Comptes rendus : Environnement

Pettenger, Mary E. (dir.), The Social Construction of Climate Change, Aldershot, Ashgate, 2007, 255 p.[Notice]

  • Olivier Boiral

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  • Olivier Boiral
    Faculté des sciences de l’administration
    Université Laval, Québec

Les débats sur les changements climatiques sont au centre de l’actualité internationale et interpellent de plus en plus les décideurs et les citoyens tout autant que les scientifiques. Alors que la réalité de ces changements et la responsabilité des activités humaines sont étayées par un nombre croissant de données scientifiques, l’interprétation et l’utilisation de ces données sont loin de faire consensus. Le principal objectif de cet ouvrage collectif est de mettre en lumière l’articulation complexe et les paradoxes entre les connaissances, les normes et les politiques publiques sur la question. L’approche constructiviste adoptée considère les changements climatiques d’abord et avant tout comme un phénomène socialement construit et non comme une réalité définie a priori. Ce n’est donc pas ici la réalité ni les impacts des changements climatiques qui intéressent les chercheurs, mais plutôt la façon dont cette réalité est interprétée, transformée, et reconstruite par différents acteurs politiques qui poursuivent souvent des objectifs très différents. Dans le premier chapitre, Mary Pettenger, qui dirige cet ouvrage, s’attache à montrer que l’analyse des débats sur les changements climatiques ne saurait se réduire à la perspective positiviste qui domine largement les débats actuels. Les diverses significations que véhiculent les discours, les normes, et les politiques sur la question constituent, en soi, un objet d’étude la plupart du temps ignoré. Les approches constructivistes permettent de mieux comprendre et critiquer ces significations. Selon l’auteure, l’utilisation du paradigme constructiviste dans les relations internationales peut reposer sur deux perspectives complémentaires. La première est centrée sur l’émergence, l’adoption et la diffusion des normes qui définissent les principales orientations des politiques adoptées. La seconde est centrée sur une analyse plus critique des discours et de la dynamique de pouvoir sous-jacente aux positions de différentes catégories d’acteurs, y compris ceux qui sont marginalisés sur la scène internationale. Les deux principales parties de l’ouvrage s’articulent autour de ces deux approches complémentaires du constructivisme. Ainsi, les chapitres deux à cinq proposent un tour d’horizon de la prise en compte des normes internationales et des donnés scientifiques sur le réchauffement climatique dans les politiques de plusieurs pays riches. Le chapitre deux, rédigé par Loren Cass, propose une analyse comparative des cas des États-Unis, de l’Allemagne, et de l’Angleterre, qui ont adopté des normes et des politiques très différentes. La mise en perspective historique et politique très bien argumentée permet de mieux saisir le cheminement sinueux qu’a suivie la politique américaine jusqu’à la fin de non-recevoir de l’Administration Bush. A contrario, l’Allemagne et l’Angleterre ont mis en place des mesures assez proactives, notamment à la suite du protocole de Kyoto. Ces mesures ont toutefois rarement été adoptées pour des raisons strictement environnementales. Par exemple, en Angleterre, la réduction des gaz à effet de serre a surtout été un prétexte politique pour restructurer le secteur énergétique et remplacer les vieilles centrales à charbon polluantes par des centrales plus économiques et moins énergivores. Le troisième chapitre, rédigé par Mary Pettenger, propose une analyse de la politique sur les changements climatiques des Pays-Bas, un pays qui se veut avant-gardiste en la matière. Le contexte historique et géographique de ce pays, dont la majorité de la population vit dans des régions situées sous le niveau de la mer, explique en partie la volonté de jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre les changements climatiques. Ainsi, ces derniers sont clairement perçus comme des menaces à l’intégrité territoriale et à la sécurité des populations. L’examen des plans nationaux en la matière, notamment à la suite de la publication du rapport Brundtland, permet de mettre en lumière la façon dont les normes internationales ont été peu à …