Comptes rendus : Théorie, méthode et idées

Hawkins, Darren G., David A. Lake, Daniel L. Nielson et Michael J. Tierney (dir.), Delegation and Agency in International Organizations, New York, ny, Cambridge University Press, 2006, 408 p.[Notice]

  • Mona Kayal

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  • Mona Kayal
    Étudiante à la maîtrise en science politique Université du Québec à Montréal, Montréal

Réinsérant la notion d’agence au sein du cadre théorique institutionnaliste en relations internationales (ri), cet ouvrage collectif dépasse le débat traditionnel interrogeant la place des institutions dans le système anarchique international. Il est plutôt question d’expliquer quand, pourquoi et comment les États délèguent une autorité à une organisation internationale (oi), laquelle peut, une fois cette autorité acquise, poursuivre des intérêts dissemblables de ceux de ses créateurs. La délégation génère différents degrés d’opportunisme pour les oi, acteurs politiques qui forcent les États à déployer des ressources considérables pour les contrôler. Les auteurs, tous rattachés à des universités américaines, s’inspirent des propos tenus en 2002 lors d’une conférence à la Brigham Young University. Les articles s’inscrivent dans la mouvance épistémologique des ri qui emprunte aux sciences économiques pour approfondir le comportement des États. En effet, les auteurs utilisent la théorie de l’agence, appliquée habituellement à la gestion d’entreprises, pour expliquer les relations entre l’État et l’oi. Plus spécifiquement, l’interaction entre ces deux entités est toujours définie en termes contractuels. Le principal (l’État), lequel détient le pouvoir de négocier, de renégocier et de résilier le contrat, délègue des tâches et des fonctions à un agent (l’oi). L’objectif est donc de modéliser les moyens employés pour contraindre l’agent à agir en fonction des intérêts du principal dans un contexte d’asymétrie d’information (l’agent se spécialise et établit une expertise que le principal ne possède pas). Cernant d’abord le problème principal-agent en ri, les chapitres subséquents, divisés en deux grandes sections, illustrent chacun une situation concrète entre l’État et une oi donnée. La première section se penche sur les caractéristiques internes du principal qui influent sur le contrat négocié avec l’agent. Plus spécifiquement, les auteurs du chapitre 2 s’interrogent sur la fidélité des agents quant à la poursuite des préférences du principal, et ce, en examinant la relation entre les États-Unis et les banques de développement multilatérales. L’analyse démontre la nécessité de considérer la complexité des processus décisionnels internes du principal afin d’évaluer justement la loyauté des agents au regard des préférences du principal. Dans le troisième chapitre, les auteurs montrent que les intérêts financiers de groupes privés qui influencent les responsables politiques américains ont un impact indirect sur les politiques du Fonds monétaire international. Est ainsi mise en avant l’incidence de la chaîne décisionnelle interne d’un principal clé sur la mise en oeuvre de politiques d’un agent. On explique ensuite qu’en dépensant une partie de l’aide au développement par l’intermédiaire d’institutions multilatérales le pays donateur cherche à contenter son électorat. Cette forme de délégation permet ainsi à l’État créditeur d’accroître sa crédibilité et de résoudre un problème principal-agent interne. En effet, il semble que l’électorat intériorise des préférences différentes de celles de l’État quant à la façon de répartir les ressources allouées à l’aide au développement. Le chapitre suivant examine l’évolution du fmi, passant d’un ensemble de règles régulant les comportements des États à une oi jouissant d’une certaine autonomie. Ce changement s’est concrétisé grâce à la progression des débats qui ont mené aux politiques de conditionnalité du fmi. L’autonomie du fmi est donc obtenue grâce aux modifications des préférences et à l’accroissement de la demande d’information des États membres. Dans le chapitre 6, les auteurs expliquent pourquoi les États ont convenu de former l’Union européenne telle qu’elle se présente aujourd’hui. Ils concluent que la théorie de l’agence permet de mieux cerner les motivations sous-jacentes à sa création, mais qu’il est nécessaire d’outrepasser la simple application de la théorie à un cas concret. En ce sens, il serait pertinent d’étudier l’influence organisationnelle d’ …