Comptes rendus : Développement et coopération internationale

Burnell, Peter et Oliver Morrissey (dir.), Foreign Aid in the New Global Economy, coll. The International Library of Writings on the New Global Economy, Northampton, ma, Edward Elgar Publishing, 2004, xxiv +628 p.[Notice]

  • Joseph Pestieau

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  • Joseph Pestieau
    Professeur retraité, Ottawa

Ce volume rassemble divers articles publiés entre 1970 et 2001 et concernant l’aide publique au développement international. Il n’est pas le premier. On peut citer dans la même veine sous la direction de Finn Tarp, Foreign Aid and Development. Lessons Learnt and Directions for the Future, Londres, Routledge, 2000. En dépit de l’étalement dans le temps des différentes contributions du volume ici recensé et des modes qui ont affecté les discussions sur l’aide au développement, le thème des conditions accompagnant l’aide revient sous plusieurs formes. On pourrait faire de l’ancienneté de certaines contributions un reproche, mais elle permet de souligner la récurrence de ce thème incontournable. Les difficultés de sanctionner le pays qui ne respecte pas les conditions mises à l’aide qu’il reçoit et les efforts en vue de l’associer à la définition de ces conditions ne datent pas d’hier. Les douze premières contributions sont rassemblées sous le titre International Political Economy of Aid. La première, par P. Bauer et B. Yamey (1982), critique toute aide publique parce qu’elle contredirait le « bon » fonctionnement du marché, politiserait l’économie et créerait des dépendances perverses. On commence donc par la plaidoirie de l’avocat du diable. Selon la deuxième, par J.M. Cohen, M.S. Grindle et S.T. Walker (1985), les bailleurs de fonds insistent sur la nécessité de réforme dans les pays qu’ils assistent, mais sans réfléchir suffisamment à la possibilité pratique d’appliquer ces réformes dans le contexte bureaucratique et politique particulier de ces pays. Ils veulent imposer une rationalité économique à des décideurs du tiers-monde contraints par une rationalité différente. La troisième, par P. Burnell (1994), envisage quelques conditions pour qu’un bailleur de fonds puisse exiger une amélioration de la gouvernance dans un pays assisté. D’abord, il faut préciser clairement les objectifs et ne pas en rester à des voeux pieux. Ensuite, les exigences du bailleur de fonds ne seront crédibles que si elles sont mesurées et cohérentes, tiennent compte des particularités du pays et sont acceptées par sa population. Enfin, ces exigences doivent paraître s’inscrire dans une politique cohérente du bailleur de fonds. La quatrième contribution, par B.R. Opeskin (1996), discute du fondement moral de l’aide internationale. S’agit-il de justice distributive ou corrective ? Dans la cinquième, M. Edwards et D. Hulme (1996) traitent de l’impact de l’aide publique sur les ong. La réputation d’efficacité et de légitimité qu’elles ont, est-elle fondée et ne la perdront-elles pas en devenant tributaires de cette aide et en grossissant ? La sixième contribution, par B. Connolly (1996), a pour objet l’aide environnementale et ses difficultés. Les perspectives des bailleurs de fonds ne sont pas celles des pays pauvres et l’aide n’est jamais suffisante pour soutenir l’effort à long terme que requiert une politique environnementale. Il est donc nécessaire que l’aide soit planifiée stratégiquement pour créer une dynamique qui se prolongera au-delà d’elle. T. Carothers (1997), dans la septième contribution, envisage l’aide aux processus de démocratisation. Cette aide prétend imposer des modèles tout faits et occidentaux, sans même réfléchir à l’expérience historique, lente et tâtonnante de l’Occident. Elle ne tient pas suffisamment compte des forces sociales à l’oeuvre dans les pays en voie de développement (pvd) et ne comprend pas que pour démocratiser un pays, il faut s’engager dans les combats politiques propres à ce pays. Cette critique vise particulièrement les interventions américaines, mais l’auteur estime que l’on peut l’adresser à plusieurs bailleurs de fonds. Dans la huitième contribution, T. Killick (1997) montre que l’aide conditionnelle n’est pas efficace pour changer les politiques économiques d’un pays. Elle n’a pas plus d’efficacité que des sanctions internationales et pourrissent le climat entre bailleurs …