Comptes rendus : Organisations internationales

Whitfield, Teresa, Friends Indeed ? The United Nations, Groups of Friends, and the Resolution of Conflict, Washington, dc, United States Institute of Peace, 2007, 431 p.[Notice]

  • David Ambrosetti

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  • David Ambrosetti
    isp/cnrs, Université Paris x, Nanterre, France

La prolifération d’acteurs engagés dans la résolution internationale des conflits armés est une caractéristique bien connue. Teresa Whitfield en présente une illustration documentée à travers cette étude systématique qui porte sur les groupes d’amis et autres groupes informels d’États ou de personnalités, constitués ad hoc dans le sillage des efforts déployés au Secrétariat et/ou au Conseil de sécurité de l’onu pour la résolution des conflits. L’ouvrage vient ainsi s’ajouter à la liste des travaux récents de l’us Institute for Peace, qui vise à nourrir la connaissance pratique et l’intérêt public – en particulier auprès des étudiants aux États-Unis et ailleurs – pour ce domaine d’action internationale. Fidèle à ce credo, Teresa Whitfield écarte les débats théoriques « macro » des relations internationales pour privilégier la restitution narrative – à partir de nombreux entretiens – des enjeux et difficultés concrètes rencontrées par les acteurs face à cette nouvelle pratique. L’introduction de l’ouvrage souligne les caractéristiques majeures de ces microcoalitions, informelles et ad hoc, d’États ou d’organisations qui s’impliquent et apportent leur soutien dans la résolution de conflits et la mise en oeuvre d’accords de paix, et qui ont été créées et reproduites une trentaine de fois à ce jour. Elles répondent à un objectif de « délégation » régionale des enjeux de sécurité collective, source de flexibilité et de coopération, mais aussi d’intérêts nouveaux qui viennent s’imbriquer avec les situations de conflits : les membres de ces groupes trouvent en effet dans leur participation un moyen d’influence régionale à moindre coût. Pour en mesurer les résultats, l’auteure souligne cinq facteurs à prendre en considération : 1) l’environnement régional : en la matière, ces groupes d’amis présentent l’intérêt majeur de permettre un engagement central et prolongé de représentants d’États ou d’organisations qui ne siègent pas au Conseil ; 2) la nature des belligérants eux-mêmes et leurs relations avec le Secrétariat de l’onu et avec les membres de groupes d’amis, en particulier à l’égard de groupes rebelles ou sécessionnistes, qu’il est parfois difficile de traiter sur un pied d’égalité ; 3) la composition de ces groupes ; 4) la question du leadership entre ces groupes, le Secrétariat et les États membres du Conseil de sécurité, qui a tantôt permis de surmonter les conflits d’intérêt entre les différents acteurs en présence, et tantôt aggravé ces conflits ; 5) les différentes phases du conflit dans lesquelles les groupes s’impliquent – dans la recherche d’un accord de paix, dans sa mise en oeuvre ou bien à un stade plus précoce. Le premier chapitre est consacré au contexte qui a conduit les secrétaires généraux de l’onu – et en particulier Javier Pérez de Cuéllar au Salvador – à développer ce mécanisme comme un moyen d’acquérir un rôle propre dans la prévention et la résolution des conflits armés face à une multiplication d’acteurs engagés dans ces « nouvelles » guerres et face aux réticences des membres permanents du Conseil d’accorder trop de poids à l’onu. Teresa Whitfield nous plonge dans ces contradictions diplomatiques à travers six chapitres couvrant chacun un cas d’étude approfondi (Salvador, Guatemala, Haïti, Géorgie/Abkhazie, Sahara occidental, Timor oriental) et un huitième chapitre évoquant plus succinctement les cas récents (Myanmar, Afghanistan, Angola, Chypre, Colombie, Somalie, rdc, Liberia et Sierra Leone, Soudan). Le cas salvadorien (chap. 2) révèle combien la formule du groupe d’amis initiée par Alvaro de Soto (assistant de Pérez de Cuéllar) a permis un climat d’échange et une implication forte des ambassadeurs et même des présidents des quatre États membres du groupe. Une certaine cohésion extérieure a ainsi été atteinte – en dépit des manoeuvres …