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Attendu chaque année, le Guide du maintien de la paix comporte encore une fois, pour sa septième édition, des approches diversifiées, des analyses précises, une chronologie et des tableaux statistiques et documentaires toujours particulièrement riches et originaux. En cela, le guide est un outil utile, parce qu’il stimule l’intérêt de l’étudiant à approfondir certains aspects de la matière complexe de la sécurité internationale et du maintien de la paix. Il est aussi l’occasion d’apporter, par ses études de cas, des synthèses tout en nuance des situations conflictuelles sur le terrain des opérations.
Au final, le Guide enrichit par sa prise de recul et le choix renouvelé de ses contributeurs. Ici encore, l’ouvrage collectif est rédigé par plusieurs chercheurs – en l’occurrence canadiens, français, libanais, camerounais. Les sujets sont diversifiés et répondent en grande partie à l’actualité du moment : le Liban et la finul 2, le Kosovo et son statut précaire, la complexité du Darfour, l’interaction économique et sécuritaire en Afrique centrale par l’analyse de la ceeac, le coût financier des opérations extérieures de l’État français.
Nous retiendrons plus particulièrement l’analyse de Stefan Pfister qui rend compte du fonctionnement de la finul 2, deux ans après la guerre entre Israël et le Hezbollah au pays du Cèdre. L’intérêt vient des nuances apportées à propos du mandat, des missions, des règles d’engagement et autres caveats opérationnels, dans un environnement moyen-oriental fortement imprévisible, malgré le caractère robuste souhaité par les contributeurs.
L’analyse du statut du Kosovo apporte bien des détails sur l’héritage de la fédération yougoslave avant de montrer l’importance pour les décideurs internationaux de défendre l’autonomie du Kosovo dans le respect de l’intégrité et de la souveraineté yougoslaves. Cette logique du compromis est d’autant plus complexe à gérer que le Kosovo indépendant est sous supervision internationale sur fond de tensions autour du plan Ahtisaari. Rapports de force internes et postures diplomatiques antagonistes, qui rappellent en partie les exemples de l’Ossétie et de l’Abkhazie.
Nous retenons également l’analyse des interventions improvisées autour de la guerre du Darfour ; conflits en forme de sac de noeuds que l’auteur examine avec finesse, des causes aux conséquences, de l’explication complexe aux multiples enjeux, où évolue une minuad hybride.
Et celle, surtout, de l’action de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (ceeac) associée au traité de Libreville d’octobre 1983 dont la mission économique d’intégration régionale dut progressivement intégrer la dimension sécurité-défense, au vu de la géopolitique instable de l’Afrique : la guerre naissant de la faiblesse structurelle des États. Entre pacte de non-agression et création du copax, instruments que sont le marac et le fomac, la ceeac subit des contraintes importantes avec les conflits internes, les mouvements rebelles, les guerres ethniques et les conflits de voisinage.
Au final, l’analyse du jus in bello (droit des conflits armés) dans les opérations de stabilisation pose les bonnes questions sur la complexité du politique à maîtriser cette mission particulière, tout comme sur la pertinence à rechercher la légitimité et la légalité onusiennes qui devraient toujours être associées à ce champ spécifique.
Assurément, un ouvrage riche, utile et lisible pour apprécier certains espaces d’engagement des États dans la maîtrise toujours difficile du maintien et de la consolidation de la paix. Et si nous pouvons regretter le trop faible nombre de chapitres et l’absence d’analyse du jeu diplomatique européen en Géorgie, le Guide du maintien de la paix 2009 reste un outil francophone indispensable pour ceux qui travaillent sur cette matière à tiroirs.