Résumés
Résumé
D’abord locale et peu internationalisée, puis saisie par les organisations non gouvernementales internationales (ongi) à la fin des années 1990, l’affaire Habré s’inscrit désormais dans une problématique mondiale, celle de la compétence universelle. Malgré cette mobilisation, aucune démarche pour juger l’ex-président tchadien n’a pour l’instant abouti. En nous appuyant sur les modèles de jeux d’Elias, nous montrerons comment l’augmentation du nombre d’acteurs et leurs interdépendances engendrent une absence de maîtrise du jeu et conduisent les acteurs vers une configuration qu’ils n’imaginaient pas. D’où la multitude de revirements dans l’affaire Habré : le Sénégal qui, en 2001, refusait de juger Habré adopte aujourd’hui des lois à cette fin ; la loi belge de 1993 sur la compétence universelle, dont les ongi souhaitaient démontrer la raison d’être, a été abolie…
Abstract
Initially a local affair without much international involvement, the Habre affair was seized upon by international ngos at the end of the 1990s, and subsequently became caught up within a global issue, that of universal jurisdiction. Despite the mobilisation of the international ngo community, no effort to bring the former president of Chad to trial has so far succeeded. Drawing on Elias’s game models, we will show how the increase in the number of actors and their interdependences lead to a lack of mastery of the game and bring the actors into an unexpected configuration. Hence the multitude of U-turns in the Habre affair: Senegal who in 2001 was refusing to bring Habre to trial is now adopting laws to that end; the 1993 Belgian law on universal jurisdiction that the international ngos were going to rely on was repealled…