Comptes rendus : Théorie, méthode et idées

Alain Noël et Jean-Philippe Thérien, Left and Right in Global Politics, 2008, Cambridge, Cambridge University Press, IX+251 p.[Notice]

  • Joseph Pestieau

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  • Joseph Pestieau
    Professeur retraité
    Collège de Saint-Laurent

Ce livre montre que l’opposition entre la droite et la gauche est fondamentale dans le débat démocratique et qu’elle demeure actuelle partout dans le monde, en politique internationale comme à l’intérieur des différentes démocraties. Cette opposition est cependant plus présente dans les démocraties bien établies que dans les nouvelles. C’est la raison pour laquelle elle semble moins visible en dehors de l’Occident, alors qu’elle se retrouve partout dans les régimes démocratiques. Cette opposition, en dépit des formes variables qu’elle peut prendre, est centrée sur les éléments suivants : exigence de justice sociale ou, au contraire, exigence d’ordre et de sécurité ; foi en l’égalité ou reconnaissance d’une hiérarchie entre les personnes ; égalisation (réelle) des revenus ou égalité (formelle) ne portant que sur les droits ; confiance ou méfiance vis-à-vis des interventions étatiques ; protection sociale maximale ou minimale ; importance du budget de l’État ou réduction des taxes ; promotion de la solidarité humaine ou, au contraire, promotion de la compétition entre les hommes et des initiatives de chacun ; volonté d’améliorer la situation actuelle ou satisfaction à l’égard de cette situation. La mondialisation n’a guère changé l’antagonisme entre gauche et droite, mais lui permet de se redéfinir. La gauche critique la mondialisation parce qu’elle accroît les inégalités, entre pays et à l’intérieur de chaque pays, tandis que la droite se félicite de la mondialisation parce qu’elle libère les initiatives des entrepreneurs et entraîne la croissance économique. La gauche comme la droite peuvent être autoritaires ou libérales. Le communisme s’est opposé au fascisme comme la social-démocratie s’est opposée au libéralisme, mais on trouve dans ces deux couples un même clivage. Dans les affaires internationales, la gauche préconise un dialogue raisonnable entre États égaux en droit. La droite recourt davantage aux affrontements, croyant volontiers que la force fait le droit. La gauche croit à l’égale dignité de tous, la droite est volontiers impérialiste. L’une et l’autre pratiquèrent le colonialisme, mais la gauche y renonça bien avant la droite. Après avoir mis en relief les grands traits de la gauche et de la droite, et montré comment l’une et l’autre se sont constituées à partir des révolutions américaine et française, les auteurs font l’histoire de leur rivalité à travers la construction du Welfare State, la gestion macroéconomique influencée par le keynésianisme, l’affirmation de droits fondamentaux, la décolonisation et la guerre froide. Entre social-démocratie et libéralisme, des compromis ont pu s’établir : syndicats et capitalistes réussirent à s’entendre et trouvèrent leur intérêt en collaborant durant les 30 ans qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale. Ensuite, la droite devint plus agressive et plus idéologique, refusa de poursuivre le plein emploi et imposa politiques monétaristes, dérégulations, privatisations et baisses de taxes au nom de la compétitivité internationale. La chute de l’urss ne fit qu’ajouter au triomphalisme de la droite. Les États-Unis, notamment sous Reagan, et le Royaume-Uni, en particulier sous Thatcher, furent hostiles au multilatéralisme de l’onu et imposèrent au tiers-monde des ajustements structurels, d’une part, la libéralisation du commerce et des flux financiers, d’autre part. Le libre marché était devenu la panacée pour le développement. À la fin du xxe siècle, une nouvelle gauche réconciliée avec plusieurs aspects du néolibéralisme apparaît dans plusieurs pays industrialisés. La droite aussi se montre moins intransigeante. En matière de développement international, un rapprochement apparaît entre les agences de l’onu, qui ont toujours été plus à gauche, et le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l’omc, qui tablaient sur le marché, mais commencent à en admettre les limites. Cependant, en dépit des discours sur la troisième voie et …