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Les écrits sur le développement des populations et des économies dans le monde ne manquent pas. Ce livre en est la preuve, s’il en fallait, puisqu’il leur rend hommage en les citant régulièrement. Les différents auteurs de cet ouvrage sont issus de disciplines et de cultures diverses, ce qui fait sans doute la force de leur propos. L’analyse proposée ici vise ainsi à compiler les différents propos et raisonnements afin de tirer leçon des expériences de développement local mises en oeuvre par les institutions financières internationales dans les dernières décennies. Leurs raisonnements et leurs responsabilités sont ainsi étudiés à travers ces cas précis, autour du monde.
L’ouvrage proposé ici tente de répondre à la réponse complexe de savoir comment il est possible d’aider les pays en voie de développement. La question est vaste, ancienne et toujours d’actualité. Il est impossible de se poser ce type de questionnement sans poser un parti pris : l’ouvrage souhaite-t-il faire oeuvre de réflexion théorique abstraite ou l’objectif est-il de proposer une réflexion construite, basée sur des références communes et avançant un argumentaire précis, tant dans les exemples choisis que dans le renvoi aux ouvrages apparentés ? La réponse est dans la question !
Le titre du livre en résume les arguments principaux : le lien établi entre pauvreté et gouvernance est sans ambiguïté. Si les institutions financières font globalement tout ce qu’elles peuvent pour aider les pays en grande difficulté, rien ne peut se réaliser sans une véritable implication des gouvernements locaux. C’est cette appropriation des modes de développement et son expression dans la vie locale, par les acteurs les plus directement concernés par sa réalisation, qui permettent la traduction des desiderata théoriques en pratiques fonctionnelles.
Partant du constat qu’un vocabulaire commun est désormais en place au sein des institutions financières internationales pour parler de la question du financement du développement international, les auteurs choisis pour collaborer à cet ouvrage tentent d’interroger la réalité du terrain. Du Nicaragua à la Bolivie, en passant par la question bien plus générale de l’accès à l’eau potable, la réalité du développement semble encore bien loin des réflexions technocratiques qui l’ont engendrée.
La réalité quotidienne des populations réclamant cette aide est bien aise de ces développements : la bonne ou la mauvaise gouvernance ne peuvent être définies de façon exhaustive, tant les argumentaires ne manquent pas pour résoudre le débat. Aucun des exemples choisis dans les développements de ce livre ne peut donner de liste exhaustive et généralisable : ce qui est bon ici ne l’est pas forcément là ! Il est donc essentiel de traduire les concepts génériques du développement en termes quotidiens qui permettraient une application concrète. Il est également nécessaire de comprendre la complexité des réalités quotidiennes, et c’est pour cela que les termes de développement régional ou local ont été déployés au long du livre.
Par ailleurs, les auteurs tancent le jargon institutionnel systématique qui s’est progressivement instauré dans le dialogue entre les penseurs et les opérationnels en réclamant une adaptation des termes au contexte. En effet, ce livre inscrit les termes de gouvernance et de gouvernement local dans un contexte géopolitique international en les reliant aux notions de crises financières et en s’appuyant sur celles du passé pour expliquer les manques de réussite des programmes de développement menés par les organisations internationales. Les auteurs tirent ainsi leçon du passé pour tenter de décrire les règles d’un avenir plus profitable en matière de développement. Les chemins pris au cours des décennies passées doivent nous aider à ne pas nous tromper de voie à l’avenir.
En matière de littérature collective, l’inégalité des qualités rédactionnelles des rédacteurs est souvent un point crucial, qui permet – ou non – d’harmoniser un ouvrage et de juger de sa qualité générale. La lecture de celui-ci nous met bien en peine de pouvoir qualifier la qualité globale, tant les moments de découragement font place à des paragraphes d’excellence. Le dosage des références utilisées, qui peut faire passer un ouvrage d’une fiction à un recueil bibliographique, n’autorise qu’une accumulation mesurée, sous peine de fatiguer les yeux les moins acquis à la cause. Or, il est à supposer ici que la recherche de la qualité scientifique des propos n’a pas permis de mesurer l’abondance des références. Les moins familiers de cette rhétorique se priveront ainsi fort malheureusement de l’argumentaire proposé.
Le lecteur qui recherche ce niveau de précision sera quant à lui ravi de la qualité bibliographique ainsi que du rassemblement et du travail argumentaire réalisé dans cet ouvrage. Gouvernance et appropriation locale du développement permet une bonne base de réflexion, facilitant le report aux ouvrages cités en fonction de l’intérêt de l’argument proposé à la lecture.