Comptes rendus : Théorie, méthode et idées

Battistella, Dario, Théories des relations internationales, Coll. Références, 2e éd. revue et augm., Paris, Presses de Sciences po, 2006, 599 p.[Notice]

  • Yves Laberge

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  • Yves Laberge
    Département de sociologie
    Université Laval

Le professeur Dario Battistella enseigne la science politique à l’iep de Bordeaux ; par ailleurs, il a été à l’occasion professeur invité à l’Université Laval. La première édition de son livre Théories des relations internationales était parue aux Presses de la Fondation de Sciences po en 2003, et cette réédition rapide dans la collection Références ne peut être que bon signe. En outre, l’auteur avait également agi comme coresponsable (avec Marie-Claude Smouts et Pascal Vennesson) du récent Dictionnaire des relations internationales. Approches, concepts, doctrines (Paris, Dalloz, 2e éd., 2006). Nous sommes de ce fait en compagnie d’un auteur d’ouvrages de référence dans le domaine de l’enseignement des relations internationales en langue française. Cette nouvelle édition du livre Théories des relations internationales se subdivise en trois parties et quinze chapitres ; près d’une centaine de pages ont été ajoutées à la précédente édition. La première partie propose trois angles d’approche pour appréhender la discipline des relations internationales : à partir des théories générales en sciences sociales en allant vers les relations internationales ; puis, d’après l’histoire des idées politiques, et enfin selon des perspectives interdisciplinaires. La première partie est particulièrement stimulante, car elle soulève d’entrée de jeu une réflexion essentielle sur les usages de la théorie, dans une discipline où l’épreuve des faits reste absolument déterminante. L’auteur reprend avec subtilité la réflexion toujours actuelle de Raymond Aron dans son article Qu’est-ce qu’une théorie des relations internationales ? (dans Philippe Braillard, Théories des relations internationales, Paris, puf, 1977, pp. 96-109), soulignant le caractère unique de cette discipline où, dit-on, la violence est admise comme étant normale, au sens sociologique du terme. Dario Battistella réussit à plusieurs endroits à articuler les concepts, les paradigmes et les courants au sein de la démarche scientifique, et à en faire ressortir les distinctions, les nuances et les interférences, par exemple dans sa comparaison entre systémisme et individualisme méthodologique. Tout comme dans l’édition précédente, la partie centrale (chap. 4-9) semble la plus intéressante, avec sa présentation systématique de six des principales théories en relations internationales. L’auteur a ainsi retenu : le paradigme réaliste (présenté ici comme étant « le paradigme dominant en relations internationales ») ; la vision libérale (considérée « comme la deuxième approche générale principale en relations internationales ») ; la perspective transnationaliste ; les analyses marxistes ; les approches radicales ; le projet constructiviste. Pour chaque tradition théorique, on revoit en une trentaine de pages des définitions et des exemples pertinents. La dernière section aborde des questions plus précises, touchant principalement la politique étrangère, la sécurité (et le terrorisme) et les rapports entre guerre et paix. Contrairement à la première partie, ces chapitres de la deuxième moitié s’inspirent davantage des recherches récentes effectuées aux États-Unis. La conclusion de la présente édition n’apparaissait pas dans l’édition originale de 2003 et occupe à elle seule une trentaine de pages. Sous le titre Théories et pratique des relations internationales, Dario Battistella formule d’emblée une question fort audacieuse, à savoir : « À quoi bon l’étude théorique des relations internationales ? ». Comme l’explique l’auteur, cette interrogation se justifie par la fréquente incapacité pour la plupart des spécialistes de prédire les événements internationaux, c’est-à-dire d’éviter les conflits, les crises, les problèmes. Plus loin, il évoque successivement des questions plus ou moins récentes comme la chute du mur de Berlin, mais aussi l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003. Enfin, voulant mettre les faits à l’épreuve des théories, l’auteur doit reconnaître la part d’imprévisibilité dans le cours des grands événements marquants, en traitant par exemple du terrorisme mondial et des crises …