir de l’euro et retrouver la drachme. Aujourd’hui cette éventualité est devenue tout à fait plausible, elle est régulièrement envisagée dans les revues scientifiques.
C’est dire tout l’intérêt de cet ouvrage qui présente l’euro dans sa dimension internationale, d’abord comme une monnaie commune à plusieurs pays, puis comme une monnaie véritablement internationale, c’est-à-dire utilisée et détenue comme l’est le dollar à l’extérieur de sa zone d’émission par des non-résidents, enfin comme une monnaie « globale ». Ce dernier concept est plus original. L’auteur considère non pas l’usage qui est fait de l’euro à l’extérieur de la zone, mais les qualités intrinsèques de cette monnaie qui devraient lui permettre de jouer un tel rôle et de concurrencer peu à peu le dollar. Les critères retenus – le commerce extérieur, l’absence de restrictions aux échanges ou aux flux de capitaux et la position extérieure de la zone euro – ne permettent pas à l’auteur de considérer l’euro à l’égal du dollar.
Une autre forme d’internationalisation de l’euro est la capacité de cette expérience à servir de modèle à d’autres pays. C’est le cas pour les pays de la zone franc qui ont en commun une même monnaie, laquelle au surplus est rattachée à l’euro. L’ouvrage traite de cette expérience, comme de quelques autres, en particulier de celles du Mercosur ou de l’Amérique latine.
Mais c’est surtout par rapport à la crise actuelle, qui touche aussi la zone euro, que cet ouvrage est intéressant. L’auteur analyse notamment les différentes options qui s’offrent à la Grèce, y compris son retrait éventuel puisque cette solution est maintenant envisagée par le nouveau traité, celui de Lisbonne. Il analyse en même temps le rôle que peut jouer le Fonds monétaire international et les modalités que pourrait adopter l’aide de certains pays à leur partenaire en difficulté. De plus, en commentant les mesures susceptibles d’améliorer le fonctionnement du système monétaire international, il en vient naturellement à parler des droits de tirages spéciaux (dts) et de leur rôle, plus important que ne le souhaitent actuellement les autorités chinoises.
Nous nous permettrons deux réserves qui n’enlèvent rien à l’intérêt et aux qualités de l’ouvrage. La première tient aux tableaux et aux graphiques qui sont, dans certains chapitres, vraiment très nombreux en même temps que peu exploités. Nous pensons par exemple à l’évolution de certains taux d’intérêt ou des écarts entre eux, à l’inflation dans les pays du Mercosur depuis dix ans, à la balance commerciale de l’Espagne, à l’indice de productivité du travail dans les pays européens, au cours du dollar australien ou néo-zélandais… La seconde est que l’étalon-or ne s’est pas arrêté en 1971 avec la décision du président Nixon de ne plus convertir les dollars en or, mais dès les années 1931-1933. Le système qui a suivi, le Gold Exchange Standard, reposait sur le dollar qui lui, et lui seul, était convertible en or.