Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Crocker, Chester A., Fen Osler Hampson et Pamela Aall (dir.), Leashing the Dogs of War. Conflict Management in a Divided World, Washington, dc, United States Institute of Peace Press, 2007, 728 p.[Notice]

  • Richard Garon

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  • Richard Garon
    Programme Paix et sécurité internationales
    hei, Université Laval, Québec

Depuis cinq ans, les études stratégiques connaissent un renouveau sans précédent avec la prolifération d’études et de publications sur les conflits et la guerre. Cette littérature nous rappelle inlassablement que le 11 septembre 2001 a changé le monde dans lequel nous vivons. Cependant, de temps à autre, quelques auteurs offrent un discours différent. Ces propos antithétiques nous soulignent que les mutations ont été progressives et qu’elles s’inscrivent plus dans une tendance amorcée plusieurs années auparavant, que dans un changement drastique. En fait, la transformation majeure s’effectuerait surtout au niveau des perceptions et de la prise de conscience brutale des nouveaux enjeux de sécurité. Cet ouvrage collectif sous la direction de Croker, Hampson et Aall s’inscrit dans la catégorie des oeuvres qui délaissent le sensationnalisme, afin de nous offrir une analyse académique plus posée. Le premier ouvrage de la série, Managing Global Chaos, avait été publié en 1996. Ce livre décrivait le nouvel environnement stratégique et les menaces résultant du nouvel ordre international. Dans l’ensemble, les textes portaient sur la gestion des crises humanitaires et les différents conflits ethniques faisant rage à l’époque. Après cinq ans d’études, une mise à jour fut publiée à la veille du 11 septembre 2001. Ce deuxième ouvrage de la série, Turbulent Peace, proposait alors une vision optimiste de la situation mondiale. La diminution du nombre de conflits et les leçons apprises des différentes opérations d’imposition de la paix permettaient aux auteurs d’entrevoir la mise en place de la stabilité promise par le nouvel ordre international et ce, malgré la vulnérabilité de certaines régions. Ces deux premiers tomes proposent toutefois une image beaucoup plus nuancée que ne le laisse voir cette brève récapitulation, bien qu’en définitive, les titres de ces ouvrages reflètent de manière éloquente l’état d’âme des auteurs face à la conjoncture sécuritaire qu’ils nous décrivent. Le titre de l’ouvrage qui nous concerne évoque clairement un changement drastique comparativement aux précédents. En effet, il apparaît de manière évidente, à travers les différents textes de Leashing the Dogs of War, que les auteurs appréhendent une guerre ouverte et globale, avec toutes ses implications et ses aspects négatifs. Si dans les deux premiers tomes les textes faisaient état de conflits (l’utilisation du mot guerre lui-même était symboliquement et volontairement évité), limités dans leur ampleur et confinés à des repères géographiques lointains (Kosovo, Somalie, etc.), c’est-à-dire ailleurs et là-bas, dans la version de 2007, la guerre est désormais globale et même ici. Malgré ce constat, le ton général de l’ouvrage demeure relativement positif. L’analyse présentée dans l’ensemble constitue un appel à la prise de conscience et propose différentes façons d’atténuer les effets de cette guerre (ou des conflits violents en général). Ainsi, ce tome n’est pas un cri d’alarme et de panique face à l’instabilité de la guerre et il se garde d’être prescriptif. Cet imposant recueil est divisé en six parties. L’introduction offre un survol succinct, mais très représentatif de l’ensemble des contributions. Contrairement aux autres tomes de cette série, cet ouvrage n’offre pas d’examen récapitulatif des théories des relations internationales. Par contre, la deuxième partie dissèque le concept de guerre et en élabore les développements conceptuels les plus récents. Ici, Jack Levy offre une position théorique très claire. Ainsi, pour lui, malgré les nombreux changements survenus en ce qui concerne la technologie et la conduite de la guerre, le fondement et la nature même de la guerre n’ont pas changé. La majorité des auteurs qui contribuent à cet ouvrage appuient plus ou moins l’affirmation suivante : même si l’acteur principal du système international n’est plus nécessairement l’État, et même si la …